Benkirane: les jeux sont faits

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Revue de presseKiosque360. Le Conseil national du PJD a rejeté, à la majorité des voix, la proposition d’amendement des articles 16 et 37 des statuts du parti. Benkirane ne pourra donc prétendre à un troisième mandat. Une défaite cuisante pour le SG sortant et ceux qui ont tout misé sur lui.

Le 26/11/2017 à 22h19

Le Conseil national, qui s'est réuni ce week-end, à Salé, pour une session extraordinaire, a voté contre l’amendement des articles 16 et 37 des statuts du parti. En conséquence, le secrétaire général ne peut désormais plus prétendre à un troisième mandat, tandis que les ministres continueront de siéger au sein du secrétariat. Ainsi, affirme le quotidien Assabah qui parle, dans son édition du lundi 27 novembre, d’une «cuisante défaite pour Benkirane», 126 membres sur 231 ont voté contre un troisième mandat, lorsque 101 se sont prononcés en faveur de Benkirane.

Le Conseil a de même rejeté l’amendement de l’article 37 qui empêche les ministres d'avoir droit, de par leur qualité de membres du gouvernement, à un siège au sein du secrétariat général du parti. Ce faisant, affirme le journal, le parti a pu éviter une scission inéluctable. Désormais, note Assabah, le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, se positionne en première ligne pour prendre également les commandes du parti, à l’issue du congrès prévu les 9 et 10 décembre.

Le quotidien est revenu sur les coulisses de cette réunion à huis clos, dont la première partie a duré plus de 14 heures et a été marquée de débats souvent houleux. Durant cette réunion, les partisans des deux clans ont recouru au vote secret pour se départager. Assabah a néanmoins pu apprendre que la plupart des ministres, notamment Aziz Rebbah, Mustapha Ramid et Lahcen Daoudi, étaient contre l’idée d'un changement des statuts qui permettrait à Benkirane de rempiler. 

Dans l’autre camp, Abdelhak Elarabi, directeur du parti, Abdelali Hamieddine et Amina Maelainine, entre autres, se sont cramponnés à leur position en faveur de la reconduction de l’actuel secrétaire général. Et c’est Slimane El Omrani, secrétaire général adjoint, et Mustapha El Khalfi qui ont créé la surprise. Le premier s’est déclaré, contre toute attente, contre le troisième mandat, alors que le ministre chargé des relations avec le Parlement a pris position pour Benkirane, à condition, toutefois, que ce dernier s’engage par écrit à soutenir le gouvernement El Othmani.Et, comme il fallait s’y attendre, note le journal, il y a eu une alliance de circonstance entre le clan des ministres et les membres du MUR, qui ont également voté contre le renouvellement du mandat de Benkirane.

Dans son édition de ce lundi, le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte de même que, malgré l’importante campagne de mobilisation et de communication menée récemment par Benkirane et ses alliés, le Conseil national a finalement tranché pour sa non-reconduction pour un nouveau mandat.

Auparavant, observe le journal, le secrétaire général, qui a reconnu l’existence d’une crise au sein du parti lors de son intervention d’ouverture des travaux de cette session, a bien tenté une réconciliation entre les deux clans adverses. Mais le parti, a-t-il déclaré, est «majeur et vacciné et prend les décisions qui l’arrangent en toute indépendance, selon les mécanisme de la démocratie». 

Toujours est-il que, affirme Akhbar Al Yaoum dans son édition du jour, c’est «le clan de la peur» qui a gagné.«Le Roi m’a congédié, le parti a mis fin à mes responsabilités et je suis tranquille maintenant», s'est contenté, pour sa part, de déclarer Benkirane après le vote.

Selon le journal, réputé proche du courant de Benkirane, les ministres ne se seraient pas tous exprimés contre l’amendement de l’article 16. Quatre d'entre eux ont, en effet, gardé le silence pendant toute la durée des débats, préférant ne prendre position pour aucun clan. Pour le journal, si le clan des ministres a néanmoins pu gagner cette bataille des statuts, c’est notamment grâce à l’appui de deux catégories de membres du Conseil national. Il s’agit, en premier lieu, de ceux qui portent une double casquette de militants du PJD et membres du MUR. Il y a, ensuite, le clan des parlementaires, présidents de communes et autres responsables locaux, ainsi que les membres des cabinets des ministres, qui «ont eu peur pour leurs intérêts». 

Par Amyne Asmlal
Le 26/11/2017 à 22h19