Comment l’Algérie tente, vainement, de freiner le succès phénoménal du port Tanger Med

Des grues à conteneurs au Terminal 1 du port Tanger Med.. AFP or licensors

Dans un nouvel excès de haine à l’égard du Royaume, l’Algérie a ordonné à son système bancaire de censurer les flux commerciaux transbordant ou transitant par les ports marocains. Alors que certains voient dans ce nouvel acte hostile une riposte maladroite à l’initiative royale pour l’accès des pays du Sahel à l’Atlantique, son impact sur le port Tanger Med sera sans aucun doute très limité, voire insignifiant.

Le 13/01/2024 à 11h06

«Nous avons l’honneur de vous informer que dans le cadre des opérations de commerce extérieur, il a été décidé de refuser toute opération de domiciliation pour les contrats de transport qui prévoient le transbordement/transit par les ports marocains», lit-on dans un courrier de l’Association professionnelle algérienne des banques et des établissements financiers (ABEF), datée du 10 janvier 2024.

Désormais, avant toute domiciliation, les banques algériennes seront tenues de vérifier la provenance des marchandises et de s’assurer auprès des opérateurs économiques que le transbordement ou transit n’intervient pas par les ports marocains.

Remarquons d’abord que cette décision a été actée le jour même de la tenue de la réunion du Haut conseil de sécurité algérien, en présence du président Abdelmadjid Tebboune et du chef d’état-major de l’armée, le général Saïd Chengriha.

Notons aussi que le régime militaire algérien n’en est pas à son premier geste d’hostilité à l’égard des intérêts économiques du Royaume. En juillet 2022, dépitée par le soutien de Madrid au plan marocain de l’autonomie du Sahara, l’Algérie s’était servie de la même association, à savoir l’ABEF, pour bloquer les échanges avec l’Espagne.

Citons également la fameuse directive de Tebboune, datée de mai 2021, interdisant aux administrations et aux entreprises algériennes de signer des contrats avec des sociétés d’«entités hostiles à l’Algérie», sur laquelle le Maroc était cité nommément. Quatre mois plus tard, ledit Haut conseil de sécurité avait décidé la fermeture de l’espace aérien algérien à tous les avions civils et militaires marocains. Puis, fin octobre de la même année, Tebboune avait pensé plonger dans le noir les villes marocaines en ordonnant une rupture unilatérale du contrat du gazoduc Maghreb-Europe.

Aujourd’hui, en demandant aux banques de ne plus domicilier les contrats des importations transitant par les ports marocains, l’Algérie apporte une preuve supplémentaire de sa haine pathologique contre le Maroc et de son positionnement dans un monde archaïque. Pas besoin d’être un expert en supply chain pour comprendre que Tanger Med, premier port de transbordement de conteneurs en Méditerranée, est visé et ciblé par la nouvelle directive de l’ABEF. Le succès planétaire de ce bijou infrastructurel voulu, construit et développé sous le règne du roi Mohammed VI, classé cette année dans le top 5 des ports les plus performants au monde, attise la jalousie et la haine de l’Algérie.

Tous les responsables et experts interrogés par Le360 à ce sujet s’accordent à dire que l’impact de cette mesure sera très limité, voire insignifiant, au vu du volume dérisoire des flux transitant par Tanger Med avant de rejoindre leur destination finale en Algérie.

Un surcoût pour les importateurs algériens

Certains n’ont pas manqué de relever le flou qu’entretient la directive de l’ABEF en utilisant l’expression «transbordement/transit», qui cache en réalité les visées malsaines du régime algérien. En effet, quand il s’agit de «transbordement», sont concernés les conteneurs qui changent de navire (déchargés puis rechargés) dans un port marocain avant de rejoindre l’Algérie. Dans ce cas de figure, seul le port Tanger Med serait ciblé par la censure algérienne.

En revanche, quand il s’agit de «transit», il suffit que le bateau transportant la marchandise fasse escale dans un port marocain pour que celui-ci tombe sous le coup de l’interdiction algérienne (sans avoir besoin de changer de navire). À titre d’exemple, un navire en provenance du Brésil, qui touche consécutivement les ports de Casablanca et d’Alger, serait ainsi directement concerné. L’on se demande aussi si l’interdiction va toucher les exportations marocaines qui, en l’absence de liaisons maritimes directes entre les deux pays, vont atteindre l’Algérie en transitant par des ports tiers, principalement européens, notamment celui de Marseille. Là encore, l’impact sera très faible au vu du volume dérisoire des échanges commerciaux entre les deux pays, qui n’ont pas cessé de baisser ces dernières années. Selon nos informations, en 2023, le port de Casablanca a recensé seulement une vingtaine d’escales de navires en provenance de l’Algérie.

Une chose est sûre, la nouvelle mesure de l’ABEF va surtout compliquer la vie des importateurs algériens, qui vont devoir demander à leurs fournisseurs d’éviter les navires transitant par les ports marocains. C’est à se demander si les compagnies maritimes vont accepter qu’on leur impose un port de transbordement autre que Tanger Med, ce qui est contraire à la logique économique. «Cette nouvelle décision algérienne va augmenter significativement le coût du fret maritime à destination de l’Algérie, qui est déjà parmi les plus élevés dans la Méditerranée», prédit le média spécialisé Maritime News, ajoutant que «le bâton avec lequel l’Algérie voudrait frapper le Maroc va au final se retourner contre elle».

Par Wadie El Mouden
Le 13/01/2024 à 11h06