Larbi Bencheikh limogé: la fin de l'inamovible "patron" de la formation professionnelle au Maroc

Larbi Bencheikh. 

Larbi Bencheikh.  . La MAP

Sa destitution est due en grande partie à sa responsabilité dans la gestion défaillante du secteur à Al Hoceima, mais pas seulement.

Le 25/10/2017 à 14h20

Il jouissait d'un statut d'intouchable depuis qu'il avait pris les rênes de l'Office de la formation professionnelle (OFPPT)... le 30 août 2001. Il y restera jusqu'à ce mardi 24 octobre quand il a été remercié par le souverain, notamment pour des défaillances dans la gestion de ce secteur à Al Hoceima. Pourtant, tout plaidait pour qu'il parte bien avant.

En 2002, soit un an seulement après sa prise de fonction en tant que D.G de l'OFPPT, le scandale de la société émiratie Annajat -une arnaque de 72 millions de dirhams qui avait jeté le discrédit sur l'action de l'ANAPEC- faisait grand bruit, alors que Larbi Bencheikh se lançait dans la dynamisation de son office.

Un mouvement de contestation de 30.000 jeunes à qui on avait promis des emplois aux Émirats arabes unis avait préoccupé tout le Maroc. Bencheikh n'y était pour rien. Mais son office observait de loin ce gâchis sous le gouvernement de l'istiqlalien Abbas El Fassi. 

Dans le cadre du programme de développement de la province d'Al Hoceima, baptisé «Al Hoceima, Manarat Al Moutawassit», il est reproché à Larbi Bencheikh de n'avoir pas su mettre en place un programme de formation professionnelle adapté au marché du travail local, notamment dans le secteur de la pêche et de l'agriculture.

«Les centres de formation sont restés vides, faute d'action susceptible de convaincre la jeunesse locale de la justesse des efforts entrepris ou à entreprendre. Ces jeunes sont venus gonfler les rangs des chômeurs et aggraver le pessimisme ambiant», a déclaré à Le360 une source proche du dossier.

Plus globalement, on reproche à Bencheikh son (trop grand) penchant vers l'optimisation. Si les centres de formation se sont multipliés et les stagiaires aussi, la qualité ne suivait pas. Et comme pour l'enseignement, la formation professionnelle s'est également transformée en usine à produire des chômeurs.

A un moment où, justement, la lutte contre le chômage des jeunes, notamment les diplômés, devient une priorité nationale, le Maroc ne peut plus se permettre ce luxe.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 25/10/2017 à 14h20