Les attentats de Paris révèlent une faille dans le système de renseignement français

Evacuation par la rue Oberkampf des victimes du Bataclan le 14 novembre 2016 à Paris.

Evacuation par la rue Oberkampf des victimes du Bataclan le 14 novembre 2016 à Paris. . AFP/Archives MIGUEL MEDINA

La commission parlementaire d’enquête sur les attentats du 13 novembre à Paris a constaté une faille dans le système de renseignement français, plaidant pour sa refonte avec la création d'une agence nationale de lutte antiterroriste pour une meilleure coordination.

Le 05/07/2016 à 10h03

Dans les conclusions de son rapport rendues publiques mardi au terme de six mois d’enquête, la commission explique que l'"agence nationale de lutte contre le terrorisme" doit être placée directement sous l'autorité du Premier ministre, sur le modèle américain du Centre national antiterroriste (NTC) créée après le 11 septembre 2001. Elle regrouperait tous les services de renseignement police, gendarmerie et militaire pour partager les informations.

Elle estime également que la justice doit jouer son rôle dans la lutte contre les terroristes, qu'ils soient surveillés ou arrêtés, proposant en outre de supprimer les réductions de peines automatiques pour toutes les personnes condamnées pour actes terroristes.

Evoquant par ailleurs l'intervention des secours, le principal problème, selon la commission, a été l'évacuation des victimes, qui a pu être retardée par le fait que les secours d'urgence n'avaient pas accès au périmètre des forces d'intervention, appelant à l'instauration de "colonnes d'extraction" des victimes.

Les parlementaires se sont en outre interrogés sur "le bien-fondé du maintien de plusieurs forces d'intervention spécialisées", préconisant à terme, "la fusion des trois forces d'élite" (GIGN, Raid et BRI).

Sur les menaces qui avaient visé la salle de spectacles le Bataclan ou, plus largement, "une salle de rock" par le passé, le rapporteur de la commission Sébastien Pietrasanta estime qu'il était impossible de faire le lien avec une éventuelle attaque de la salle de spectacles parisienne en 2015.

"Contrecarrer les attaques aurait supposé que les magistrats instructeurs et les agents des services de renseignement aient gardé, personnellement, en mémoire toutes les cibles mentionnées par les terroristes lors de leurs auditions", selon le député socialiste.

Sur un autre registre, l'état d'urgence a eu une portée limitée et l'opération Sentinelle n'a pas prouvé son efficacité aux yeux des députés, estime le rapporteur qui s'interroge sur "l'efficacité réelle de ce dispositif dans la sécurisation du territoire national".

Le 05/07/2016 à 10h03