Banques participatives: un démarrage en douceur

Succursale de Bank Al-Maghrib, avenue Hassan II, à Casablanca. 

Succursale de Bank Al-Maghrib, avenue Hassan II, à Casablanca.  . Le360 : Adil Gadrouz

Cela fait trois jours que les premières banques participatives ont démarré leur activité. Le bilan des ouvertures de comptes sur cette période laisse présager de l'optimisme. Cependant, ce n'est qu'après la prochaine rentrée, voir la fin de l'année, que l'on pourrait réellement jauger l'engouement.

Le 29/07/2017 à 10h12

En 3 jours et sur 3 agences, une centaine de comptes ont déjà été ouverts. C’est là le premier bilan de la banque participative du groupe CIH, Umnia bank. Selon son top management, sur les milliers de clients reçus depuis l’ouverture des agences en mai dernier, une centaine dispose déjà d’un compte, ce qui est de bonne augure pour la suite.

Il faut dire que le démarrage réel de l’activité de deux banques participatives mercredi dernier, à savoir Umnia bank et Bank Assafa, est suivi de près afin de jauger l’engouement pour ces nouveaux services. En attendant de connaître les réalisations de la filiale d’Attijariwafa bank, qui a démarré avec pas moins d’une vingtaine d’agences, force est de reconnaître que le score d’Umnia bank a de quoi laisser optimiste. Une moyenne de plus d’une dizaine de comptes ouverts par agence et par jour est une performance plutôt louable. Cependant, il y a lieu de souligner aussi que l’activité de ces banques ne peut encore atteindre sa vitesse de croisière, et ce pour plusieurs raisons.

A l’exception des ouvertures de comptes et les services qui y sont adossés (dépôt, retrait, carte bancaire, chéquier…), les banques ayant déjà ouvert leurs portes ont une panoplie de services très réduite à proposer à leur client, vu qu’elles ne peuvent encore octroyer des financements. Et la labélisation par le Conseil supérieur des Oulémas des contrats type Mourabaha immobilier ne suffira pas pour résoudre cela. En effet, il reste encore à régler la problématique de l’assurance souscrite avec ce genre de crédit. Dans la réglementation en vigueur, il est obligatoire d’accompagner ces contrats de financement par une couverture respectant les principes de la Chariaa. Le lancement de l’assurance Takaful ne devrait intervenir que dans quelques mois. D’ici là, pour conclure les premiers contrats de financement, il faudrait donc que les banques participatives trouvent une parade à l’assurance, chose qui ne semble pas évidente.

Ensuite, il y a tout l’écosystème lié à la finance participative qu’il faudra compléter, particulièrement les volets liés à la fiscalité et au refinancement. Sur ce dernier point, le gouverneur de la banque centrale avait annoncé, en juin dernier, que l’émission des Sukuks est prévue pour septembre prochain. Mais pour le reste, il faudra encore du temps. C’est d’ailleurs ce qui pourrait expliquer qu’à l’exception d’Umnia bank et Bank Assafa, les autres banques semblent prendre tout leur temps avant l’ouverture de leurs premières agences.

C’est dire que si la date du mercredi 26 juillet acte le démarrage de l’activité des banques participatives au Maroc, ce n’est, au mieux, que vers la fin de l’année en cours que ces banques seront totalement opérationnelles.

Par Younès Tantaoui
Le 29/07/2017 à 10h12