Guinée: les universités privées invitent l’Etat à régler ses notes

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En Guinée, la Chambre représentative de l’enseignement supérieur privé (CRESUP) n’apprécie pas le retard accusé par l’Etat dans le paiement de ses factures. Elle prévoit une «évaluation» de leur partenariat vendredi prochain à l’issue de laquelle elle pourrait tirer les «conclusions».

Le 10/02/2016 à 19h12

La CRESUP, une organisation patronale regroupant les fondateurs des établissements privés d’enseignement supérieur en Guinée, veut que l’Etat guinéen s’acquitte de ses factures. Celles-ci sont surtout liées à l’accueil de quelques milliers d’étudiants boursiers, faute de places dans les universités publiques.

Ce mercredi 10 février, l’organisation a tiré la sonnette d’alarme. Elle a invité les autorités à régler le paiement des contrats de prestation déjà exécutés entre 2014 et 2015. «Il faut que l’Etat soit diligent envers le secteur privé national. Seul ce secteur crée de l’emploi.

Toutes les universités privées créent plus de 5.000 emplois. Si elles ne sont pas en bonne relation avec l’Etat, elles feront plus de 5.000 chômeurs», a prévenu l’ancien ministre des Fnances qui préside la CRESUP, le Dr Ousmane Kaba.

Le groupe compte en son sein 39 universités pour environ 40.000 étudiants. Quant à l’Etat guinéen, il dispose de 19 universités publiques pour plus de 60.000 étudiants.

Les patrons de ces universités réclament le paiement «intégral et dans l’immédiat» des arriérés des services rendus. Ils estiment que ces arriérés ne constituent nullement une subvention mais un dû qui leur permettra de faire face aux charges. En outre, ils demandent le règlement total du premier semestre de l’année académique en cours.

Même s’ils refusent de divulguer le montant global en jeu, celui-ci s’élèverait à 104 milliards de francs guinéens (plus de 13 millions de dollars).

Face à la pression, l’Etat a réglé une première facture. Mais ces fonds ont servi directement aux règlements des prêts, disent les patrons des universités. «Les banques ont pris ces sous dès qu’ils ont atterri dans les comptes. Certains d’entre nous n’ont même pas vu leur couleur», ironise une dirigeante d’université privée.

«Les institutions privées d’enseignement supérieur rendent un service public. Le non-paiement des prestations par l’Etat entraîne comme conséquences le non-paiement des honoraires des professeurs et des difficultés dans l’acquisition des matériels», a renchéri Elhadj Thierno Moussa Sy, responsable de la Communication de l’organisation.

Selon lui, le retard dans le règlement de leurs dus a aussi eu pour conséquence l’accès difficile aux crédits bancaires. Ils passeraient pour des clients incapables de respecter les échéances de remboursement.

La CRESUP prévoyait d’arrêter les cours le 30 janvier pour exiger son paiement. Le mouvement a été reporté au lundi 15 février courant. Un entretien est prévu ce jeudi avec le ministre de l’Enseigneur supérieur et de la recherche scientifique. A l’issue de cet entretien, la CRESUP prévoit une «évaluation» le lendemain afin de «tirer les conclusions» qui s'imposent.

Par Ougna Elie Camara
Le 10/02/2016 à 19h12