Benkirane: «Nous avons perdu une bataille, mais nous ne devons pas perdre la guerre»

DR

Revue de presseKiosque360. C’est ce rituel de recueillement sur la tombe du Dr El Khatib que Benkirane a choisi pour lancer sa campagne pour un troisième mandat à la tête du parti. Dans cette sortie politique, la première depuis le 15 mars, il a tenu à envoyer des messages à ses adversaires.

Le 24/06/2017 à 09h44

Pour sa première véritable sortie politique après sa décharge de la mission de former le gouvernement, Abdelilah Benkirane a bien choisi le lieu et les mots. C’est sur la tombe de feu Dr Abdelkrim El Khatib, que Benkirane avait promis, en 2011, que son parti allait gagner les élections. C’est ce même endroit qu’il a choisi aujourd’hui pour envoyer ses messages à ses adversaires politiques et à l’institution monarchique, affirme le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition de ce week-end des 24 et 25 juin.

Des mots d’abord sur la crise que traverse le parti. «Les enfants du PJD savent que le parti traverse une phase difficile et gênante», a notamment affirmé l’ancien chef du gouvernement, précisant qu’en parlant des enfants du PJD, il ne s’agit pas seulement des militants encartés, mais de «tous ceux qui servent leur patrie avec dévouement». Et, ajoute-t-il en prévenant contre une éventuelle implosion du parti, «les fils du PJD ne doivent en aucun cas être divisés». Ils devront continuer à lutter chacun dans son poste, affirme Benkirane, car pour «ce peuple qui nous a fait confiance, qui nous a accordé ses suffrages aussi densément, en 2011, puis en 2015, envers et contre tous les envieux et les comploteurs qui ont été démasqués et qui ont pris des coups en 2015, puis en 2016… malgré les manigances… pour ce peuple, donc, nous ne laisserons pas tomber».

«Nous pouvons perdre une bataille, mais nous ne perdrons pas la guerre : la guerre contre la corruption (fassad) et la guerre contre l’absolutisme (Istibdad)», lance Benkirane à son auditoire composé d’une délégation savamment choisie des membres du PJD. Et d’ajouter : «bien sûr, nous pouvons être défaits, nous incliner devant les complots, mais tout cela est une épreuve de notre fermeté et de notre identité. Si nous cédons, nous disparaîtrons. Ne soyons pas comme un morceau de sucre ou une pincée de sel qui se dilue facilement dans un peu d’eau».

Bien que le journal proche de Benkirane ne le précise pas, la sortie de ce dernier a tout l’air d’une campagne pour un troisième mandat à la tête du PJD. Le ton de ses paroles et les références appuyées au docteur El Khatib (fondateur du parti) en disent long sur les intentions du secrétaire général sortant.

«Nous nous réclamons du Dr El Khatib car lui aussi avait été exposé à des conditions dures dans l’exercice de la politique. En 1974, il avait été écarté des affaires, mais il avait su se montrer patient et persévérant», a notamment affirmé en ce sens Benkirane avant de s’en prendre indirectement à l’entourage royal. Sans pousser le bouchon trop loin, il a précisé que «l’attachement du PJD à la monarchie n’est pas discutable car il émane d’une conviction profonde. Notre relation s’inscrit dans l’allégeance et le soutien, et aussi dans le conseil courageux et respectueux».

Par Amyne Asmlal
Le 24/06/2017 à 09h44