Intégrité des Etats: quand les agissements d’Alger contredisent ses slogans trompeurs

Abdelkader Messahel, ministre algérien des Affaires étrangères.

Abdelkader Messahel, ministre algérien des Affaires étrangères. . DR

A l’occasion d’une rencontre avec la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, le ministre algérien des Affaires étrangères a servi de lamentables tartufferies au sujet du principe de "non-ingérence" et de "respect de l'intégrité des États". De qui se moque ce monsieur Messahel?

Le 13/11/2018 à 12h47

Le discours débité par le MAE algérien, Abdelkader Messahel, devant son homologue européenne, Federica Mogherini, à l'occasion du dialogue stratégique Algérie-UE sur la sécurité et la lutte antiterroriste, tenu hier à Alger, pose un réel défi à l'entendement. "Alger attend une meilleure compréhension", une "lecture correcte" des préoccupations respectives et "une conjonction des actions" en faveur de la paix, a-t-il lâché devant la haute représentante de l'UE aux affaires extérieures, avant d'embrayer sur les faux-vrais principes claironnés par Alger sur tous les toits, sans qu'elle les ait jamais respectés et appliqués.

L'on vous invite à méditer sur cette envolée lyrique servie par Messahel: "l'Algérie fonde son dialogue avec l'UE sur des principes à même de contribuer à la promotion du bon voisinage, de l'équilibre des intérêts, de la non-ingérence dans les affaires des autres Etats, du dialogue et des voies politiques pour le règlement des crises et conflits, du rejet des interventions militaires étrangères en violation du droit international, du respect de la souveraineté, de l'unité, de l'intégrité territoriale et de la cohésion nationales des Etats, de l'appropriation des processus de règlement des crises et conflits par les protagonistes eux-mêmes sans ingérence ni interférence étrangères et, enfin, de l'indispensable équidistance par rapport à ces mêmes protagonistes".

Vous avez bien lu: "respect de la souveraineté, de l'unité, de l'intégrité territoriale et de la cohésion nationales des Etats". Ces slogans arborés par Messahel et relayés à grand roulement de tambours par l'APS perdent tout sens dès qu'ils sont mis à l'épreuve des faits. Depuis quand Alger respecte-t-elle "la souveraineté, l'unité et l'intégrité territoriale et la cohésion nationale des Etats"?

Passons sur l'ingérence avérée d'Alger dans les affaires intérieures d'un Etat souverain, membre des Nations unies, en l'occurence son voisin de l'ouest, le Maroc, qu'elle n'a eu de cesse de "harceler" sur le registre de son intégrité territoriale, en abritant sur son sol le front séparatiste du polisario, qu'elle continue de soutenir depuis 43 ans, financièrement, diplomatiquement, voire militairement. Cela, "tout le monde le sait", pour reprendre l'inénarrable Messahel himself, quand il a accusé en ce mémorable vendredi 20 octobre 2017 le Maroc de "blanchir l'argent du haschich en Afrique" !

Alger ne s'ingère-t-elle pas aussi dans les affaires intérieures de son voisin de l'est, la Libye? "Au moment où l'on combat le terrorisme pour sauvegarder la souveraineté nationale (...) Nous avons constaté aujourd’hui (le 7 mai 2017: Ndlr) l’entrée du ministre algérien des Affaires étrangères et sa tournée dans les villes du sud libyen sans controle ni autorisation, comme s’il s’agissait d’une ville algérienne. Et il s’est entretenu avec des personnalité qui portent toujours de la haine envers les Libyens", s'était insurgé le parlement de la Libye, via son "comité de défense et de sécurité nationale", allié du Maréchal Khalifa Haftar. Dans un communiqué, diffusé début mai 2017, le même parlement libyen mettait sérieusement en garde le ministre Messahel, et donc l'Algérie, "des conséquences de ce dépassement et de l’atteinte à la souveraineté de la Libye".

Qu'en est-il aussi de l'immixtion d'Alger dans les affaires intérieures de son voisin du sud, le Mali? Les rapports de renseignements étrangers soulignent à l'envi la compromission des services algériens avec les groupes jihadistes infestant le nord de ce pays, notamment Ansar Dine dirigé par Iad Ag Ghali, qui avait bénéficié en 2013 du soutien du DRS algérien (Département du renseignement et de la sécurité, dissous en 2015 et remplacé depuis par la DSS) pour lancer une offensive sanglante contre la capitale malienne, Bamako. 

Qui protège aussi Mokhtar Belmokhtar, ancien dirigeant des "Al Mourabitoune" affilié à Al Qaïda au Maghreb Islamique, ou plus encore Adnane Abou Walid al-Sahraoui, devenu chef du groupe pro-Daech "Etat islamique dans le grand Sahara", après avoir servi dans les rangs des milices armées du Polisario?

L'on vous fait grâce de l'interférence algérienne dans les affaires intérieures de la Tunisie, du Niger...

Autant de preuves accablantes qui contredisent en effet la fausse vraie profession de foi "pacifiste" du régime algérien incroyablement haineux et dangereusement déstabilisateur.

Cause toujours, tu nous intéresses.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 13/11/2018 à 12h47