Conseil national du PJD: point de troisième mandat pour Benkirane

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Revue de presseKiosque360. La dernière session du Conseil national du PJD a été l’occasion, pour Benkirane, de revenir sur la crise qui traverse le parti depuis la nomination d’El Othmani à la tête du gouvernement. Plusieurs journaux se sont intéressés à ce sujet dans leurs éditions du 17 juillet. Les détails.

Le 17/07/2017 à 13h49

Benkirane n’aura vraisemblablement pas droit à un troisième mandat à la tête du PJD. Pourtant, il a tout fait pour, relèvent les quotidiens nationaux qui reviennent sur le déroulement, samedi, de la session extraordinaire du Conseil national du parti. La réunion a démarré avec une crise et s'est terminée sur un accord consensuel écartant complètement Benkirane, affirme le quotidien Al Ahdath Al Maghribia qui titre un article consacré au sujet dans son édition du lundi 17 juillet: «La fin de Benkirane».

Cette session extraordinaire, lors de laquelle il a été décidé d’organiser le prochain congrès du parti les 9 et 10 décembre, ne s’est pas déroulée comme l’aurait souhaité Benkirane, affirme le journal. Il est évident, ajoute le quotidien, qu’un troisième mandat pour le secrétaire général sortant est le dernier point sur lequel les islamistes du PJD auraient à s’entendre. En effet, explique le journal, l’intérêt du parti et le souci de son unité et de sa cohésion l’ont emporté finalement sur les actions en coulisses de certains individus et groupes d’individus, dont les alliés affichés de Benkirane, qui ne voyaient pas l’avenir du PJD sans ce dernier.

Le clan Benkirane a, en effet, vainement tenté d’imposer un changement des statuts par l’amendement de l’article 16 pour maintenir le secrétaire général sortant sur les devants de la scène pour un nouveau mandat. Ils n’ont pas pu convaincre le tiers des membres du Conseil national, soit le quorum nécessaire pour proposer cet amendement au vote durant le congrès. Benkirane s’en est montré très affecté. Surtout en découvrant que son influence sur l’organisation du parti s’était estompée, note le journal.

Akhbar Al Yaoum, réputé proche de l’aile de Benkirane au PJD, s’est, quant à lui, attardé sur l’intervention de ce dernier au Conseil national et ce que le journal considère comme «ses messages politiques aux différentes parties ayant contribué à la crise que traverse le PJD». Selon le journal daté du 17 juillet, Benkirane a admis que le parti traverse une crise et qu’il avait été tenté de présenter sa démission du parti au moment où il se trouvait en Arabie saoudite. Benkirane a également reconnu que les débats des premières réunions du secrétariat général auxquelles il a participé après avoir été écarté du gouvernement ont été houleux au point de menacer de miner ces réunions. C’est pour cela que cette instance a été gelée pendant longtemps.

Benkirane a également affirmé fièrement, rapporte le journal, devant les membres du Conseil national, ne pas avoir pleuré lorsqu’il a été déchargé de la mission de formation du gouvernement. Le quotidien a de même évoqué les propos de Benkirane sur les événements d’Al Hoceima et les promesses du PJD d'honorer ses engagements envers la monarchie et vis-à-vis de ses électeurs. Akhbar Al Yaoum parle, par ailleurs, de l’engagement de Benkirane pour que le PJD soutienne le gouvernement d’El Othmani. En conclusion, le quotidien estime que les dirigeants du PJD ont pu éviter l’éclatement du Conseil national en laissant pour le congrès les questions qui fâchent. Cela d’autant, affirme-t-il, que les ministres se sont abstenus de prendre la parole lors de cette session extraordinaire.

Assabah qui s’intéresse également au sujet dans son édition du 17 juillet s’est focalisé sur les propos de Benkirane selon lesquels «les accusations de traitrises sont devenues monnaies courantes au PJD». Le journal s’est, lui aussi, attardé sur la question du troisième mandat précisant que le PJD serait bien amené à organiser une autre session extraordinaire du Conseil national pour trancher cette question. Assabah parle également d’une «troisième voie» selon laquelle la seule possibilité de sortie de crise pour le PJD serait d’élire un secrétaire général qui ne soit ni Benkirane ni El Othmani, mais une troisième personne qui sache faire preuve de rigueur, d’autonomie de décision et d’une certaine souplesse dans ses rapports avec les institutions. Le quotidien s’est également intéressé aux points de vue de deux ministres, Lahcen Daoudi et Aziz Rebbah, qui affirment que «les personnes ne sont pas sacrées», que «tous les membres du PJD ne sont pas du même avis» et qu’il n’est pas question de changer les statuts du parti «en faveur de certaines personnes et au détriment des autres».

Al Massae a, pour sa part, écrit sur ce sujet dans son édition du 17 juillet, affirmant que Saâd-Eddine El Othmani a pu finalement arracher un soutien franc de Benkirane et de son clan, et donc du PJD, pour son gouvernement. Selon le journal, Benkirane a reconnu, amèrement, que «les détracteurs du PJD avaient finalement réussi à porter atteinte à la seule valeur qui faisait le parti: la confiance». Le journal a abordé pratiquement les mêmes thèmes soulevés par les autres quotidiens, précisant que Benkirane a fait endosser la responsabilité des événements d'Al Hoceima au PAM. Sur le plan organisationnel, le journal affirme que le Conseil national a fixé les critères de sélection des 1.500 congressistes «nationaux» et des 60 congressistes parmi les MRE qui devraient participer au congrès les 9 et 10 décembre.

Enfin, selon le quotidien Al Akhbar qui aborde également le sujet dans son édition de lundi, «le clan des ministres finira par vaincre Benkirane». Le journal affirme que le nombre des membres du Conseil national ayant adressé des demandes au président pour intégrer à l’ordre du jour la question du changement des statuts n’a même pas atteint le tiers. Le journal a donné la parole à plusieurs ministres qui ont tous affirmé que «le parti ne peut être réduit à la personne de son secrétaire général».

Par Amyne Asmlal
Le 17/07/2017 à 13h49