Bensalah épingle le bilan économique du gouvernement

Mohamed Boussaid et Abdelilah Benkirane, ce 2 juin 2016 à Skhirat.

Mohamed Boussaid et Abdelilah Benkirane, ce 2 juin 2016 à Skhirat. . Mehdi-Le360

La présidente de la CGEM estime que l'économie nationale a du chemin à faire pour pouvoir intégrer le club des pays émergents. C’est ce qu’elle a affirmé ce jeudi à Skhirat devant un colloque de l'Association des membres de l'Inspection générale des finances en présence du chef du gouvernement.

Le 02/06/2016 à 18h24

Abdelilah Benkirane semble ne pas avoir apprécié la note de 2 sur 5 que lui a octroyée la patronne des patrons pour son bilan économique.

Meriem Bensalah assure que l'économie nationale est toujours au niveau de "la voie de développement". Pour être émergent, selon elle, il faut absolument que l'économie réponde à cinq critères: "réaliser un bon niveau de développement humain, disposer d'un marché intérieur en pleine expansion, ouvrir fortement l'économie sur le commerce extérieur, atteindre un niveau relativement élevé d'industrialisation et d'exportation, et avoir un fort taux de croissance du PIB".

«Or, persiste la présidente de la CGEM, sur les 5 critères, notre note est à peine de 2/5".

Entre 2007 et 2011, le taux de croissance moyen était de 4,6%. "Il n'est que de 3,3% pour la période 2012 à 2016. En 5 ans, a-t-elle observé, nous avons perdu 1,3 point de croissance, et le plus préoccupant est que ce ralentissement vient du PIB non agricole". 

Elle a levé le voile sur ce que cache le gouvernement. "La part de l'industrie dans le PIB, malgré les résultats probants de certains métiers mondiaux de l'industrie tels que l'automobile et l'aéronautique, ne dépasse pas 16% aujourd'hui. En matière de développement humain, nous sommes classés 126e sur 188 pays, soit dans la moitié inférieure du classement».

"Nous sommes donc toujours en voie d'émergence même si nos fondamentaux macro-économiques restent sains. N'en soyons pas vexés et cherchons la voie de l'excellence!", a-t-elle martelé, ajoutant qu'il faut notamment "une économie attractive pour les investissements, une justice fiscale, une croissance inclusive et des incitations, non seulement pour les métiers du monde, mais pour ceux qui constituent l'épine dorsale de l'économie du Maroc d'aujourd'hui: le tourisme, la pêche, l'agriculture, l'industrie - véritable créatrice de richesses- le BTP, le transport, les services...".

Le son de cloche du chef du gouvernement et de son ministre de l'Economie, Mohamed Boussaid, était bien différent. Ils ont salué la maîtrise de l'équilibre macro-économique, la stabilité et la paix qui règnent dans notre pays. Ils ont reconnu, comme l'a dit Meriem Bensalah, la crise de l'emploi et la pauvreté du monde rural.

Benkirane s'est plaint de la faiblesse des recettes de l'Etat qui se chiffrent à seulement 200 milliards de dirhams dont 140 milliards vont aux salaires des fonctionnaires et le peu qui reste à la compensation et aux investissements.

Il a appelé à un allègement des fonctions de l'Etat en proposant de concéder certaines tâches au privé.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 02/06/2016 à 18h24