Le régime de Bouteflika sur la défensive après les mises en garde internationales

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika. . DR

Au lieu de prendre au sérieux les mises en garde internationales contre la faillite de l'Algérie, le régime de Bouteflika, à défaut d'un réel plan de sauvetage, se place sur la défensive et se répand en imprécations contre les "colporteurs de calomnies et de mensonges"! Décryptage.

Le 06/03/2017 à 17h19

Quand il y a péril en la demeure, il faut agir. Or, ce n'est malheureusement pas le cas en Algérie. Au lieu de prendre acte des mises en garde internationales contre la faillite de l'Etat de ce pays, étayées par des études scientifiques et corroborées par la réalité économique et financière catastrophique ressentie d'ailleurs par le citoyen algérien, le régime algérien se place dans une posture victimaire et multiplie les cris au complot et à la conspiration extérieure.

Le propos de ce constat est la sortie, lundi 6 mars, du Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, à l'occasion de la réunion de la Tripartite qui réunit le gouvernement, l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA, pro-gouvernemental) et le patronat. "L'Etat algérien a le devoir de dire la vérité aux Algériens pour mettre en échec les colporteurs de calomnies et de mensonges qui n’arrivent pas à accepter que notre pays demeure stable, uni et surtout en paix", a-t-il lâché, sans peut-être réaliser qu'il ne sert plus de servir ce disque usé du complotisme tellement la ficelle est grosse pour convaincre qui que ce soit, y compris et surtout le peuple algérien.

Pris sous un déluge de rapports internationaux accablants, dont le dernier en date est celui du département d'Etat américain alertant contre le règne de l'économie informelle en Algérie, estimée à 50% du PIB, épinglant au passage le système bancaire "archaïque", le régime algérien se place sur la défensive et tente vainement de maquiller ses échecs qui sont légion. Dépendance quasi-totale aux énergies fossiles (pétrole et gaz, 98% des exportations et 60% des recettes de l'Etat), système de rente et corruption généralisée et règne de l'impunité, taux de chômage frôlant dangereusement le taux de 21%... tous les clignotants socio-économiques ou presque sont au rouge, et le naufrage du bateau Algérie, sans réel maître à bord, en dehors d'un président qui ne s'est pas adressé au peuple algérien depuis 2013, année à laquelle il a été diagnostiqué d'un Accident vasculaire cérébral (AVC), est plus proche que jamais.

Il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir la catastrophe en face et agir en conséquence. Or, rien n'est entrepris par le régime grabataire pour sauver les meubles. Les rapports internationaux ont beau alerter contre un scénario vénézuélien en Algérie, pire encore contre le scénario syrien, ce régime ne veut toujours rien entendre et poursuit son saut dans le néant hypothéquant le présent et l'avenir du peuple algérien frère, qui ne sait plus à quel saint se vouer. Comble de la légèreté, et en dehors des signaux d'alerte envoyés ça et là, même les manifestations de rue sont perçues par ce régime en rupture de ban comme étant "l'oeuvre de forces extérieures"! 

Un acharnement dans l'aveuglement et dans l'erreur, dont les conséquences seront désastreuses non seulement pour le peuple algérien, mais la région tout entière. Une implosion, qu'à Dieu ne plaise, causera une vague d'exode vers l'Europe et les pays de voisinage, notamment le Maroc qui partage avec l'Algérie une frontière de 1800 kilomètres!

Il en ressort que le monde n'a pas intérêt à voir l'Algérie s'effondrer, et que les inquiétudes exprimées ici et là sont sérieuses. Ne pas prendre au sérieux ces inquiétudes revient à mettre en danger non seulement la stabilité en Algérie, mais celle de la région tout entière.

Par Ziad Alami
Le 06/03/2017 à 17h19