Javier Solana: la situation en Algérie est préoccupante

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La situation de l'Algérie «en proie aux incertitudes politiques et économiques» est préoccupante, estime l'ancien chef de la diplomatie européenne, Javier Solana.

Le 03/03/2016 à 19h29

Dans une analyse intitulée «Algérie: dangers et espérances», publiée par le site project-syndicate, Javier Solana écrit que dans le contexte de ce que l'on appelait le Printemps arabe, «la communauté internationale n'a pas accordé beaucoup d'attention à l'Algérie» dont «le sort est de retour sur les écrans radar du monde», notant que «le président Bouteflika, malade, n'a pas été vu en public depuis plus d'un an et l'on commence à se poser des questions sur le déroulement des élections de 2019». 

Dans son analyse, Solana décrit le marasme politique que vit l'Algérie depuis quelques années, précisant que derrière le consensus apparent se décline une «paralysie dans le processus de prise de décision observée depuis quelques années». Il ajoute que les efforts menés «pour restreindre le pouvoir des services de renseignement et de sécurité ne sont qu'une des sources et qu'une des manifestations de la tension politique palpable».

Javier Solana souligne également que la crise politique est aggravée par les grands défis de la scène internationale, notamment la chute des prix du pétrole. Selon lui, «l'industrie du pétrole et du gaz fournit à l'Algérie 97% de ses recettes d'exportation et la chute des prix du pétrole depuis juin 2014 a souligné la fragilité du modèle économique sur lequel s'est construit le pays». 

Il explique qu'une baisse des recettes pétrolières signifie que «le gouvernement algérien ne pourra plus maintenir la large gamme d'aides et d'allocations qui lui servent traditionnellement à apaiser les tensions sociales et contribuent à éviter la protestation». Il note aussi que «si les prix du pétrole ne remontent pas à brève échéance et si les dirigeants algériens se voient contraints de prendre des mesures plus radicales, la stabilité sociale peut être compromise».

Pour lui, «la nouvelle génération de jeunes ne craint plus le conflit social comme le craignaient avant eux leurs parents et leurs grands-parents», estimant que «dans le contexte actuel, si les difficultés économiques persistent, des protestations, voire une révolte, pourraient ne pas être une perspective si lointaine».

Et Solana de conclure que «les défis majeurs soulevés par la chute des prix du pétrole et par un contexte régional pour le moins tendu montrent assez l'urgent besoin d'un changement en Algérie».

La situation sécuritaire en Algérie suscite en effet nombreuses inquiétudes à travers le monde.

Ecrivains, journalistes, politologues et experts de tous bords mettent en garde, depuis plusieurs mois, contre le scénario d'une escalade de la terreur sur le modèle syrien qui surviendrait en raison des répercussions de la chute des prix du pétrole, de la vacance de pouvoir et de l'absence de perspectives pour les jeunes.

Le 03/03/2016 à 19h29