France: l'arrêté "anti-burkini" du maire de Cannes fait des vagues

Burkini, ce maillot de bain destiné aux femmes musulmanes, suscite la polémique.

Burkini, ce maillot de bain destiné aux femmes musulmanes, suscite la polémique. . DR

La décision du maire de Cannes (sud-est de France) d'interdire sur ses plages le port du burkini suscitait vendredi de nombreuses critiques en France, où des associations accusent l'édile de détourner le principe de laïcité et de nourrir les tensions.

Le 12/08/2016 à 18h16

Le burkini est un maillot de bain à l'usage des femmes musulmanes, recouvrant la totalité du corps à l'exception du visage, des mains et des pieds.

Le port du voile intégral dans l'espace public - jugé ostentatoire - est interdit en France, où vit la première communauté musulmane d'Europe, mais rien n'y proscrit le port de signes ou de vêtements religieux.

Pourtant, le maire Les Républicains (droite) de Cannes David Lisnard a décidé fin juillet d'interdire "l'accès aux plages et à la baignade (...) à toute personne n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes moeurs et de la laïcité".

Pour M. Lisnard, "une tenue de plage manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse, alors que la France et les lieux de culte religieux sont actuellement la cible d'attaques terroristes, est de nature à créer des risques de troubles à l'ordre public (attroupements, échauffourées, etc.) qu'il est nécessaire de prévenir".

Ce bannissement des plages des maillots couvrant intégralement le corps "détourne la laïcité de sa vocation", a protesté vendredi la Ligue des droits de l'homme (LDH). Celle-ci entend saisir la justice pour faire annuler l'arrêté municipal, tout comme le collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), qui a exprimé sa "profonde préoccupation" quant à ce qu'il considère comme "une nouvelle atteinte aux principes les plus élémentaires du droit".

Une telle décision procède d'une "stratégie de la tension", a accusé l'association SOS racisme. La France a été frappée depuis 2015 par plusieurs attentats jihadistes, et les actes anti-musulmans se sont multipliés ces derniers mois."Le fondamentalisme doit être combattu avec des arguments juridiques impeccables, sous peine de lui offrir des victoires devant les tribunaux", a souligné le parti socialiste local, en rappelant que "le principe de laïcité, hormis le voile intégral, n'interdit pas les signes distinctifs religieux dans l'espace public tel que les plages".

Une polémique autour du burkini avait déjà éclaté débût août lorsqu'une association musulmane de la région de Marseille (sud-est) avait tenté de réserver un parc aquatique privé, afin d'y organiser une sortie réservée à des femmes portant le maillot de bain islamique.Devant le tollé provoqué, le parc aquatique avait finalement rejeté la demande.

Le 12/08/2016 à 18h16