Enquête. Comment Casablanca est devenue un haut lieu de la chirurgie esthétique

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Petit nez retroussé, poitrines opulentes, taille fine, fessiers généreux, abdos redessinés, vagin resserré… Les Marocain.e.s sont devenus adeptes de la chirurgie esthétique. Popularisée par les réseaux sociaux, cette pratique connaît une grande vogue, particulièrement à Casablanca. Enquête.

Le 14/04/2019 à 16h45

Les desideratas des Marocains en matière de chirurgie esthétique vont crescendo et frôlent parfois l’extravagance. Certains veulent être plus jeunes, quand bien même ils affichent la vingtaine, quand d’autres cherchent dans la chirurgie la solution à un problème esthétique handicapant et que d’autres encore veulent ressembler à leur idole du moment, être désirable pour leur homme ou "bankable" sur le (lucratif) marché du mariage… Autant de bonnes raisons de passer sur le billard et d’affronter le bistouri en quête de beauté, de plaisir et par-dessus tout, de bien-être.

Il était une fois, la Mecque de la chirurgie esthétiqueDès les années 1960, Casablanca s’est imposée dans le monde comme la Mecque de la chirurgie esthétique. Une réputation solide qui dépasse les frontières du royaume et que l’on doit en grande partie à un médecin, le Docteur Burou, devenu célèbre au Maroc et ailleurs pour les avortements qu’il pratiquati. Mais pas seulement. Burou est aussi un précurseur en matière de fécondation in vitro et d’opération de changement de sexe, pratique qu’il débute en 1956.

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Malgré le succès que devra Casablanca à ce type d’opérations, elles ne sont plus en cours au Maroc, sauf exceptions, «dans le cas de personnes hermaphrodites» nous explique le docteur Taleb Bensouda, qui souligne au passage la dangerosité de ce type d’interventions en raison du nombre élevé de suicides qui s’ensuivent parfois. Et l’émergence du mouvement Queer, récemment au Maroc, ne semble pas pour autant pouvoir inverser la donne.

Casablanca continue-t-elle pour autant à s’imposer comme un haut lieu de la chirurgie esthétique? Définitivement oui, à en croire trois praticiens de la métropole, les docteurs Guessous, Bensouda et El Kouhen.

«La chirurgie esthétique au Maroc ne date pas d’aujourd’hui, nous, chirurgiens esthétiques contemporains, avons hérité d’un savoir-faire et d’une tradition que nous ont laissés nos prédécesseurs. Nous citerons à titre d’exemple le Dr Lenthillac, le Dr Cochain, le Dr Bouchta… Par ailleurs, nous avons connu une explosion de la demande ces dix dernières années aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Pourquoi? J’en citerai quelques-unes, évidentes: nous pouvons considérer que nous avons contribué à démocratiser l’accès à cette médecine autrefois réservée à une élite», explique le docteur Guessous.

Comment? «Par l’information, et en la rendant accessible financièrement. Il y a aussi le fait que les méthodes sont devenues plus douces, mieux codifiées et avec des résultats plus probants», précise-t-il.

Miroir, Miroir…A chaque époque, ses tendances. Dans une société du XXIe siècle résolument tournée vers son reflet dans le miroir, et qui a pris pour habitude de flatter son égo à coups de selfies, de partages et de likes, la chirurgie esthétique est un loisir comme un autre.

Le nouveau dada d’une génération qui embellit ses photos avec des filtres et qui entend faire de même «IRL», en modifiant la réalité à coups de bistouri. Et quand on se lasse, et bien on recommence, encore et encore…

Ghita M., quadragénaire fraichement mariée et ultra-connectée au monde 2.0, est une adepte de la chirurgie esthétique.

Attablée dans un restaurant chic casablancais, elle énumère en un éclat de rire, et entre deux bouchées, les parties retouchées de son corps.

«J’ai refait mon nez que je trouvais trop épais, ensuite mon menton pour qu’il ait un bout pointu. J’ai aussi fait rehausser mes pommettes et ensuite je suis passé aux seins pour qu’ils soient plus ronds et plus hauts.» Le temps de reprendre sa respiration, Ghita poursuit son énumération. «J’ai beau faire du sport je n’arrive pas à maigrir», se lamente-t-elle en lorgnant son assiette où baigne une belle pièce de viande dans sa sauce au poivre.

