Algérie: la réforme du secteur de l'énergie menace la Sonatrach

Le360 : Adil Gadrouz

L’Algérie subit aujourd’hui les contrecoups d’une conjoncture économique et financière très sévèrement impactée par la baisse de la rente pétrolière qui, selon la Banque mondiale, continuera de grever les finances de l’état algérien en 2017.

Le 15/03/2017 à 18h57

La conjoncture économique et financière algérienne très sévèrement impactée par la baisse de la rente pétrolière en 2017, en grevant les finances de l'Etat algérien, aura pour conséquences une exacerbation de l’inflation, du chômage et de la dépréciation du dinar, qui a déjà perdu 20% de sa valeur.

Face à cette situation, plusieurs observateurs américains insistent sur l’impérieuse nécessité pour le régime algérien de procéder, sans plus tarder, à une restructuration du secteur de l’énergie tout en pointant du doigt l’absence manifeste de résultats probants en matière de réformes structurelles et d’efficience des régulations visant l’ouverture du marché algérien et le développement du secteur privé.

La firme américaine Stratfor, spécialisée dans la prospective géopolitique et l’intelligence économique, note dans une analyse publiée mercredi 15 mars, que "la restructuration du secteur de l’énergie menace les intérêts des réseaux clientélistes tissés autour de la Sonatrach".

Au moment où Alger tente de moderniser le secteur énergétique, une entreprise qui se doit de déloger chemin faisant ces réseaux clientélistes, de hauts responsables algériens ont pris soin de s’assurer que les réformes qui seront mises en œuvre n’auront aucune incidence sur leur accès aux coffres de l’Etat", relève Stratfor.

Toutefois, fait observer la firme US, ces tentatives ne font que retarder l’inévitable, en soulignant que quiconque succèdera au président actuel fera face à une réalité têtue qui veut que "le pays ne pourra plus préserver le statu quo".

L’analyse de Stratfor projette, dans ce contexte, que "les prochaines élections législatives – les sixièmes depuis l’adoption du multipartisme par l’Algérie en 1989 – ne rendront pas pour autant la branche législative capable de s’opposer de manière plus effective au sommet du pouvoir et à son entourage".

Revenant sur l’incapacité du régime algérien à améliorer le climat des affaires, l’analyse pointe du doigt le caractère vague du cadre réglementaire qui "n’inspire aucune confiance en la capacité du gouvernement à aller de l'avant sur la voie de la réforme", notant qu’"après tout, l’Algérie est connue pour sa gabegie dans la gestion de l’un des projets les plus onéreux, à savoir l’autoroute Est-Ouest".

"Cette débâcle est d’autant plus embarrassante (pour le régime algérien), que le Maroc s’est démarqué comme étant le champion des partenariats public-privé en matière de projets d’infrastructure", souligne Stratfor.

Dans ce contexte, la stratégie de diversification et de mise à niveau de l'économie algérienne continue d'ignorer une série de problèmes ayant contrecarré le développement de l'Algérie pendant plusieurs décennies, notent plusieurs observateurs à Washington, car au-delà de l'accent mis sur les joint-ventures et l'attraction des investissements étrangers, il n'existe aucun plan de soutien aux petites et moyennes entreprises qui souffrent "de discrimination continue de la part de la clientèle capitaliste proche du pouvoir à Alger".

Fouad Arif

Le 15/03/2017 à 18h57