Horodateurs à Casablanca: de nombreuses anomalies relevées par la Cour des comptes

Brahim Taougar le360

La Cour déplore qu'il n'y a pas eu d'autres alternatives que le sabot pour gérer les infractions et pointe également du doigt la manière avec laquelle les marchés ont été accordés.

Le 30/03/2016 à 10h51

La Cour des comptes n’a pas été vraiment tendre avec les autorités de la ville de Casablanca en matière de gestion du stationnement payant. Dans son rapport au titre de l’année 2014, la Cour a en effet relevé un grand nombre d’insuffisances, notamment dans l’octroi des marchés de gestion déléguée de ce service.

Ces insuffisances traitent, dans un premier temps, de la manière avec laquelle la concession a été accordée à deux sociétés, en l’occurrence Casa Parking dans la zone des Roches noires (dont la dernière prolongation de contrat est arrivée à échéance en 2015), et PAG Parking dans la zone de Sidi Belyout.

«Il a été constaté la délégation de la gestion du service du stationnement payant à l’une des deux sociétés (ndlr : Casa Parking), sans recours à la concurrence, en plus de l’allongement excessif de la durée du contrat», notent d’emblée les magistrats de la Cour. En effet, il n’y a pas eu d’appel d’offres pour l’attribution de ce marché en 1993. De plus, quand le contrat initial a été échu en 2008, il a bénéficié de plusieurs prolongations que la Cour qualifie d’excessives.

Zones d’ombresConcernant la deuxième société, là encore le processus d’attribution du marché est entaché de zones d’ombres. Non seulement la cour relève que la délégation a été faite en l’absence de critères prédéfinis pour l’appréciation objective des offres, mais la publication des avis d’appel d’offres a également été faite dans des journaux à faible diffusion internationale.

A travers ces démarches, cherchait-on à favoriser les deux sociétés ayant obtenu la concession ? La Cour ne se prononce pas sur le sujet, bien que tout porte à croire que cela a été vraiment le cas.

Des recettes qui disparaissentPar ailleurs, le rapport en question soulève plusieurs autres problématiques qui ont trait au stationnement à péage. Le premier concerne le matériel installé par les délégataires, principalement les horodateurs. Il a été constaté en effet l'insuffisance du nombre de machines installées, comparativement à ce qui est prévu initialement dans les contrats, sans parler de leur maintenance, ni d’ailleurs même les recettes qu’elles génèrent, qui ne bénéficient d’aucune traçabilité.

Pour ce qui est du sabot, la Cour des comptes semble donner raison aux citoyens qui se plaignent de l’usage illégal de ce moyen de «sanction». Pour la Cour, il était possible d’exploiter d’autres alternatives pour faire face aux infractions.

Autorisations pas très nettesC’est dire que le rapport vient jeter un pavé dans la marre. Surtout que hormis le stationnement à péage, il relève également des anomalies au niveau des autorisations de gestion de parkings ou d’aires de stationnement. Dans plusieurs cas, il a été en effet constaté qu’un nombre restreint de sociétés, dont plusieurs ont des activités qui n’ont rien à avoir avec la gestion du stationnement, bénéficient du plus grand nombre d’autorisations.

Il est vrai que la ville de Casablanca est en train de revoir complètement la manière avec laquelle les services de stationnement sont gérés, via notamment l’activation de Casa Développement, SDL créée en 2008 pour gérer ce volet mais qui est restée inactive jusqu’en 2015. Cependant, l’importance des anomalies relevées par la Cour des comptes sur la période passée ne mérite-t-elle pas des explications de la part des personnes et des sociétés pointées dans le rapport ?

Par Younès Tantaoui
Le 30/03/2016 à 10h51