El Othmani et ses ministres emploient des «experts» payés pour ne rien faire

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Revue de presseKiosque360. Le chef du gouvernement a donné son feu vert à tous ses ministres afin de louer les services de fonctionnaires-experts chargés d’accomplir des tâches particulières. Ces «experts» percevraient des émoluments mensuels de quelque 50.000 dirhams.

Le 24/09/2018 à 21h13

Malgré une fonction publique dotée de ressources humaines regroupant 600.000 fonctionnaires et mobilisant 110 milliards de dirhams en salaires annuels, soit 12% du PIB et malgré, aussi, toute une armée de jeunes diplômés-chômeurs, le gouvernement actuel ne se prive pas de verser dans un semblant de «favoritisme» au niveau de certains emplois.

C’est du moins ce que rapporte le quotidien Assabah qui, dans son édition de ce mardi 25 septembre, affirme que le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, a donné son feu vert aux ministres afin de recruter, à titre contractuel, des «experts» auxquels ils assigneront des missions et des tâches précises. En plus de gros salaires mensuels pouvant atteindre les 50.000 dirhams, ces «experts», généralement choisis parmi les «proches» et «amis» selon Assabah, ont également droit à des frais de déplacement, tant à l’intérieur du Maroc qu’à l’étranger.

Le quotidien se demande donc à quoi servent tous ces hauts cadres dont sont truffés tous les ministères, grandes entreprises publiques et autres administrations. D'autant que même le ministère de l’Economie et des finances, connu pour être une pépinière de compétences pointues et payées à prix d’or, n’a pas résisté à la tentation de recourir à son tour à ces «experts» contractuels.

La primature n’est pas en reste puisqu’El Othmani s’est attaché, lui aussi, les services de ces experts pour lui soumettre des études et des rapports sectoriels, tout en facilitant la procédure de leur recrutement par les autres ministères. Et ce, sans se donner la peine d’être un peu regardant sur d’éventuelles accointances politiques, partisanes, familiales, ou autres.

Mais le pire est que ces experts, rapporte Assabah, s’adossent à d’autres cabinets étrangers en devenant des sous-traitants dans la confection de rapports sectoriels commandés par les ministères. C’est à se demander à quoi servent alors des institutions nationales comme le Conseil économique, social et environnemental, le Conseil de la concurrence, la Cour des comptes, le Conseil national des droits de l’Homme, les universités, les instituts supérieurs, les think tank, les centres de recherche… Surtout que les «expertises» coûteuses commandées par le gouvernement n’apportent jamais rien de nouveau, mais pondent des rapports qui ne font que constater ce que tout le monde voit à l’œil nu.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 24/09/2018 à 21h13