«Bon c’est vrai que je ne suis pas très régulière et assez fainéante aussi», rit-elle. «Du coup, j’ai décidé d’arrêter de perdre mon temps et mon argent en salle de sport et je suis passée à la vitesse supérieure en optant pour la liposuccion». Résultat, un ventre plat, des cuisses plus fines et pour ne rien gâcher: «j’ai fait injecter une partie de ma graisse dans mes fesses. Du coup, j’ai gagné au passage un joli fessier!»

Les trois praticiens casablancais sont unanimes sur la question: l’émergence des réseaux sociaux a considérablement impacté le domaine de la chirurgie esthétique au Maroc. D’une part, avec des patientes/instagrammeuses qui cherchent à ressembler à leurs icones influenceuses, d’autre part avec des praticiens qui ont compris que les réseaux sociaux étaient un moyen ultra-efficace de communiquer à large échelle et par-dessus tout, de vulgariser une pratique naguère réservée à l’élite.

«Les réseaux sociaux ont fondamentalement changé notre approche par rapport aux promesses faites aux patients et ont modifié la relation du patient avec les chirurgiens esthétiques. Dans un premier temps, Facebook, qui a rapproché les gens, a permis aussi de faire connaitre les chirurgiens les plus connus puis plus récemment Instagram s’est imposé comme LE media de notre spécialité en permettant de faire connaitre les dernières techniques et les dernières technologies en temps réel. Instagram a également permis aux chirurgiens du monde entier de montrer leur travail et d’échanger avec d’autres spécialistes du monde au même titre qu’un site informatif. Nous citerons aussi Snapchat qui nous a permis de montrer les interventions en live et notre vie au sein de la clinique à de nombreux "followers" du monde entier et aussi de partager les techniques avec d’autres chirurgiens autour du globe», explique à ce sujet le docteur Guessous, qui est particulièrement actif sur les réseaux sociaux.

Sur la page de ce praticien très couru, des sourires éclatants avant/après technique de blanchiment des dents, des seins qui rajeunissent, des bouches qui se repulpent, des nez qui se retroussent, et des stars qui acceptent de se prêter au jeu de la séance photo pendant leurs soins…

Au compteur du docteur Guessous, près de 217.000 followers très actifs qui likent, commentent, demandent des informations supplémentaires, et qui peuvent également voir ce qui se passe en salle d’opération. Car le praticien est de ceux qui aiment à montrer l’envers du décor… Quitte à choquer les âmes sensibles.

Le docteur Bensouda, quant à lui, ne cautionne pas forcément l’importance prise par les des réseaux sociaux dans la communication de ses pairs. A son sens, certaines choses ne se montrent pas. La brutalité du geste, l’effusion de sang qui peut heurter. Une photo avant/après, passe encore, mais de là à faire entrer le follower dans la salle d’opération, il y a une limite à ne pas franchir. La démocratisation de l’acte, oui, mais pas pour autant la transparence sanglante d’un acte chirurgical, explique-t-il.

Côté patientes, Instagram est devenu une véritable source d’inspiration ou, si l’on voit le verre à moitié vide, un puits sans fond. Et pour cause, on veut ressembler à telle influenceuse, ou telle autre, avoir le nez de celle-ci et la poitrine de celle-là. On se compose alors un physique sur mesure…

C’est le cas de Khaoula, jeune influenceuse casablancaise, qui, du haut de ses 25 ans est déjà une adepte du botox et des injections dans les lèvres.

«Je ne vois aucun mal à cela. Je fais très attention à mon physique et guette le moindre signe de fatigue ou de vieillesse avec angoisse», explique-t-elle. Pour donner un petit coup de pouce à la nature avec une simple injection, cette jeune femme ne se prive donc pas de temps en temps quand ses moyens le lui permettent. Sans compter que le nombre de followers aidant, certains praticiens offrent des soins en contrepartie de stories ou de posts sur instagram. Bienvenue dans l’ère de la communication digitale!

«La demande est de plus en forte, venant de tous les milieux sociaux, sans doute à cause des réseaux sociaux et surtout d’instagram», analyse le docteur El Kouhen. «Les internautes y suivent beaucoup de chirurgiens dans le monde entier et peuvent ainsi y voir des pratiques, techniques particulières qu’ils vont ensuite chercher dans leur propre pays», poursuit-il. «C’est ainsi que ça a commencé avec le brazilian butt lift. Il a été lancé au Brésil, puis est arrivé aux Etats-Unis, avant d’être associé à la silhouette de Kim Kardashian… Et aujourd’hui tout le monde veut une taille fine avec des fesses bombées. Il y a une communauté qui aime ça.»

