Mariages de convenance: l'équation difficile des homosexuels maghrébins en France

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Revue de presseAu coming-out, plusieurs homosexuels maghrébins habitant en France préfèrent des mariages hétérosexuels de convenance. Une tendance est née mais les complications ne sont jamais bien loin.

Le 19/09/2017 à 08h17

Vivre son homosexualité sans subir la pression latente ou manifeste de la famille. Tel est l’objectif ou plutôt le défi numéro 1 qui pousse plusieurs Maghrébins de France à contracter des mariages de convenance. C’est ce que rapporte Le Monde Afrique dans sa dernière livraison. Le journal s’est basé sur plusieurs enquêtes sociologiques, dont la thèse de doctorat de Salima Amari publiée en 2015.

Pour les besoins de cette thèse intitulée «Des équilibres instables, construction de soi et relations familiales chez les lesbiennes maghrébines migrantes et d’ascendance maghrébine en France», la sociologue a recueilli plusieurs témoignages qui mènent tous à la même conclusion: ces personnes sont obligées de se marier car elles ne peuvent pas faire leur coming-out.

Ainsi, Alex, 33 ans, originaire d’Algérie, est musulman pratiquant. Malgré une bonne situation sociale, il n’a toujours pas trouvé la personne avec qui conclure ce mariage de convenance. Il y a un an, Alex a décidé de sauter le pas et de lier sa vie à une jeune femme lesbienne, de préférence de la même origine que lui. Son objectif était d’organiser une vie de couple avec une partenaire de vie à long terme, tout en permettant à chacun de vivre ses engagements sentimentaux avec quelqu'un même sexe.

Cela semble facile en théorie. Mais dans la pratique, nombreuses sont les personnes qui se trouvent confrontées au désir de maternité de leur futur «faux-partenaire». En Algérie, cela fait deux ans que Ryan, âgée de 26 ans, cadre dans la Sûreté nationale, cherche un homme. En vain. «Tous veulent avoir des enfants», a-t-elle expliqué. Ryan recherche un faux mari de nationalité française pour fuir sa famille et surtout vivre avec «sa femme» qui habite en France.

Comme l’explique Salima Amari, les personnes homosexuelles sont très peu nombreuses à vouloir décrocher ce sésame vers la liberté. Mais peu l'obtiennent. Sur les 50 personnes interrogées dans le cadre de son enquête, seulement deux ont réussi à contracter un mariage de convenance.

Par Qods Chabaa
Le 19/09/2017 à 08h17