Istiqlal: les coulisses du «putsch» contre Chabat

Hamid Chabat, secrétaire général, du parti de l'Istiqlal.

Hamid Chabat, secrétaire général, du parti de l'Istiqlal. . Brahim Taougar - Le360

Revue de presseKiosque360. Abdellah Bakkali, Abdelkader El Kihel et Adil Benhamza, alliés indéfectibles de Hamid Chabat, viennent de lâcher ce dernier. Chabat de plus en plus isolé refuse de communiquer sur cet acte qui intervient après des mois de négociations. Le clan adverse parle de manœuvre politique.

Le 18/08/2017 à 21h11

 Trois des proches collaborateurs et des fideles alliés de Hamid Chabat ont décidé de lui tourner le dos à la dernière minute. Cela, à moins de six semaines de tenue du 17 congrès du parti. Ainsi, rapporte le quotidien Assabah dans son édition de ce week-end des 19 et 20 août, le trio Abdellah Bakkali, directeur du journal Al Alam et président du comité préparatoire du congrès, Abdelkader El Kihel, chargé des organisations, alliances et autres organes parallèles et Adil Benhamza, porte-parole du parti, tous membres du comité exécutif, a annoncé, dans un communiqué diffusé jeudi, sa décision de ne pas soutenir Hamid Chabat pour un deuxième mandat à la tête du parti.

Le trio considère que la candidature de Chabat à sa propre succession «est sans intérêt et ne répond pas aux problématiques auxquelles le parti fait actuellement face». Selon le journal, ce revirement n’est pas fortuit. Les trois anciens proches collaborateur de Hamid Chabat se sont réunis, il y a quelques mois, avec Abdelouahed El Fassi, chef du courant «Bila Hawada», pour essayer de trouver une «solution qui préserverait l’unité du parti». Ils ont convenu, en fin de compte, de tenter de convaincre Hamid Chabat de renoncer à la course pour la direction de l’Istiqlal. C’est ainsi qu’ils sont entrés, avec lui, dans des négociations marathoniennes qui ont duré plus de trois mois, mais sans résultat. Chabat insiste pour que la course à la direction du parti ne soit pas réduite à la confirmation d’un candidat unique, il veut que ce soit une véritable confrontation démocratique entre plusieurs candidats, rapporte le journal.

Selon le quotidien, qui cite des sources bien informées, Abdelouahed El Fassi aurait également tenté, depuis six mois, de persuader Hamid Chabat de retirer sa candidature et «de s’abstenir de livrer des batailles chimériques». C’est que, selon le fils du fondateur du PI, Hamid Chabat s’est attiré, par ses actions et ses déclarations, la colère de plusieurs parties au sein de l’Etat et les Istiqlaliens ne peuvent pas assumer les conséquences de ses actions. Les efforts d’El Fassi n’ont pas, non plus, pu venir à bout de l’entêtement de Chabat.

Le fait est que, explique Al Ahdath Al Maghribia, qui s’est également intéressé à ce sujet dans son édition dominicale, le communiqué des trois membres du comité exécutif met un terme à quatre mois de négociations. Ce n’est pas pour autant une surprise puisqu'il est attendu depuis longtemps, sauf que le moment n’était pas encore propice pour le rendre public. Les trois signataires, après avoir buté sur le niet de Chabat, ont en effet tenu plusieurs rencontres avec les organisations parallèles, les alliances et les dirigeants du parti avant de rendre publique leur décision.

A en croire l’un des signataires, cité par le journal sans le nommer, Chabat aurait proposé que le trio propose un autre candidat au sein du «courant» et il s’engagerait non seulement à retirer sa candidature mais également à soutenir ce candidat. Chose qui n’a pas été possible parce que le courant proche de Chabat n’avait pas d’autre candidat à proposer. Cela étant, en réaction à ce communiqué, Hamid Chabat a affirmé au journal qu’il «s’agit d’une question interne». Et de préciser plus loin que c’était «un cadeau d’anniversaire» que ses anciens alliés lui ont offert.

Pour ce qui est de l’impact de ce communiqué, Al Ahdath Al Maghribia soutient, que ce «divorce politique» est loin de contenter les détracteurs de Chabat, à savoir le clan de Hamdi Ould Rachid qui soutient ouvertement la candidature de Nizar Baraka. Le journal écrit, en ce sens, citant un membre de ce courant, que «les Istiqlaliens sont assez intelligents pour faire la différence entre ceux qui œuvrent pour l’intérêt du parti, pour son unité et son renforcement et ceux qui, usant de manœuvres politiques, courent derrière des intérêts personnels étriqués».

Les proches de Hamdi Ould Rachid qui contrôlent aujourd’hui pratiquement tout l’appareil du parti, estiment que l’action de ce trio revient implicitement à mettre en cause les congrès régionaux qui ont déjà été organisés qui ont favorisé ce courant. Cela d’autant que Abdellah Bakkali, en sa qualité de président du comité préparatoire, en apportant son paraphe au document, transgresse l’obligation de neutralité dont il devait faire montre. 

Par Amyne Asmlal
Le 18/08/2017 à 21h11