Vidéo. Pakistan: la Kim Kardashian des réseaux sociaux étranglée par son frère

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Qandeel Baloch, une jeune Pakistanaise devenue une vedette sur les réseaux sociaux pour ses "selfies" controversés, a été étranglée par son frère, apparemment pour des motifs d'"honneur", a indiqué la police samedi.

Le 16/07/2016 à 12h18

Souvent comparée à la starlette américaine Kim Kardashian, la jeune femme, une jolie brune aux lèvres pulpeuses, "a été étranglée par son frère", a déclaré à l'AFP Sultan Azam, un officier de police de la ville de Multan (centre).

"Apparemment, il s'agit d'un cas de +crime d'honneur+", a-t-il ajouté, précisant que la police avait été informée du meurtre samedi par les parents de la jeune femme.

"Le frère a pris la fuite après le crime, nous faisons de notre mieux pour l'arrêter", a-t-il poursuivi.

Un autre responsable de police, Azhar Akram, a confirmé le meurtre et précisé que la jeune femme se trouvait alors en visite chez ses parents dans le village de Muzzafarabad, près de Multan, pour les fêtes de l'Eïd.

"Son frère était là aussi et la famille nous a dit qu'il l'avait étranglée", a-t-il déclaré, évoquant lui aussi "un possible cas de crime d'honneur".

Agée d'une vingtaine d'années, Qandeel Baloch ou Fouzia Ahmad de son vrai nom, était devenue célèbre au Pakistan à force d'auto-promotion.

Elle apparaissait régulièrement -toujours soigneusement coiffée et maquillée- dans des selfies langoureux sur les médias sociaux, et s'était assurée des dizaines de milliers d'abonnés mais aussi une aura de scandale dans ce pays musulman très conservateur.

Souvent critiquée et insultée en ligne par ses contempteurs, elle était aussi admirée par d'autres parties de la société pour sa liberté de ton et son culot.

La jeune femme avait notamment défrayé la chronique le jour de la Saint-Valentin en s'affichant dans une robe pourpre décolletée, défiant ainsi ouvertement un appel du président pakistanais à la jeunesse à faire l'impasse sur cette fête "occidentale".

Plus récemment, elle avait posé pour des selfies avec un important dignitaire religieux, le tournant en ridicule dans des clichés en minaudant, coiffée de sa toque d'astrakan. Le moufti avait par la suite été suspendu d'un comité religieux.

L'annonce de la mort de la jeune femme suscitait de vives réactions sur internet samedi au Pakistan.

"#QandeelBaloch tuée dans un crime d'honneur. Combien de femmes devront mourir avant que (le Pakistan) adopte une loi anti-crimes d'honneur", s'indignait la réalisatrice pakistanaise Sharmeen Obaid-Chinoy, lauréate cette année d'un oscar pour un documentaire dénonçant ces crimes.

"Aucune justification, aucun honneur, aucune défense. On devrait faire un véritable exemple de cet acte de haine, en commençant par arrêter son frère, a renchéri Bakhtawar Zardari, fille de l'ex-première ministre assassinée Benazir Butto.

"Les réseaux sociaux te regretteront Qandeel... Tu t'en vas mais ton courage et ton audace demeurent pour faire le deuil après ton meurtre brutal", écrivait une autre internaute.

D'autres au contraire saluaient l'acte de son frère comme une "bonne nouvelle" pour le Pakistan, qu'elle "couvrait de honte".

Des centaines de femmes sont tuées chaque année au Pakistan par des proches sous prétexte qu'elles auraient bafoué l'"honneur" familial.

Le 16/07/2016 à 12h18