Chômage. La Banque Mondiale s’attaque aux grandes entreprises

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Revue de presseKiosque360. La Banque Mondiale vient de publier un rapport relatif à l’emploi dans la région MENA. Elle tacle les avantages accordés aux entreprises en relations avec les pouvoirs publics comme étant source de chômage.

Le 02/02/2015 à 00h14

Dans un récent rapport, la banque mondiale s'est intéressé au marché d'emplois dans les pays de la région MENA. L’instance internationale, estime que le système liant les entreprises directement ou indirectement aux pouvoirs publics est voué à l'échec. Autrement dit, il n'est pas créateur d'emploi. Un constat réalisé grâce aux observations faites en Égypte en Tunisie, où les données ont pu valider les hypothèses de l'étude. Selon l'Economiste du 2 février, ces conclusions peuvent être dupliquées dans d'autres pays de la région dont le Maroc.

L'une des premières révélations de ce rapport: les jeunes entreprises et les start-up en particulier créent plus d'emploi que les autres. Un constat partagé par le président de la commission emploi du patronat, Jamal Belahrach. Ce dernier, cité par le quotidien, estime que les politiques publiques n'accordent pas autant d'importance à cette vérité. En effet, sur les 176.000 entreprises marocaines, seules 6.500 emploient plus de 50 salariés. Autrement dit, c'est les PME et TPE qui font travailler le plus de monde. Cependant, le rôle de ces entreprises dans la création de l'emploi, n'est pas encore une évidence dans d'autres pays, même les plus développés. D'ailleurs, les privilèges accordés aux entreprises liées aux pouvoirs publics ne font que détruire de l'emploi. Ces entreprises, sont souvent protégées, soit par des subventions publiques ou par des barrières non tarifaires. C'est ainsi que, les petites entreprises se trouvent incapables de créer de l'emploi vu les avantages concurrentiels offerts aux grandes entreprises. Outre la limitation de la création d'emplois, ces pratiques participent aussi à réduire la durée de vie des PME.

Selon la publication, les PME du secteur manufacturier emploient 42 à 72 % des salariés et 50 % des employés se trouvent dans les structures de moins de 16 salariés. En plus de cela, la création d'entreprises est pénalisée: sur 1.000 sociétés, une seule réussit à survivre. Privant ainsi le pays d'un énorme potentiel de création de valeur ajoutée et d'emploi... En conséquence, le taux de chômage au Maroc qui atteint 10% touche particulièrement les jeunes. En effet, les deux tiers des demandes d’emplois et la 50% des chômeurs font partie de la catégorie des 15-29 ans. Le milieu urbain, considéré comme étant le baromètre, est le plus touché: il regroupe 80% des demandeurs d’emploi, dont 25% de diplômés.

Dans ce sens, Jean-Pierre Chauffour, l’économiste en chef de la Banque Mondiale pour la région MENA, propose de s’attarder sur la durée du chômage structurel. Ainsi, selon lui, en supposant que le taux de chômage est de 10% et si on présume que le plein-emploi se situe à 4% le chômage structurel serait de 6%, dû principalement à l’inadéquation entre l’offre et la demande. Ajoutez à cela, l’informel qui est devenu un résultat face à la lourdeur des charges sociales. La Banque Mondiale, comme à son habitude, nous donne des leçons quant à la lutte contre le chômage. Selon elle, il faut installer plus de concurrence, reformer le système éducatif, réduire le cout du travail et des licenciements. Au cas où le Maroc réussit à baisser ce taux, on le ressentira au niveau de la croissance et de la productivité des entreprises, conclut le quotidien.

Par Karim Belmoudden
Le 02/02/2015 à 00h14