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«Les réseaux sociaux ont changé le comportement des patients lors de la consultation, la demande est devenue plus précise, le débat plus élevé, mais le challenge permanent. Par exemple, la patiente présente des photos Instagram de la célébrité à qui elle voudrait ressembler ou du visage de son idole, ce qui n’est pas toujours possible. Par exemple, le modèle actuel le plus prisé est le fessier de Kim Kardashian... Il s’agira d’autres célébrités selon la culture arabophone ou francophone de la patiente. Les francophones choisiront un modèle occidental, plus mince, plus fin, plus sportif. Les arabophones choisiront un modèle plus oriental, plus pulpeux, plus féminin», confirme le docteur Guessous, auteur du «Moroccan Butt», une version locale et légèrement différente du Brazilian Butt Lift. «La différence se trouve au niveau du concept. Il y a quatre zones à remplir pour le Moroccan Butt et 3 zones dans le cas du Brazilian Butt Lift. Les fesses brésiliennes sont plutôt sportives», explique-t-il doctement à ses followers sur instagram.

Une clientèle de plus en plus jeune aux demandes (parfois) extravagantesLe docteur Bensouda s’inquiète, quant à lui, du rajeunissement de la clientèle qu’il voit défiler chaque jour. «Dès l’âge de 20 ans, elles sont de plus en en plus nombreuses à vouloir changer leur visage, rajeunir en faisant disparaître les premières petites rides, redessiner des pommettes… Avant même d’avoir atteint la maturité», s’alarme-t-il. «Elles viennent avec des photos de stars, pour avoir le même ovale de visage qu’une actrice, le nez d’une célébrité, la bouche d’Angelina Jolie, les fesses de Kim Kardashian. Je refuse beaucoup de patientes en raison de demandes que je juge irréalistes.»

Le fessier de Kim K., très peu pour le docteur Bensouda qui «ne trouve pas ces formes jolies du tout. Je refuse ce genre de silhouettes. Je recherche l’harmonie et la discrétion.»

Et de poursuivre: «je reçois beaucoup de jeunes filles à la recherche d’une image irréelle. Ce phénomène concerne 10% de la population et se nomme la dismorphophobie. Les personnes qui y sont sujettes ne s’acceptent pas, sont à la recherche d’une autre image d’elles-mêmes et quoiqu’on fasse, ne seront jamais satisfaites.» Dans ce type de cas, le praticien encourage alors à avoir recours au préalable à un soutien psychologique afin de faire les bons choix.

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Dire non à un patient, du côté de Fayçal El Kouhen, arrive dans deux cas de figures. «Je refuse d’opérer lorsque le patient est atteint d’une pathologie lourde et que je sais que je prendrais un énorme risque en intervenant. Et puis il y a le cas de la patiente qui fait une demande que je ne cautionne pas, car je sais que le résultat ne sera pas joli. Je me méfie ainsi des rhinoplasties quand le nez est déjà très beau et que le patient veut un nez encore plus fin.»

Selon le docteur Guessous, «pour une bonne pratique, il faut un ratio de 30% de patientes qu’il ne faut pas opérer pour plusieurs raisons: pour des raisons de santé, et aussi lorsque les demandes sont irréalistes et irréalisables. Le rôle des chirurgiens esthétiques est de mesurer la psychologie de la patiente et ses motivations. Il peut s’agir du cas fréquent des femmes qui voudraient faire une opération pour ramener à la maison un mari qui est parti, ou celui de la jeune fille qui veut ressembler à son idole, ou encore celui des victimes de la surconsommation de chirurgie.»

Au programme des opérations les plus pratiquéesEn quête de toujours plus de beauté et de jeunesse, les Marocains de tous âges sont de plus en plus nombreux à se tourner vers la chirurgie esthétique. En tête de leurs demandes, certaines opérations bien précises.

Du côté de Fayçal El Kouhen, le praticien est le plus souvent consulté pour sa pratique de la liposculpture qui comprend une réduction du volume du ventre, du dos et des poignées d’amour avec structuration des fesses et des hanches ; une intervention très artistique appelée le Brazilian Butt Lift. Arrive ensuite la liposuccion high definition 4D, très en vogue dans le monde entier. Il s’agit d’une liposculpture très particulière qui confère une silhouette athlétique. Il s’agit ainsi de tracer des ventres avec abdominaux, donner à un bras un galbe musclé ou encore sculpter des fesses, des mollets, des cuisses, les pectoraux. Une technique très élaborée, appréciée des «gens qui ont de la graisse, mais pas trop, et qui n’arrivent pas à la perdre avec le sport», nous explique le chirurgien. 

