Interdiction du sac plastique: un bien pour un mal?

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Revue de presseKiosque360. Imaginez les plaines du pays sans sacs plastique: ça fait rêver, d'autant que l'écologie est désormais une priorité. Seulement, l'interdiction du sac plastique met à mal tout un secteur: celui de la plasturgie, qui pèse près de 50.000 emplois directs. Les détails.

Le 16/02/2016 à 00h55

En théorie, d'ici le 1er juillet 2016, le sac plastique devrait vivre ses derniers jours. En effet, à partir de cette date, plus aucun sac de cette nature ne sera censé circuler. Un drôle de compte à rebours pour les plasturgistes, qui ont encore du mal à se faire à l'idée. Et pour cause, cette interdiction a été imposée sans aucune autre proposition d'alternative.

De toute façon, les professionnels du secteur n'ont même pas le temps d'y penser, puisqu'ils doivent d'abord parer au plus urgent. Et le plus urgent, selon L'Economiste dans son édition du 16 février, c'est l'investissement dans des machines qui fabriquent exclusivement des sacs plastiques censés disparaître dans 4 mois. Cela signe donc aussi l'arrêt de mort de plusieurs unités industrielles car, pour certaines, l'enjeu représente plus de 70% de la production. Selon la profession, la plasturgie représente environ 45.000 emplois directs et 300.000 indirects.

Pour éviter la fermeture, certains industriels sont en train de se positionner sur d'autres produits tels que les sacs poubelle, les sacs de surgélation et autres produits à usage industriel ou agricole. Le problème, c'est que ces produits ne sont que très peu demandés et ne sauraient compenser le manque à gagner. Enfin, l'utilisation de matières premières d'origine végétale pour fabriquer d'autres sacs utiles à la consommation nécessite de lourds investissements que les industriels sont incapables de réaliser aujourd'hui.

En 2015, le gouvernement avait lancé une enquête afin de connaître les besoins des opérateurs de ce secteur. Or, très peu d'entre eux y ont répondu. Cette enquête, lancée trop tard, cause désormais beaucoup de tort au secteur. Les banques commencent à refuser d'accorder des crédits, tandis que les fournisseurs ne font plus confiance à “leurs clients”.

Pour rappel, en Mauritanie, pays qui a précédé le Maroc en matière d'interdiction des sacs plastique, l'expérience n'a pas été concluante puisque les opérateurs se sont rabattus sur le papier journal importé du Maroc, ce qui a occasionné la réapparition de maladies orphelines. En France, l'interdiction du sac plastique a carrément été repoussée au mois d'avril prochain.

Par Sanae El Asrawi
Le 16/02/2016 à 00h55