Alger: les ratés “pharaoniques” de la mosquée Bouteflika

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Le chantier de la grande mosquée Djamaâ el Djazaïr, surnommée mosquée Bouteflika, accuse un énorme retard, et la facture initiale a doublé, voire triplé… De quoi mettre en rogne de nombreux Algérois qui subissent l'austérité imposée par la chute des cours du pétrole.

Le 23/04/2016 à 08h36

L'ouvrage qui longe la superbe baie d'Alger et où s’activent des ouvriers chinois, est très ambitieux. Doté d'une salle de prière pouvant accueillir 120.000 fidèles par jour, le lieu de culte -une fois achevé- sera équipé d'une bibliothèque d'un million de livres, de 12 bâtiments dont une maison du Coran, d'un centre culturel islamique, d'un campus universitaire, d'un parking de 4.000 places. Mais aussi de cafés, de restaurants, d'espaces verts.

Enfin, la mosquée sera surplombée du plus haut minaret du monde: 265 m de haut. Soit 55 m de plus que celui de la mosquée Hassan-II de Casablanca, sa grande rivale... Mais, depuis des mois, rien ne se déroule comme prévu et les polémiques s'enchaînent, rapporte l’envoyé speciale du Parisien.

Certains experts s'interrogent en effet sur la solidité des fondations, notamment en cas de séisme, Alger étant situé sur une faille active. Pilotée au départ par un bureau d'études allemand, la gestion du site a ensuite été confiée à un conglomérat algéro-chinois sans raison apparente. Corruption, pots-de-vin? Interrogé par le site TSA, le groupement allemand se dit surpris d'avoir été écarté de ce chantier et souligne les difficultés des autorités algériennes à gérer de grands projets d’infrastructures.

En tout cas, les retards se sont accumulés et les prix ont flambé. «Au départ, la mosquée devait coûter 1 Md€. En réalité, on va faire exploser les compteurs. On parle déjà de 2 ou 3 milliards. C'est astronomique», assure un proche du dossier.

Quant aux délais, ils ne seront certainement pas respectés. La mosquée devait être inaugurée fin 2016. Certains avancent la date de 2019, voire 2020.

A Alger, la population condamnée à l’austérité après la chute des cours du gaz et du pétrole, commence à s’agacer. «On aurait pu construire 40 hôpitaux à la place», s'indigne le patron d'une PME, cité par Le Parisien. Pour le régime, «la construction de cette mosquée est un enjeu de politique nationale voire internationale. Une question de prestige», explique un élu de la capital.

Pour d'autres, une fois terminée, la mosquée rayonnera dans tout le monde arabe. Reste à savoir si Bouteflika, de plus en plus affaibli, inaugurera à temps son ouvrage pharaonique.

Par Le360
Le 23/04/2016 à 08h36