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C’est le cas de S.L., quadragénaire ultra sportive qui, malgré ses longues heures d’entraînement, ne réussissait pas à gommer les traces d’une ancienne obésité. «J’avais beau m’entrainer tous les jours et faire des régimes, je n’arrivais pas à me débarrasser d’une couche de graisse sur mon ventre. Sans compter que depuis mon importante perte de poids, la peau sur mon corps s'était relâchée. J’ai finalement opté pour la chirurgie afin de redessiner le galbe de mes bras, de mes cuisses et lifter la peau de ventre. Depuis, je revis!»

Outre ses deux pratiques qui font la réputation du praticien, celui-ci effectue également un grand nombre de «rhinoseptoplastie pour une bosse, une grosse pointe ou un nez dévié». Enfin, en quatrième position des demandes les plus importantes, «la chirurgie du sein avec augmentation, réduction et lifting».

Du côté des hommes, on se montre moins demandeur que les femmes. Le docteur El Kouhen note ainsi que «la demande est d’un homme pour vingt femmes». Les intéressés consultent généralement pour une liposuccion High Definition, pour une greffe de cheveux «très à la mode en ce moment» remarque le chirurgien, ou encore pour une rhinoplastie et une chirurgie des paupières.

Le docteur Guessous établit quant à lui deux catégories de patients en matière de médecine et de chirurgie esthétique. «Celles ou ceux qui ont un complexe gênant au quotidien comme un nez disgracieux ou des petits seins, ceux qui ont vu leur corps ou leur visage changer et se relâcher au gré du temps ou suite à des accouchements ou des pertes de poids importantes.»

C.H. entre dans cette catégorie. Agée de 37 ans, elle a accouché il y a 3 ans d'une petite fille. Si la jeune maman porte un regard énamouré sur sa petite beauté qui habille sa poupée, elle se souvient avec un sourire crispé du jour de son accouchement et des séquelles laissées sur son corps. Et pour cause, cette femme longiligne affichait il y a quelques mois encore le ventre d’une femme enceinte de 6 mois, sa ceinture abdominale ayant été abimée par sa grossesse. Frustrée et complexée par son corps, elle a décidé de sauter le pas en pratiquant une chirurgie esthétique pour «redessiner son ventre» et en finir avec cet effet ballonné.

«Le second groupe est une catégorie de patientes et de patients plus jeunes, conscients des risques de modification de la silhouette et du visage et qui privilégient la prévention. Ce sont des patients connectés, bien informés, qui consultent très tôt pour éviter des chirurgies lourdes plus tard.» E.B., en est l’exemple parfait, elle qui, à 28 ans, ne supporte pas les quelques rides d’expression qui parsèment son front. Pour cette jeune femme qui travaille dans la communication, le botox est un allié de taill, et tant pis pour ceux qui critiquent son expression figée.

Le docteur Guessous cite également, à titre d’exemple, «des jeunes femmes et hommes autour de 25 ans qui sont suivis chez nous pour entretenir la peau du visage grâce à des soins… Mais aussi de très jeunes femmes qui font de la liposculpture avant les grossesses et les allaitements ce qui consiste à aspirer la graisse localisée et la réinjecter dans d’autres endroits. Ce qui leur garantit de garder une belle silhouette même après des grossesses multiples. Chez les hommes, c’est la greffe de cheveux.»

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Le docteur Taleb Bensouda, dont la clientèle est composée à 80% de femmes, affiche dans son top 3 des interventions les plus pratiquées, au niveau du visage «la rhinoplastie, le lipofilling (injections de graisse) et le lifting cervico facial». Côté corps, «l’augmentation mammaire avec prothèse et l’augmentation des fesses avec le Brasilian Butt Lift (BBL) ou encore la liposuccion.»

Les hommes ne sont pas en reste avec en tête des parties de leur corps concernées par des interventions «nez, paupières et pénis» nous explique le docteur Bensouda.

La chirurgie du plaisirD’après l’expérience en la matière du docteur Bensouda, «une grosse demande concerne la pénoplastie, laquelle consiste généralement à augmenter la largeur du sexe masculin de 3 à 4 centimètres grâce à des injections de graisse». Et de souligner qu’il n’y a aujourd’hui plus aucun complexe à parler de chirurgie esthétique génitale.

