SIEL 2018: le bilan

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La 24e édition du Salon international de l'édition et du livre de Casablanca a pris fin hier, dimanche 18 février. Le ministère de la Culture annonce une augmentation de 50% du nombre de visiteurs. Les éditeurs trouvent ce taux un peu exagéré. Les explications.

Le 19/02/2018 à 14h03

Le Salon international de l’édition et du livre de Casablanca (SIEL) a fermé ses portes hier dimanche 18 février. Après dix jours d’activité, sa 24e édition aurait attiré 520.000 visiteurs, soit une augmentation de 50,7% par rapport à l’année dernière.

C’est ce que rapporte le ministère de la Culture dans un communiqué. Cette année, il y a eu une forte affluence de visiteurs, surtout des enfants, et c’était visible à l’œil nu. Mais le taux de 50% d’augmentation est remis en question par plusieurs éditeurs. «Cette année, il y a eu beaucoup plus de monde, c’est sûr, mais de là à parler de 50% d’augmentation, c’est un peu exagéré, à mon humble avis», confie un éditeur qui a souhaité garder l’anonymat.

La même source précise que cette augmentation importante des visiteurs est sans doute due à l’augmentation du quota des scolaires. Chaque jour et toute la journée, les élèves des écoles privées étaient acheminés par autocars jusqu’à la Foire internationale de Casablanca, quartier général du SIEL. «Nous aimons bien les enfants, ce sont eux les lecteurs de demain, mais vous savez, ils ont un budget qui ne dépasse pas 30 dirhams… Et puis, il faut savoir que ceux qui profitent de la présence des enfants sont surtout les libraires-éditeurs, qui n’hésitent pas à meubler leur stand de gadgets, de livres de coloriages, et même de jouets. Le livre est en fait…presque oublié», souligne notre source.

L’éditrice Nadia Essalmi, des éditions Yomad, spécialiste de la littérature jeunesse remarque également cette forte présence des enfants. «C’est une bonne chose bien sûr, mais pas de cette manière. Je vous laisse constater que dans le pavillon enfants du ministère de la Culture, il n’y avait aucun écrivain, aucune activité autour du livre, des acteurs, des comédiens, mais aucun auteur. C’est à se demander: est-ce un salon du théâtre? Il est où le livre dans tout ça?»

Nadia Essalmi regrette également tout le brouhaha causé par des haut-parleurs installés dans presque tous les stands. «Pas besoin d’installer des haut-parleurs, c’est vraiment désagréable», remarque l’éditrice

Côté chiffres, il est à rappeler que la 24e édition du SIEL a connu la participation de plus de 700 exposants directs et indirects représentant 45 pays, et qui ont exposé plus de 125.000 titres, dont 52% ont été édités lors des trois dernières années, fait valoir le communiqué du département de Mohamed Laâraj.

Les titres exposés ont couvert une grande variété de champs et de domaines, la littérature ayant accaparée une part de 21%, les livres pour enfants 16%, les sciences sociales 15%, et les religions 9%, vient rappeler le communiqué 

Le nombre d'activités organisées dans le cadre du programme culturel s’est porté à 791, entre séminaires, rencontres et cérémonies de signature.

Concernant le chiffre des ventes réalisées par les exposants du SIEL, ils ne sont pas communiqués. Aucun éditeur n’accepte de rapporter précisément son chiffre d’affaires réalisé durant les dix jours du salon.

Ceci alors que depuis deux ans, ils sont tenus par un cahier des charges qui stipule leur obligation à communiquer quotidiennement leurs ventes aux organisateurs. Mais selon une source au ministère de la Culture, aucun des exposants -Marocains ou étrangers- ne respecte cet engagement.

Par Qods Chabaa
Le 19/02/2018 à 14h03