Inde, un marché de plus de 1,3 milliard de consommateurs à conquérir

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L'ASMEX (Association marocaine des exportateurs) lorgne sur le marché indien. Un marché presque vierge pour les exportations marocaines si on exclut les phosphates et dérivés. C’est dire que les opportunités d’affaires sont importantes. Un mémorandum d’entente a été signé pour baliser le terrain.

Le 06/11/2015 à 20h10

L’Inde, c’est plus de 1,3 milliard de consommateurs, soit un peu plus de la population totale du continent africain. C’est dire que l’Inde est un pays qui offre d’importantes opportunités pour les exportateurs marocains. Malheureusement, les échanges entre les deux pays sont encore en deçà des importantes potentialités.

Ainsi, en 2014, les échanges se sont établis à seulement 11,52 milliards de dirhams. Seul bémol, comme le souligne à juste titre, Hassan Sentissi El Idrissi, président de l’ASMEX, «L'Inde est la seule grande économie avec laquelle le Maroc a une balance commerciale structurellement excédentaire». En 2014, cet excédent ressortait 3 milliards de dirhams. Toutefois, celui-ci cache certaines réalités. En effet, les exportations marocaines vers l’Inde restent totalement dominées par les phosphates et dérivés. Sur un total de 7,27 milliards de dirhams, les phosphates et acides phosphoriques représentaient 6,88 milliards de dirhams, soit 95% de la valeur des exportations marocaines vers l’Inde. C’est dire l’étroitesse de l’offre de produits exportés vers le second pays le plus peuplé au monde après la Chine. En dehors des phosphates et dérivés, le reste des exportations est essentiellement constitué de ferrailles diverses - débris de cuivre, fer, fonte, déchets, etc. - (229,14 MDH), de plomb et d’ouvrages en plomb (34,61 MDH), plantes et parties de plantes (24,09 MDH), laine et poils (11,11 MDH), déchets de matières textiles (13,47 MDH), etc.

Plate-forme d’exportDu côté des importations, la valeur de celles-ci s’est établie à 4,25 milliards de dirhams en 2014. Les principaux produits importés sont le gasoil et fuel (555,57 MDH), fils de fibres synthétiques et artificielles pour tissu (554,96 MDH), fils de coton (219,21 MDH), produits chimiques (205 MDH), médicaments et autres produits pharmaceutiques (218,32 MDH), motoculteurs et tracteurs agricoles (148,02 MDH), désinfectants et produits similaires (128,62 MDH)...

Partant, pour les exportateurs, l’Inde est un marché qui présente d’importantes opportunités et peut même devenir une plate-forme d’exportation pour toute la péninsule indienne. Dans ce contexte, «l’ASMEX est en train de recenser dans toutes les régions du royaume les offres de produits exportables vers l’Inde», a expliqué El Idrissi.

Outre les échanges commerciaux, la délégation de l’ASMEX a présenté aux opérateurs indiens les opportunités d’investissement au Maroc. «Au même titre que certaines grandes firmes européennes, les firmes indiennes peuvent investir au Maroc et en faire un hub pour le reste de l’Afrique», a ainsi expliqué El-Idrissi. Et dans ce cadre, plusieurs secteurs indiens sont ciblés, entre autres le solaire dont l’Inde dispose d’une certaine expertise, le textile de luxe, etc. De même, au même titre que les constructeurs automobiles que sont Renault et PSA, «le Maroc peut devenir une plate-forme pour le géant indien Tata qui pourra y construire des voitures low-cost destinées au marché africain».

Plus concrètement, «nous souhaitons bâtir avec l’Inde un business triangulaire avec, d’une part, des joint-ventures qui pourront bénéficier de l’accès à un marché de plus de 1 milliard de consommateurs via les accords de libre-échange signés par le Maroc avec l’Union européenne, les Etats-Unis et d’autres pays comme la Turquie, l’Egypte, la Tunisie et la Jordanie et, d’autre part, avec des entreprises qui cibleront le marché d’Afrique de l’ouest et centrale dans le cadre de partenariat gagnant-gagnant», fait remarquer Mounir Ferram, directeur exécutif de l’ASMEX.

Des partenariats gagnant-gagnantEn tout cas, explique le président de l’ASMEX, certaines entreprises indiennes ont montré un grand intérêt pour le marché marocain lors des rencontres B to B organisées sous la houlette de Maroc Export.

Toutefois, le développement des échanges entre les deux pays fait face à un obstacle de taille : celui du transport. L’absence de lignes maritimes freine le mouvement des échanges entre les deux parties. Les opérateurs ne baissent pas les bras et pensent trouver des solutions une fois que l’offre exportable sera recensée. D’ailleurs, avance El-Idrissi, «des armateurs indiens ont montré leurs intérêts pour le transport de marchandises entre les deux pays».

Mémorandum d’ententeEt c’est pour favoriser les échanges entre les deux pays que Hassan Sentissi El Idrissi, président de l’ASMEX, et Atul Kumar, président de l’Association indienne des importateurs, structure fédérant pus de 200.000 importateurs de plusieurs pays asiatiques de la région, ont signé, en marge du 3ème sommet du Forum Inde-Afrique 2015, un mémorandum d’entente visant à renforcer les relations commerciales et d’investissement entre les deux pays. Ce mémorandum porte sur l’échange d’informations et d’expertise, l’identification de synergies et d’axes de partenariats, l’organisation de meetings et de missions économiques entre les deux pays, la promotion des activités commerciales et des opportunités d’investissement mutuelles et, enfin, le renforcement et l’appui d’actions économiques au bénéfice des PME marocaines exportatrices à destination du marché indien.

Et comme première manifestation en direction d’hommes d’affaires indiens, «l’ASMEX prépare soigneusement la visite d’une quarantaine d’hommes d’affaires indiens au Maroc pour le début de l’année prochaine. Notre objectif est de les pousser à investir au Maroc», a conclu le président de l’ASMEX.

Par Moussa Diop
Le 06/11/2015 à 20h10