Coalition mondiale contre Daech: ce que préconise Bourita

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale.

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale. . DR

La stratégie de communication de la Coalition mondiale contre Daech, si elle devait s'orienter vers l'Afrique, «gagnerait à bénéficier des ressources et perspectives africaines», a affirmé, mardi à Skhirat, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita.

Le 26/06/2018 à 13h53

Nasser Bourita, qui s'exprimait à l'ouverture de la réunion régionale des directeurs politiques de la Coalition mondiale contre Daech portant sur la menace de ce groupe terroriste en Afrique, a fait observer que «la lutte contre la propagande de Daech en Afrique ne pourra être efficace que si les messages et les vecteurs développés par la Coalition tiennent compte des subtilités du terrain».

Le redéploiement des combattants de Daech vers l'Afrique nécessite également une forme de coopération avec les Etats africains qui permette d'améliorer leur connaissance des dynamiques de déplacement [des terroristes], d'anticiper la formation de fiefs durables et de renforcer les capacités de détection des partenaires africains, a souligné le ministre.

L'efficacité de la lutte contre le terrorisme en Afrique «requiert une prise en compte adéquate des causes profondes de ce fléau (...) sans laquelle notre action demeurera vaine», a-t-il noté, expliquant que les vulnérabilités liées à l'impact des changements climatiques sur les populations africaines, l'appauvrissement de communautés entières du fait de l'absence d'une croissance économique inclusive, aggravée par une démographie galopante, constitue un terrain fertile à l'infiltration puis à l'enracinement des groupes terroristes et de leurs idéologies extrémistes. 

De même, «l'absence d'une coopération qui soit à la hauteur de l'évolution croissante de ces défis, combinée à l'incohérence de certaines approches adoptées, expose les Etats africains à des pressions multiformes», a relevé le ministre.

L'Afrique a «besoin plus que jamais d'une action commune, immédiate et déterminée en faveur de sa stabilisation politique, du renforcement de sa sécurité et de la promotion de son développement économique qui lui permettre de retrouver sa vocation première, à savoir celle d'un véritable pôle d'attraction et d'un espace de développement et de stabilité», a-t-il martelé.

Bourita a fait remarquer que «les pays africains ont démontré, si besoin était, par des faits concrets, leur détermination, leur prise de conscience et leur volonté de s'approprier les problématiques entravant leur développement et leur sécurité, en proposant des stratégies pragmatiques, concrètes et ambitieuses».

A cet égard, le ministre a rappelé que le Maroc, «conscient de ses responsabilités envers son continent d'appartenance (...), s'est engagé, dans le cadre de la vision royale, à développer un modèle novateur de coopération avec ses frères africains», notant que ce modèle s'est transformé au fil du temps «en un véritable partenariat global, visant une stabilité durable du continent et mettant le citoyen africain au centre de notre action commune». 

En prenant l'initiative de cette rencontre, le Maroc, a poursuivi Nasser Bourita, entend notamment offrir l'opportunité à la Coalition d'appréhender (...) la réalité de la menace de Daech en Afrique, et permettre aux Etats africains non membres de connaître de près les différentes dimensions de l'action menée par la Coalition, ses dynamiques et ses objectifs déclinés dans les mesures envisagées par ses groupes de travail, tout en explorant le potentiel de coordination, les synergies et les possibles voies de coopération.

Le Maroc, a-t-il conclu, continue d'assumer ses responsabilités envers son continent d'appartenance et son voisinage tout en demeurant disposé à jouer un rôle pour l'éclosion d'un véritable partenariat de lutte contre le terrorisme en Afrique. En 2017, selon Bourita, environ 343 attentats terroristes ont été recensés en Afrique. Ils ont entraîné la mort d'au moins 2.600 personnes, soit 22 fois plus de victimes qu'en Europe.

En termes d'effectifs, le plus important groupe affilié à Al-Qaida se trouve actuellement en Afrique, avec plus de 6.000 combattants. Les éléments affiliés à ce groupe en Afrique de l'Ouest seulement sont estimés à 3.500 combattants. 

En Afrique du Nord, le nombre d'individus affiliés à Daech est significatif et susceptible d'être renforcé par les retours de combattants aguerris de la zone irako-syrienne. Cette réunion, marquée par la participation de l’envoyé spécial du président Trump pour la Coalition contre Daech, Brett H. McGurk, et d'un groupe restreint de pays membres de la Coalition contre Daech, est l'occasion pour les partenaires de la Coalition de discuter des prochaines étapes pour assurer une défaite durable de Daech en Irak et en Syrie, ainsi que les moyens d'accélérer l’approche collective de lutte contre les ambitions mondiales du groupe terroriste.

La rencontre mettra particulièrement l'accent sur la présence de Daech en Afrique et inclura une discussion détaillée des priorités pour les multiples axes d'action de la Coalition tels que la stabilisation, les combattants terroristes étrangers, le financement antiterroriste et les messages anti-radicalisation.

Le 26/06/2018 à 13h53