«Ces 5 dernières années, nous avons assisté à l’apparition d’une nouvelle spécialité médicale à part entière enseignée dans certaines universités, c’est la médecine esthétique gynécologique. Cette spécialité s’intéresse à l’esthétique des parties intimes, il s’agira de blanchiment, de laser, d’injections des lèvres, de réduction des petites lèvres mais aussi de la partie fonctionnelle c’est à dire la fonction du plaisir, ceci est une question qui intéresse aussi bien la femme que son mari», explique quant à lui le docteur Guessous.

«Aujourd’hui on corrige, on rajeunit les organes sexuels, par injection, laser ou chirurgie. On injecte le Point G, on améliore l’apparence des lèvres, on resserre le vagin de femmes qui ont subi des accouchements multiples par voie basse. Ce sont là des gestes courants dans notre pratique quotidienne», ajoute le docteur Bensouda.

La libération des mœurs serait-elle une explication à l’essor de ces pratiques? Résolument non, à en croire nos praticiens. Pour expliquer cet engouement, on se tourne à nouveau vers le monde digital et les réseaux sociaux qui ont aidé à faire connaître, à démocratiser ce type de pratiques sans tomber dans l’écueil de la hchouma et du tabou.

Et le docteur El Kouhen d’abonder dans ce sens. «Si une femme a accouché de trois enfants par voie basse et qu’elle souhaite avoir plus de plaisir avec son mari, c’est quelque chose de légitime. De la même manière, il y a des hommes qui souffrent d’un pénis qui n’a pas une bonne circonférence, et, dans ce cas là aussi, l’intervention est légitime. Ce sont des gens qu’il faut aider car ce métier doit être fait pour rendre les gens heureux. Nous sommes là pour apporter du bonheur aux gens.»

Ce bonheur là est à portée de main, alors pourquoi s’en priver? 

Casablanca, hot spot mondial de la chirurgie esthétique ?«Personnellement, je demande rarement l’origine de la personne qui vient consulter mais nous avons l’habitude de recevoir des patientes de l’étranger. Principalement, d’Europe, d’Afrique francophone et des Emirats», annonce le docteur Guessous. Une clientèle internationale principalement constituée de Marocains résidant à l’étranger que l’on retrouve chez le docteur Bensouda et El Kouhen. Etats-Unis, France, Australie, Italie… «Et même la Nouvelle-Calédonie» sourit le docteur Bensouda.

«Je reçois de très nombreuses nationalités», poursuit-il. «50% de Marocains et 20% de France, d’Italie, de Suisse et d’Angleterre. Ce sont souvent des MRE qui reviennent au Maroc pour faire une opération. Mais pas à cause du prix! Je ne fais pas dans le tourisme médical. Quand les patients se déplacent depuis un autre pays, c’est dans les règles de l’art, sans être bousculés par le temps.»

Casablanca, la nouvelle Mecque de la chirurgie esthétique ? Assurément pour les MRE qui constituent aussi une grosse partie de la clientèle de Fayçal El Kouhen. «Le Maroc est un pays connu pour la chirurgie esthétique bien faite. Certes, beaucoup de gens viennent se faire opérer ici aussi parce que c’est moins cher qu’aux Etats-Unis, en France ou en Espagne». Toutefois, les prix ne justifient pas pour autant cet engouement.

Il n’en demeure pas moins qu’en plus de compter d’éminents spécialistes, Casablanca possède une histoire bien ancrée qui assoit sa réputation de hot spot de la chirurgie esthétique. Tour d’abord pour des raisons raisons historiques. «Les chirurgiens qui nous ont précédé ont construit les fondations de notre spécialité et nous autres chirurgiens esthétiques contemporains avons porté le flambeau et fait connaitre notre travail à l’international», explique le docteur Guessous.

Quant aux prix en vigueur, difficile de chiffrer, et pour cause, il n’existe aucune grille tarifaire commune aux praticiens au Maroc. Un manque de transparence pour certains, une chose qui s’explique parfaitement, selon d’autres.

«Chacun a ses prix. Certains vont choisir un chirurgien parce que le prix leur convient, d’autres parce qu’ils font confiance au chirurgien. Il y a une clientèle pour tout le monde», résume le docteur El Kouhen.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 14/04/2019 à 16h45