Mario Soares, monument de la vie politique portugaise, meurt à 92 ans

Mario Soares ne s'est jamais entièrement remis d'une encéphalite 

Mario Soares ne s'est jamais entièrement remis d'une encéphalite  . Le360 : Adil Gadrouz

L'ancien président socialiste portugais, Mario Soares, un fervent pro-européen qui a marqué de son empreinte l'histoire politique de son pays pendant quatre décennies, est décédé samedi 7 janvier, à l'âge de 92 ans, dans un hôpital de Lisbonne.

Le 07/01/2017 à 20h12

La nouvelle de la mort de l'ancien président socialiste portugais, Mario Soares, a été confirmée à l'AFP par le porte-parole de l'hôpital de la Croix-Rouge, José Barata, sans en préciser les causes.

Hospitalisé le 13 décembre dans un état "critique", l'ex-chef d'Etat ne s'était jamais entièrement remis d'une encéphalite dont il avait été atteint en janvier 2013.

Sa santé s'était encore dégradée après le décès de son épouse en juillet 2015. Après une amélioration passagère, l'ancien chef de l'Etat était tombé dans un "coma profond" le 26 décembre à la suite d'un "épisode aigu" dont la nature n'a pas été dévoilée.

Fondateur du Parti socialiste portugais, ministre des Affaires étrangères, deux fois chef de gouvernement, président de la République de 1986 à 1996 puis député européen, Mario Soares était un personnage incontournable de la démocratie portugaise.

"Je ne me suis jamais considéré comme spécial. Je suis quelqu'un de normal", disait toutefois, dans un entretien paru en février 2015, cet avocat de formation, entré très tôt en politique en tant qu'opposant à la dictature d'Antonio de Oliveira Salazar.

De nombreuses personnalités, dont le président de la République Marcelo Rebelo de Sousa et le Premier ministre Antonio Costa, se sont relayées à son chevet après son hospitalisation.

"Il y a des figures qui marquent et marqueront notre démocratie. On n'a pas besoin d'être de la même couleur politique pour reconnaître ce qu'elles ont fait pour le pays", avait commenté Marcelo Rebelo de Sousa, un conservateur.

"Ma génération a toujours vécu en liberté et nous devons cela en grande partie à Mario Soares", avait déclaré le maire socialiste de Lisbonne, Fernando Medina, 43 ans, à l'issue d'une visite.

Très présent dans le débat public jusqu'à un âge avancé, il a pourfendu avec virulence la politique d'austérité budgétaire mise en oeuvre par le précédent gouvernement de centre droit entre 2011 et 2014, sous la tutelle de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI).

Grand artisan de l'adhésion du Portugal à l'UE, en 1986, il dénonçait, vingty-cinq ans plus tard,l'absence de solidarité des grands pays européens qui avaient, selon lui, "oublié le projet des pères fondateurs" pour se laisser guider par un "capitalisme sauvage".

Sans craindre de prendre le contre-pied de l'opinion publique, il a défendu l'ex-Premier ministre socialiste José Socrates, mis en examen dans une affaire de corruption il y a deux ans.

Visiblement affaibli, il avait assisté en juillet, sans prendre la parole, à une cérémonie organisée en son honneur par l'actuel gouvernement socialiste.

Sa dernière apparition en public remonte à septembre, à l'occasion d'un hommage rendu à sa femme, la comédienne et philanthrope Maria Barroso. Marié en 1949, le couple a eu deux enfants, dont l'ancien maire de Lisbonne et ex-ministre de la Culture, Joao Soares.

Fils d'un curé défroqué, Mario Soares se définissait comme agnostique mais restera dans la mémoire des Portugais comme un homme de convictions et un infatigable animal politique.

Son rôle aura été particulièrement important au lendemain de la Révolution des Oeillets de 1974, un coup d'Etat militaire qui a mis fin à quatante-huit ans de dictature et à treize ans de guerres coloniales.

Faisant barrage au Parti communiste d'Alvaro Cunhal, il a remporté les premières élections libres organisées au Portugal.

Cependant, sa dernière joute électorale, la présidentielle de 2006 qu'il a disputée à 80 ans, s'est soldée par un cuisant échec face à son autre grand rival historique, le conservateur Anibal Cavaco Silva.

Le 07/01/2017 à 20h12