Vidéo. Des Polonaises massivement "en grève" contre l'interdiction quasi totale de l'IVG

DR

La Pologne a été traversée lundi par une grande vague de manifestations de "femmes en grève" vêtues de noir contre une proposition de bannir pratiquement l'avortement dans ce pays à la législation déjà parmi les plus restrictives en Europe.

Le 03/10/2016 à 17h38

Tout au long de la journée, des foules ont rempli les grandes places des principales villes du pays, Varsovie, Cracovie, Poznan, Szczecin, Gdansk, Katowice, suivant les mots d'ordre relayés sur les réseaux sociaux, appelant les femmes à s'absenter du travail et à manifester de différentes manières leur mécontentement.

Dès le matin, des protestataires, dont beaucoup de jeunes filles, s'étaient réunies devant le siège du parti conservateur au pouvoir Droit et Justice (PiS), pour former un "mur de la fureur" contre la proposition de loi "inhumaine" envoyée la semaine dernière à une commission parlementaire par une forte majorité des députés.

En début d'après-midi, dans le centre historique de la capitale, elles étaient des dizaines de milliers à scander: "Cette loi viole nos droits", "On ne se laissera pas faire", "Cruauté", ou "Les femmes feront tomber ce gouvernement".

Proposition d'initiative citoyenne déposée par le comité "Stop Avortement", le texte prévoit l'interdiction de l'IVG à une exception extrême près - lorsque la vie de la femme enceinte est en danger immédiat.

Il prévoit également une peine de prison pouvant atteindre cinq ans tant pour les médecins et autres personnes participant à l'IVG, que pour les patientes elles-mêmes, mais autorise le juge à renoncer à punir ces dernières.

"Je suis ici pour que ma fille ait la liberté de choix en Pologne, que personne ne m'impose comment je dois vivre, ce que je dois faire avec mon corps et avec celui de mes enfants. Dans mon entreprise toutes les femmes sont autorisées à prendre congé aujourd'hui et beaucoup d'entre elles l'ont fait", a déclaré à l'AFP Marta Kozlowska, secrétaire de 37 ans.

"Personne n'a le droit de décider ce que je dois faire avec mon utérus", lance Katarzyna Goluch, une lycéenne de 17 ans. Si un jour je suis violée, et si la loi est en vigueur, je serai obligée de poursuivre la grossesse. La même chose, en cas de malformation du foetus. Il faut dire enfin non!".

Des manifestations de soutien se sont tenues à Paris, Berlin, Bruxelles et Londres, selon les images de différents médias.

"Qu'elles s'amusent", a commenté dans une radio le ministre polonais des Affaires étrangères Witold Waszczykowski, provoquant une avalanche de réactions indignées. Selon lui, un débat mercredi prochain à Strasbourg sur la situation des femmes en Pologne, marquera "un nouveau pas vers la compromission du Parlement européen".

Les évêques polonais, qui appuient le principe général d'interdiction, se sont également prononcés contre une sanction pénale contre les femmes ayant subi l'IVG. Ils ont vivement critiqué les rassemblements de lundi.

"Ces marches noires sont une manifestation terrifiante de la civilisation de la mort", a déclaré l'archevêque de Lodz (centre) Marek Jedraszewski cité par la chaîne TVN24.

Le 03/10/2016 à 17h38