Electronics ban: les classes affaires risquent de souffrir

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L'interdiction par Washington et Londres d'embarquer en cabine tablettes et ordinateurs sur certains vols risque de peser sur la rentabilité des transporteurs visés et notamment les lucratives classes affaires des compagnies du Golfe, estiment des experts interrogés par l'AFP.

Le 23/03/2017 à 15h13

Washington a décidé d'interdire tous les appareils électroniques plus gros qu'un téléphone portable en cabine pour les vols directs entre les Etats-Unis et sept pays arabes ainsi que la Turquie. La Grande-Bretagne a pris la même décision pour cinq pays du Proche-Orient et du Maghreb, et la Turquie.

"Il est inhabituel d'avoir une mesure de sûreté qui est sélective géographiquement", souligne à l'AFP Bertrand Mouly-Aigrot, associé au cabinet Archery Strategy Consulting.

Et l'"un des effets induits probables c'est que certains voyageurs se tournent vers d'autres compagnies" pour se rendre aux Etats-Unis mais "si menace il y a, elle pourrait se reporter sur d'autres vols avec correspondance", estime-t-il.

Au-delà du risque de perdre des passagers et d'une satisfaction client entamée, les compagnies visées vont devoir supporter des coûts plus élevés de traitement des bagages, selon les experts.

Une cinquantaine de vols quotidiens de neuf compagnies aériennes sont affectés par la décision américaine (Royal Jordanian, EgyptAir, Turkish Airlines, Saudi Airlines, Kuwait Airways, Royal Air Maroc, Qatar Airways, Emirates et Etihad Airways). La décision britannique concerne 14 compagnies: British Airways, EasyJet, Jet2.com, Monarch, Thomas Cook, Thomson, Turkish Airlines, Pegasus Airways, Atlas-Global Airlines, Middle East Airlines, Egyptair, Royal Jordanian, Tunis Air et Saudia.

Les lignes qui desservent Washington depuis les pays du Golfe transportent beaucoup d'hommes d'affaires qui ne voyagent souvent qu'avec un bagage cabine et utilisent le temps de vol pour faire avancer leurs dossiers.

Et "le remplissage de la classe affaires fait la rentabilité d'un vol long courrier", souligne M. Mouly-Aigrot.

Le temps d'attente supplémentaire du bagage mis en soute, cumulé à la frustration de ne pas pouvoir travailler à bord, dans des avions souvent connectés au wifi, risque de provoquer la grogne de ces passagers à haute valeur ajoutée.

"Pouvoir travailler à bord de l'avion avec son ordinateur est aujourd'hui considéré comme un standard. Il y a un risque important de perte de passagers", abonde auprès de l'AFP Didier Brechemier, expert en transport aérien au cabinet de conseil Roland-Berger.

Sans compter un éventuel manque à gagner pour les commerces des aéroports - les temps d'attente inévitablement allongés laissant moins d'espace au shopping - et les compensations à verser pour les équipements électroniques perdus, cassés ou volés après leur passage en soute, souligne pour sa part Ben Vogel de l'IHS Jane's Airport Review.

Le placement en soute des ordinateurs portables, tablettes, consoles de jeux, liseuses, lecteurs de DVD, appareils photos, etc, motivé par un risque d'attentat, doit en théorie permettre de passer au crible ces objets soupçonnés de pouvoir abriter des explosifs avec des équipements de pointe.

Le 23/03/2017 à 15h13