Fonds d’aide aux veuves: les coulisses d’un sauvetage royal

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Revue de presseKiosque360. Les tractations autour du fonds de soutien aux veuves dans une situation précaire ont duré plus d’une année. Faisant face à une résistance féroce, aussi bien de la part de partis de l’opposition que de la majorité, le chef du gouvernement a dû solliciter l’intervention royale.

Le 03/12/2015 à 00h45

La mise en place du fonds de soutien aux veuves dans une situation précaire n’a pas été une partie de plaisir. Le chef du gouvernement, lors de son passage à la deuxième chambre dans le cadre des séances mensuelles, a révélé quelques détails des tractations menées pour la création de cette aide.

Ledit fonds aurait ainsi fait l’objet d’une résistance féroce qui a duré plus d’une année. Akhbar Al Yaoum, dans son édition du 3 décembre, nous apprend que le projet a été combattu de toutes parts. Pour débloquer la situation, Abdelilah Benkirane n’a eu d’autre choix que de solliciter l’intervention du roi dont la réponse, favorable, a permis au fonds de la discorde de voir enfin le jour.

Selon le journal, l’idée de saisir le roi revient à feu Abdellah Baha. L’ancien ministre d’Etat, qui tenait mordicus à faire bénéficier les veuves d’une aide financière, avait en effet suggéré à Benkirane de transmettre, en dernier recours, le dossier à Mohammed VI. Ainsi, en septembre 2014, le chef du gouvernement devait se rendre aux Etats-Unis pour représenter le roi à la 69e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Quelques jours auparavant, lors d’une réunion de briefing entre le souverain et les membres du gouvernement, Benkirane a donc saisi l’occasion pour parler au roi du fonds en question. Et le dossier est passé comme une lettre à la poste.

Conscient de la sensibilité de la question, le chef du gouvernement a proposé que le ministère de l’Intérieur soit chargé de la gestion de ce dossier de bout en bout, et ce pour s’assurer qu’il ne fera pas l’objet d’une instrumentalisation politique. Car c’est bien ce que craignaient ses détracteurs.Les partis de l’opposition (PAM, USFP, Istiqlal) y ont en effet vu une «corruption électorale», à quelques mois des élections communales. D’ailleurs, même certains partis de la coalition gouvernementale, le RNI et le MP en l’occurrence, se sont opposés à ce fonds par crainte de le voir renforcer la popularité de Benkirane et de son parti.

Aujourd’hui, ces tractations relèvent désormais du passé. Le fonds est en effet opérationnel depuis près de 3 mois déjà. Lors de son passage au parlement, le chef du gouvernement a souligné qu’il avait profité à quelque 17.000 veuves qui ont perçu leurs allocations à titre rétroactif, soit à partir de mars 2015.

Par Ahmed Adoua
Le 03/12/2015 à 00h45