150 femmes séquestrées à Tindouf

Le comité de soutien de Maloma, retenue dans les camps de Tindouf.

Le comité de soutien de Maloma, retenue dans les camps de Tindouf. . DR

ChroniqueEn 2014, le cas de Mahyuba révèle publiquement la séquestration des femmes à Tindouf. Cette affaire a fait grand bruit, car les parents adoptifs, des militants pro-Polisario connus, ont fait prévaloir l'amour sur le militantisme, dont leur fille adoptive est le cordon ombilical.

Le 28/04/2016 à 11h06

Selon une des fondatrices de la plateforme Free Mahyuba, 150 cas de filles retenues contre leur volonté dans le désert algérien ont été recensés. Ayant bénéficié du programme Vacaciones en Paz, ces filles ont grandi dans des familles adoptives espagnoles. Chaque année ce programme permet à des milliers d´enfants d’échapper à un désert inhospitalier pour profiter durant quelques jours du bien-être occidental.

Ces filles n´ont pas choisi de faire partie d´un programme impudiquement idéologique, les amenant à intégrer une nouvelle vie, gênant les valeurs patriarcales de leur famille biologique qui dans certains cas pratiquent encore des comportements esclavagistes. De ces 150 filles, l´opinion publique connaît la rétention de quelques-unes d’entre elles: Maloma, Toufa, Hurria, Hakima, Naima, Koria, Daya, Nahjiba.

Sans aucun soutien des ONG de défense des droits de l´Homme connues, la dernière action en faveur de la jeune espagnole d´origine sahraouie, Maloma, résidente à Séville avec son mari, a été instrumentalisée par le Polisario pendant la visite de Ban-Ki-moon. Sa libération ne s´est toujours pas concrétisée. Il est évident que la mobilisation contre la violation de la liberté de ces personnes est encore très timide, car le Polisario reste encore intouchable pour une partie de la société. 

Pour des milliers de familles, le penchant pour les thèses séparatistes est alimenté par l’attachement affectif que ces filles (et garçons) génèrent dans leurs familles d’accueil. L’histoire d´amour de ces parents est sincère. Ils ont fait de leur vie un don sans limites aux enfants et au sécessionnisme, considérant l’apologie de ce dernier comme le prolongement de l’affection pour leurs enfants.

L’histoire de ces filles est une profonde catastrophe sentimentale pour elles et pour les parents adoptifs et biologiques. Elle est le récit pervers d´une manipulation affective à grande échelle. Les acteurs –enfants, pères adoptifs et biologiques, Polisario, ONG, Algérie, pays d´accueil…- font partie d´un jeu asymétrique où les victimes sont ces filles. Devenues adultes après leur intense instrumentalisation, elles sont jetées aux griffes des aberrations d´une affaire, humainement néfaste.

Pour le Polisario, elles sont une monnaie de propagande politique et de rentrée de devises. Pour les ONG, «un dossier «humanitaire». Elles expriment ainsi le sentiment charitable et engagé des parents adoptifs, qui les amènent à une émotion manichéenne, transformant le Polisario en victime faible par sa bonté qui fait face à un ogre sacrificateur, le royaume du Maroc. 

Confinés dans le désert, les parents biologiques, extrêmement conservateurs, vivent une situation de grande confusion. Ils ne savent plus à quoi s’en tenir face aux multiples jeux tendancieux de leurs dirigeants politiques. Sans oublier les aspirations légitimes de ces jeunes femmes qui ont acquis une culture et une identité légale nouvelles.

En toile de fond, une Algérie méprisant l´avenir, bloquant son développement et celui de son entourage. En tirant les ficelles de l’embrouille qu’elle a créée au Sahara avec l’aide des dirigeants du Polisario, elle opte pour la léthargie de la région, au nom de valeurs caduques.

Le monde change, mais le pouvoir algérien semble avoir décidé de pérenniser sa nature, se plaçant comme un clou malveillant dans les pieds de l’Algérie, du Maroc, de la région entière. Un clou, enfin, enfoncé dans l´avenir et la dignité de Maloma, Mahyuba, Koria… Le modèle de démocratie qu’une certaine intelligentsia mondiale a collé à la peau du Front Polisario, fuit et l'eau se répand partout, mais personne ne semble le voir. 

Par El Arbi El Harti
Le 28/04/2016 à 11h06