Gaid Salah, ou quand un général bavard rêve tout haut de conquérir le Maroc!

DR

Après l'exercice biblique "Déluge", organisé en mai dernier à la frontière algérienne ouest avec le Maroc, le chef d'état-major de l'ANP, Gaid Salah, reprend à son compte le terme "Iktissah" utilisé par Ben Bella lors de la "Guerre des sables" et sert un nouveau pétard mouillé à Tindouf. Recadrage.

Le 19/09/2018 à 19h05

Gaid Salah voit décidément le Maroc partout! Une étrange obsession, à la limite de la fixation, que ce général bavard articule en termes menaçants et traduits par des exercices militaires dont les noms de code ne laissent personne indifférent. Après l'exercice biblique "Toufane" ("Déluge"), organisé en mai 2018, à Oran, où il a exhibé sans la moindre précaution tout l'attirail de l'ANP, dans ses composantes terre-mer-air, le revoilà pointer du "Nif" à quelques encâblures de notre frontère sud-est, précisément le Secteur opérationnel Tindouf-sud, pour servir un nouveau numéro d'exhibitionnisme nommé (tenez-vous bien!) "Iktissah".

Vous avez bien lu: "Iktissah", entendez "Envahissement"! La menace est à peine voilée contre le Maroc, elle remet à l'esprit la même incartade lyrique mais très coûteuse pour l'armée d'Ahmed Ben Bella, artisan de cette blague, quand il a engagé contre les vaillantes Forces armées royales, sa soldatesque en octobre 1963 dans une guerre qui s'est avérée désastreuse pour l'ANP. 

Vous l'aurez deviné: il s'agit de la guerre des sables. La seule vraie guerre provoquée par Ben Bella, et dirigée par le colonel Houari Boumediene, contre le Maroc, mais sur le terrain de laquelle, faut-il le rappeler sans risquer de rouvrir une plaie bien algérienne, l'ANP a essuyé une raclée qu'elle n'est toujours pas près d'oublier. Est-il besoin de rappeler à ce général flambeur, Gaid Salah, que lors de la riposte marocaine à la poussée algérienne vers Figuig, plus précisément le 25 octobre 1963, pas moins de 200 soldats algériens ont été capturés près de Hassi Beida? Est-il encore besoin de rappeler à ce général (qui n'a jamais fait une seule guerre!) que les valeureuses Forces armées royales, conduites alors par feu le général Driss Ben Omar El Alami (décédé en 2002), avaient mis en déroute les forces algériennes et celles qui les soutenaient (un contingent cubain de 686 hommes, avec aviation, blindés, et artillerie, sans oublier les nombreux officiers égyptiens, dont l'ex-Rais Hosni Moubarak, alors pilote de chasse, qui avaient été capturés près de Figuig). Le nom de Driss Benomar est resté longtemps lié à cette bataille qu’il a victorieusement menée avec ses vaillantes troupes pour récupérer les villes marocaines de Tindouf, Hassi Beïda et Colomb-Béchar.

Cette glorieuse bataille, menée avec courage par les Forces armées royales, est toujours enseignée dans les plus prestigieuses écoles militaires à travers le monde.

Mais passons, car la question est ailleurs. Quelle mouche a donc piqué le général Gaid Salah? Les menaces vociférantes de ce gradé se démarquent certes par leur caractère direct, mais sont plutôt destinées à "la consommation intérieure". Le général a bel et bien des ambitions présidentielles et veut se montrer actuellement comme "l'homme fort" d'une Algérie sans réel maître à bord, en se posant comme le "digne successeur" du président Abdelaziz Bouteflika, sans capacité de motricité depuis qu'il a été diagnostiqué, en 2013 à Paris, d'un malencontreux Accident vasculaire cérébral (AVC). Il tente d'agiter la fibre anti-marocaine, chère aux apparatchiks tapis au Club des Pins, à Alger, pour tenter de trouver grâce à leurs yeux et lorgner le très convoité palais El Mouradia.

Seulement voilà, le général mégalo a contre lui le frère du président, Saïd Bouteflika, qui est le détenteur des clefs du palais présidentiel et du gouvernail d'un navire (chavirant), l'Algérie. La purge inédite opérée actuellement au sein de l'armée algérienne est subrepticement dirigée contre Gaïd Salah, qui a vu ses proches collaborateurs mis à la porte en août dernier, notamment les chefs des régions militaires, à leur tête Saïd Bey, qui était l'un de ses fidèles compagnons.

Il n'est donc pas étonnant de constater que le général "décapité" s'agite davantage en perspective de la présidentielle algérienne, prévue l'été prochain. Et comme à l'accoutumée, il n'est pas étonnant de remarquer que le Maroc, tropisme algérien par excellence, "s'invitera" malgré lui dans le chaudron interne de ce pays.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 19/09/2018 à 19h05