Exclusif. Sahara: voici ce qui s’est réellement passé à Addis-Abeba

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Après avoir déclaré forfait face au Maroc, qui a remporté le poste de représentant de l’Afrique du Nord au Conseil de paix et de sécurité à l’UA, Alger a tenté de faire passer un projet de décision hostile à la souveraineté marocaine sur le Sahara. Les dessous de cette manoeuvre de désinformation.

Le 30/01/2018 à 22h59

Une nouvelle manœuvre insidieuse ourdie par Alger est tombée à l’eau. Et c’est à Addis-Abeba, à l’occasion du 30e Sommet de l’Union africaine (du 28 au 29 janvier), qu’elle a tenté de la mettre en œuvre. C’est donc à l’occasion du premier anniversaire du retour du Maroc à l’UA, acté le 28 janvier 2017, qu’Alger a voulu marquer un coup.

En quoi a consisté la manœuvre du voisin de l’est à Addis-Abeba? Alger voulait faire passer un projet de décision préjudiciable au principe de souveraineté marocaine sur le Sahara, via le Conseil de paix et de sécurité (CPS), instance la plus importante de l’Union africaine, présidée par le diplomate algérien Ismaël Chergui. «Retour des observateurs africains à Laâyoune», «retour du Maroc sur le désaveu de l’émissaire de l’UA pour le Sahara, Joachim Chissano, ancien président du Mozambique (ennemi du Maroc»), «monitoring des droits de l’Homme au Sahara» et, last but not least, une motion stipulant que «l’UA demeure saisie du dossier du Sahara», quand bien même ce dossier est du seul ressort des Nations Unies.

Voilà les termes de ce projet de décision qu’Alger a tenté en vain de faire passer via le dénommé Ismaël Chergui, qui préside aux destinées de la plus importante commission de l’Exécutif africain. Et pour donner du lustre à cette décision relative à un rapport du département, présidé par l’Algérien Chergui, les médias algériens et du Polisario ont relayé cette information en la déformant. Ils l’ont présentée comme une résolution du sommet de l’UA, alors qu’il s’agit d’une décision proposée dans le cadre du rapport du CPS. «La résolution du sommet de l’UA est une chose, une décision liée au rapport de l’une des commissions de l’UA en est une autre», précise à le360 une source diplomatique. Mais visiblement, les médias affiliés au régime algérien ne cherchent guère à présenter les faits, puisque tambours battants, ils ont suivi le mot d’ordre de l’agence de presse officielle algérienne, APS, en titrant que «l’UA isole le Maroc et soutient les négociations directes». Non, ce n’est pas l’UA qui a demandé les négociations directes entre le Maroc et le Polisario, mais la commission présidée par l’Algérien Chergui.

Mais il y a chose plus grave que l’APS et sa horde de médias ont sciemment oublié de préciser. Même la décision du CPS a buté contre les réserves de dix-neuf pays africains, apprend le360 de source diplomatique. Des réserves consignées par écrit! Quand on sait que les résolutions au sein de l’UA sont votés par consensus et qu’il suffit d’un tiers bloquant pour rejeter une décision ou une résolution, avec 19 voix contre, la décision du CPS n’avait de toute façon aucune chance de passer. D’ailleurs, il a fallu 17 voix (soit deux de moins que cette fois-ci) pour qu’une décision du même esprit soit rejetée en juillet 2017.

A ce sujet, il faut rappeler que, pas plus tard qu'en juillet 2017, à l’occasion du 29e Sommet de l’UA à Addis-Abeba, le même Chergui avait tenté de faire passer ledit projet de décision. Sauf que sa manœuvre s’est soldée par un cuisant échec: 17 pays africains amis du Maroc s’y étaient opposés. Six mois plus tard, ce ne sont pas dix-sept mais dix-neuf qui ont dit «Non» à ce projet tendancieux. Une augmentation du nombre de pays qui peut donner à réfléchir aux ennemis de l’intégrité territoriale au Maroc, même si en réalité la dernière tentative du CPS est vaine, car seule demeure valide la décision votée en juillet 2017.

Janvier bis repetita de juillet

Lors du même 29e sommet (juillet 2017), c’est en effet une décision allant dans le sens des intérêts marocains qui a été adoptée. Il s’agit de la décision 653 qui, comme l’a précisé le président de la Commission de l’UA, hier lundi 29 janvier, au terme du 30e Sommet de l’UA, «est toujours valide et continue de constituer une base de référence» pour la structure panafricaine. Cette précision apportée par le patron de l’Exécutif de l’UA tord le cou aux allégations algéro-séparatistes selon lesquelles «l’UA demeure historiquement et politiquement saisie du dossier du Sahara» (propos du premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia).Que de mensonges! A la fin du 30e Sommet, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a rappelé que la décision 653 demande à l’UA d’ «apporter son soutien aux efforts de l’ONU pour trouver une solution consensuelle et définitive au conflit du Sahara». Les allégations algéro-polisariennes sur un prétendu «rôle» ou «implication» de l’UA dans le dossier relèvent davantage du fantasme qu’elles ne collent à la réalité des faits.

Le pourquoi de la manœuvre algérienne

Le choix du Maroc d’intégrer le Conseil de paix et de sécurité, instrumentalisé longtemps par Alger pour nuire aux intérêts de Rabat, est à la fois juste et pertinent. C’est dans ce département que se trament toutes les manœuvres hostiles au royaume. En voulant faire passer son projet tendancieux, Alger entendait évidemment affaiblir la position du Maroc qui vient d’intégrer le Conseil de paix et de Sécurité. Mais elle s’est ramassée. Le monopole algérien sur le Conseil n’est désormais qu’un lointain souvenir. En plus du Maroc, neuf nouveaux pays majoritairement acquis à la position marocaine viennent d’intégrer le CPS: le Liberia, le Gabon, le Sierra Leone, le Togo, la Guinée Equatoriale, le Djibouti, sans compter le Rwanda et l’Angola, dont le rapprochement avec le Maroc n'est plus à démontrer.

Il en ressort qu'avec cette nouvelle composition, le Conseil de paix et de sécurité n’est plus un terrain acquis pour la partie adverse. Alger l’a bien compris, en retirant sa candidature trois jours avant le vote qui donne une place dans ce conseil à un pays d’Afrique du Nord. Alger s’est retirée parce qu’elle craignait le face-à-face avec Rabat. Evidemment, les médias du régime de Bouteflika ont encore une fois trouvé la parade à ce forfait: Alger aurait retiré sa candidature pour se présenter pour un mandat de trois ans en 2019 au lieu du mandat de deux ans arraché par le Maroc. Alger aurait donc découvert, juste trois jours avant le vote, qu’il y avait un mandat de trois ans en 2019! Même une âme crédule ne peut avaler de pareilles balivernes! D’ailleurs, un diplomate égyptien a commenté en ces termes le retrait d’Alger: «L’Algérie craint donc le Maroc plus que l’Egypte! Car en 2019, sa candidature sera confrontée à la nôtre!».

Par M'Hamed Hamrouch
Le 30/01/2018 à 22h59