Anuar Brahem, le compositeur qui a révolutionné l’Oud!

D.R.

Un son qui en appelle aux sens, tout en délicatesse, l’oud d’Anuar brahem n’a rien d’égal. Il a donné son concert ce soir lundi 20 avril dans le cadre de la 10ème édition du Festival Jazzablanca. Le public, au rendez-vous, a vécu une escapade enchanteresse.

Le 21/04/2015 à 07h38

Par la finesse et la précision des notes, on se retrouve emportés vers une rêverie, une virée dans un univers inconnu où s’enchainent silence, maîtrise et grand art du grand Maitre incontestable.

Son parcours est des plus impressionnants. Encouragé par son père mélomane, il a débuté son initiation à l’oud dès ses 10 ans. Il a intégré le Conservatoire National à Tunis. Pendant presque 10 ans, il a étudié avec le maître Ali Sitri. A 15 ans, il a commencé à jouer avec des groupes locaux. Sa concentration fut d’abord envers le répertoire arabe classique, ce qui ne l’a pas empêché d’incorporer peu à peu des rythmes de jazz. En 1981, Anuar Brahem s’en va à Paris et fait parler de lui lors de nombreux festivals. Il a composé des musiques pour plusieurs films et pièces de théâtre, réinventant à chaque fois son art, pour : «Sabots en Or », «Bezness» «Halfouine», «Le Silence Du Palais» ou encore «Thalassa Mare Nostrum », collaboration avec Maurice Béjart, et celle avec Gabriel Yared pour «Hanna K», le film de Costa Gavras.

En 1985, il retourne à Tunis. Invité au festival de Carthage, il réunit dans «Liqua 85» des grands noms de la musique tunisienne, turque et du jazz français comme Abdelwaheb Berbech, les frères Erkose, François Jeanneau, Jean-Paul Celsea, François Couturier. A seulement 28 ans, il se voit décerné le Grand Prix National de la Musique. En 1990, après une tournée aux Etats-Unis et au Canada, il signe avec Manfred Eicher, producteur du label allemand ECM. Son album «Barzakh» sorti en 1991 a été enregistré avec les musiciens turcs Bechir Selmi et Lassad Hosni. Son deuxième opus s’intitule «Conte de L’incroyable Amour» (1992), il a été réalisé avec le clarinettiste Barbaros Erköse. En 1994, c’est l’album «Madar » avec le saxophoniste norvégien Jan Garbarek et le joueur de tabla pakistanais Saukat Huassan. Son 4ème album «Khomsa» sorti en 1995 a été interprété par l’accordéoniste Richard Galliano et le violoniste Bechir Selmi. Son 5ème album sort en 1998, collaboration avec John Surman et le bassiste Dave Holland.

«Astakan Cafe» est son 6ème album en 10 ans pour le label allemand. «Les Pas Du Chat Noir» est bouclé en 2002. En 2003, il remporte le Charmediterranéen grâce à sa collaboration avec l’Orchestre National de Jazz. Anuar Brahem prit le temps d’écrire juste après. Il revient en 2007 avec «Le voyage de Sahar » accompagné du pianiste François Couturier et de l’accordéoniste Jean-Louis Matinier. Trois ans plus tard, c’est «The Astounding Eyes of Rita» qui sort. En 2011, profondément touché par le printemps arabe et les perturbations politiques de son pays, il entame l'écriture. Il entre en studio en 2014. Et c’est avec Gesing, Meyer, Couturier et aussi l’orchestra Della Svizzera Italianna dirigé par Pietro Maniti. Le double album, fruit de cette communion est « Souvenance » et il est sorti ce printemps 2015.

Par Ghizlaine Badri
Le 21/04/2015 à 07h38