Grève des enseignants: le spectre d’une année blanche

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Revue de presseKiosque360. Le bras de fer continue entre les enseignants et le ministère de l’Education nationale. Les contractuels s’accrochent à leur intégration dans la fonction publique et comptent poursuivre la grève après la fin des vacances scolaires. Le département de tutelle campe sur sa position.

Le 12/04/2019 à 22h20

Il est devenu quasiment certain que les vacances «forcées» des élèves marocains vont se poursuivre pour une durée indéterminée. La coordination nationale des enseignants contractuels a, en effet, annoncé la poursuite de la grève ouverte qui dure depuis plusieurs semaines.

Cette association accuse le département de l’Education nationale de «chantage» après l’appel de Saïd Amzazi à reprendre le dialogue sous condition. Le ministre exige que les enseignants affiliés aux académies regagnent leur travail tout de suite après les vacances scolaires. En contrepartie, le ministère annulera les sanctions administratives et procédera au déblocage des salaires suspendus.

La Coordination a indiqué que des jeunes parlementaires ainsi que des associations de la société civile ont proposé leur médiation pour désamorcer cette crise. Ils ont tous convenu de la nécessité d’ouvrir un dialogue sérieux et responsable avec le ministère de l’Education nationale. Dans ce contexte, les enseignants révèlent que «les syndicats de l’enseignement leur ont transmis les propositions du ministère relatives à la reprise du dialogue à condition de cesser la grève en contrepartie de l’arrêt de toutes les procédures disciplinaires entamées contre les enseignants».

Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du samedi 13 avril, que la Coordination considère ces propositions comme un «chantage». En tous les cas, ajoute-t-elle: «Cette approche est loin de démontrer la bonne foi du ministère et sa volonté de trouver une solution à ce dossier. D’autant qu’il ne s’est même pas donné la peine de publier un communiqué officiel dans ce sens et de donner de véritables garanties aux grévistes». Et la coordination de dénoncer «la manière avec laquelle le ministère traite le dossier des contractuels en général. Ce département a programmé la reprise du dialogue pour mardi prochain tout en imposant des conditions contraignantes qui suscitent beaucoup d’interrogations: pourquoi avoir reporté le dialogue? N’était-il pas plus pertinent de prioriser le dialogue pour protéger l’intérêt des apprenants?».

Du coup, les contractuels appellent à un dialogue sérieux et sans condition basé sur l’annulation du plan de contractualisation et permettant l’intégration des enseignants au statut du ministère de l’Education nationale. Autant dire que le bras de fer continue entre les deux parties puisque les enseignants ont décidé de poursuivre la grève après la fin des vacances. La coordination fait porter la responsabilité de cette situation inextricable au ministère de tutelle et l’exhorte à prendre en compte l’intérêt des apprenants.

Les syndicats avaient entamé une série de négociations avec le ministre Saïd Amzazi mais les solutions trouvées n’ont pas convaincu les enseignants contractuels. La coordination a même annoncé qu’elle ne sentait pas concernée par les engagements pris par les jeunes parlementaires pour essayer de désamorcer la crise. Les contractuels tiennent à la modification de la loi régissant le fonctionnement des académies qui leur permettrait d’avoir le même statut que les fonctionnaires de l’enseignement.

Par Hassan Benadad
Le 12/04/2019 à 22h20