Rapport de l’UE: antidumping ou protectionnisme?

Le Maroc a pris des mesures conservatoires ou antidumping contre le papier portugais, le rond à béton et le fil machine espagnol, l’acier plat turque et l’insuline danoise. L’Union Européenne le qualifie de protectionniste. Pourtant, des industries ont failli y laisser leur peau. Explications.

Le 06/01/2015 à 19h15

L’Union européenne aurait classé le Maroc parmi les pays les plus protectionnistes dans un récent rapport sur les échanges avec ses partenaires. S’agit-il de simple réaction épidermique de l’Union, ou bien ce classement est-il réellement justifié? Ce serait le comble, pour un pays qui compte des accords de libre-échange avec beaucoup de ses partenaires, notamment l’Union Européenne, la Turquie, les Etats Unis, la Tunisie, l’Egypte, la Jordanie, et envisage un nouvel accord avec les huit pays de l’Union économique et monétaire Ouest africaine (UEMOA).

Maghreb Steel, au bord de la failliteL’Union européenne serait irritée par les récentes décisions du Royaume concernant le dumping sur l’acier long et l’acier plat, dont certaines entreprises espagnoles ou turques ont été les auteurs. Deux géants industriels marocains, à savoir Sonasid et Maghreb Steel, ont connu de sérieuses difficultés. Maghreb Steel a même été au bord de la faillite et ne doit sa survie qu’à son sauvetage in extremis par les banques. Quant à Sonasid, elle a cumulé plusieurs années de forte baisse de ses résultats, voire de pertes nettes. Par conséquent, le ministère du Commerce extérieur (MCE) a pris les devants en demandant une enquête. Des mesures de sauvegarde ont naturellement suivi face à la menace qui pesait sur cette industrie.

Sothema n'avait plus accès à l'insuline des hôpitauxLes autorités en charges des échanges extérieurs ne se sont pas arrêtées là. Le papier en provenance du Portugal, qui a tout bonnement terrassé une entreprise comme Med Paper, fait l’objet d’une surveillance depuis octobre dernier. Med Papier avait fini par cumuler plusieurs centaines de millions de pertes.

Concernant l’insuline, la Sothema n'avait plus accès aux marchés des hôpitaux publics, face à son concurrent, Laprophan, qui importait son produit du Danemark en se fournissant chez Novo Nordisk, l’unique laboratoire multinational qui inonde le marché international. Les prix de Laprophan étaient imbattables. La suite, on la connaît: des mesures antidumping ont été prises.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 06/01/2015 à 19h15