Immobilier: vers une hausse des ventes et une stagnation des prix en 2024

L'aide directe au logement mise en place par le gouvernement devrait booster les ventes en 2024. (Photo d'illustration). DMYTRO SHEREMETA

Les ventes de biens immobiliers devraient connaître une hausse cette année, alors que les prix ne devraient pas augmenter. Explications, avec Zineb Bouayad, directrice générale du site d’intermédiation immobilière Mubawab Maroc.

Le 25/03/2024 à 14h59

Le marché de l’immobilier, qui avait retrouvé un certain dynamisme en 2023, devrait rester sur sa tendance haussière cette année en termes de ventes, mais les prix ne devraient pas connaître d’augmentation ni de baisse. C’est ce qui ressort de l’analyse de Zineb Bouayad, directrice générale du site d’intermédiation immobilière Mubawab Maroc, interrogée par Le360.

Notre interlocutrice attribue la progression du volume de transactions à la continuité de l’effet «marque Maroc», qui s’est renforcée avec la reconnaissance du Sahara marocain par les États-Unis, la belle performance des Lions de l’Atlas au Mondial du Qatar, puis par l’annonce de l’organisation conjointe de la Coupe du monde 2030.

De quoi «attirer des investisseurs internationaux, mais également doper la confiance des Marocains en interne». Plus concrètement, le marché de l’immobilier profitera également de l’aide au logement mise en place par le gouvernement, qui va permettre à davantage de ménages d’acquérir des biens immobiliers.

L’effet «aide directe au logement»

«Cette aide va clairement dynamiser le marché là où la demande est la plus importante. Le logement moyen standing était le grand laissé pour compte des aides de l’État. Cette nouvelle aide est très bénéfique pour les acheteurs, mais aussi pour les promoteurs qui vont pouvoir adapter leurs offres à ce besoin», souligne-t-elle. En fait, développe-t-elle, «le gros de la demande qui ne trouve toujours pas « preneur » se situe dans les logements aux prix allant de 140.000 à 250.000 dirhams, et ces derniers bénéficient désormais d’une aide considérable accordée par l’État».

De ce fait, insiste-t-elle, l’ingéniosité dont les promoteurs ont fait preuve dans le haut standing doit se déployer à présent sur les logements entre 140.000 dirhams et 700.000 dirhams «car l’État a fait son devoir pour dynamiser le secteur».

Les prémices de la réussite de ce dispositif sont déjà perceptibles. En effet, rappelle Zineb Bouayad, cette aide a connu un «engouement spectaculaire», avec plus de 50.000 demandes en six semaines après son lancement. Par conséquent, «nous prévoyons une belle année pour les actifs résidentiels de moins de 700.000 dirhams», conclut-elle, ajoutant que cette dynamique concernera également les biens orientés vers le secteur de l’hôtellerie.

Des prix en stagnation

S’agissant des prix, estime-t-elle, ils ne devraient pas augmenter et continueraient de stagner, avec une croissance ou une décroissance sous les 1%, «car les nouvelles aides directes au logement sont orientées vers les biens dont le prix est en dessous des 700.000 dirhams», explique-t-elle.

Et comment se comportera le marché dans les grandes villes cette année? «Les grandes villes resteront sur leurs croissances, car elles continuent d’attirer de plus en plus de monde, avec une mention spéciale pour Tanger et Marrakech qui sont les premières bénéficiaires de l’annonce du Mondial, en plus du développement de l’activité industrielle», estime la directrice de Mubawab Maroc. Casablanca et Rabat, ajoute-t-elle, «restent des valeurs sûres en termes de volume de transactions pour leur taille et leur dynamisme économique». Seule Fès reste sur «une note bien plus calme» en comparaison avec les autres grandes villes du Royaume.

L’année 2023 a fait mieux que le «pré-Covid»

La bonne forme prévue cette année pour le marché de l’immobilier serait ainsi le prolongement de l’évolution observée en 2023. Selon l’indice des prix des actifs immobiliers, élaboré par Bank Al-Maghrib et l’Agence nationale de la conservation foncière du cadastre et de la cartographie, le marché de l’immobilier a renoué avec la hausse en 2023, aussi bien pour les ventes (+5,1%) que pour les prix (+0,6%), après avoir subi une sérieuse baisse des ventes (-15,4%) et des prix (-0,7%) en 2022.

Qu’est-ce qui explique cette reprise? «Nous sommes toujours dans une analyse post-Covid sur ce sujet», indique Zineb Bouayad. En effet, explique-t-elle, si le marché a affiché une baisse en 2022, c’est parce que sa performance était comparée à celle de 2021, qui a été une année «historiquement élevée» pour la vente des biens immobiliers au Maroc.

Pour 2023, la tendance haussière est même plus importante qu’en 2019, en pré-Covid, note notre interlocutrice. Une performance attribuée principalement à une demande qui reste toujours très forte et qui continue de booster les ventes et aux facteurs précités pour expliquer les prévisions optimistes pour 2024.

Par Lahcen Oudoud
Le 25/03/2024 à 14h59