Abdelkader Merah condamné à 20 ans de réclusion criminelle

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La Cour d’assises spéciale de Paris a condamné, jeudi, à 20 ans de réclusion criminelle pour "complicité" le frère de Mohamed Merah, l’auteur des tueries perpétrées, en mars 2012, au nom du Jihad ayant fait sept morts dont trois enfants.

Le 02/11/2017 à 21h07

Le verdict est intervenu au terme de plus de 7 heures de délibérations au cours desquelles les cinq juges de la Cour devaient répondre à 82 questions en rapport avec les faits et éléments contenus dans le dossier.

Le procès, qui avait débuté il y a cinq semaines, s’est déroulé dans un climat chargé de tension et marqué par les témoignages déchirants de proches de victimes, dont Latifa Ibn Ziaten, la mère du Franco-marocain Imad, l’un des trois militaires abattus par Mohamed Merah.

Jugé pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", Abdelkader Merah, 35 ans, était accusé d'avoir "sciemment" facilité "la préparation" du carnage commis par son frère à Toulouse et Montauban (sud-ouest), en l'aidant notamment à voler le scooter qu’il avait utilisé lors des faits.

Il était également accusé d'avoir participé "à un groupement criminel affilié à Al-Qaïda prônant un islamisme jihadiste (...) en appliquant à lui-même et à son frère Mohamed les recommandations de cette organisation dont il possédait les enseignements et les conseils opérationnels".

Comme son frère, Abdelkader Merah était connu des services antiterroristes pour être proche de la mouvance islamiste radicale toulousaine.

Tout en soulignant la proximité idéologique et religieuse des deux frères, les juges d’instruction avaient relevé, dans leurs conclusions, leurs contacts soutenus les jours précédant les tueries, concluant que l'accusé ne pouvait "ignorer l'orientation jihadiste de son frère qu'il avait contribué à forger".

Aux côtés de Abdelkader Merah, qui a nié jusqu’au bout toute implication dans la tuerie commise par son frère, comparaissait un autre accusé, Fettah Malki, 34 ans, à qui il était reproché d’avoir fourni à Mohamed Merah un gilet pare-balles, un pistolet-mitrailleur Uzi et des munitions utilisés par le tueur.

La Cour l’a condamné à 14 ans d’emprisonnement avec une période de sûreté des deux tiers.

La défense de Merah a plaidé l'acquittement, demandant à la Cour de juger "dans le respect du droit" et en constatant "l'absence de preuve" des assertions de l'accusation.

Les avocats de Fettah Malki ont également demandé à ce que leur client soit jugé pour ce qu'il est et ce qu'il a fait et pas pour "une potentialité terroriste" avancée sans preuve par l'avocate générale, Naïma Rudloff.

Lundi dernier, Rudloff avait requis dans son réquisitoire la réclusion criminelle à perpétuité contre Abdelkader Merah en soutenant que c’est ce dernier qui a "fabriqué" son frère.

Les 11 et 15 mars 2012, Mohamed Merah a, tout en filmant ses actes à bord d'un puissant scooter, abattu de sang-froid trois militaires, avant de tuer, quatre jours plus tard, dans la cour d’une école juive à Toulouse, un professeur de religion et ses deux fils et de faire feu, à très courte distance, sur une petite fille.

Le tueur se réfugie alors dans un appartement où il résiste durant 32 heures au siège qui lui est imposé avant que le RAID, unité d'élite de la police française, ne donne l’assaut, le 22 mars, vers 11H30, et l’abatte.

Les attaques ont été revendiquées par le groupe jihadiste Jund al Khalifat, affilié à Al-Qaïda.

Preuve de l'engouement qu'il suscitait, 139 journalistes s’étaient fait accréditer dès le début pour couvrir le procès auquel participaient 49 témoins et 11 experts devant 23 avocats et 232 parties civiles.

Depuis les tueries de Mohamed Merah, une vague d’attentats sans précédent a endeuillé la France faisant 239 morts, notamment dans les attaques de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, du 13 novembre à Paris et Saint-Denis et du 14 juillet 2016 à Nice.

Le 02/11/2017 à 21h07