Justice: ce que Me Boutron-Marmion doit savoir sur Maâti Monjib

Maâti Monjib.

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Alors que le procès de Maâti Monjib et ses six co-accusés a été reporté au 26 octobre, une conférence a été organisée au siège de l’AMDH où les assistants, ainsi qu’un avocat français, ont tenté de victimiser l’intéressé et de faire diversion sur l’essentiel.

Le 30/06/2016 à 16h43

Le procès de Maâti Monjib et ses six co-accusés a été reporté au 26 octobre prochain par le tribunal de première instance de Rabat. Les sept individus sont poursuivis pour atteinte à la sécurité intérieure du royaume, réception de subventions étrangères et escroquerie.

Juste après l’audience d’hier mercredi, Maâti Monjib et consorts ont tenu une conférence de presse au siège central de l’AMDH. Une rencontre qui a réuni une trentaine de personnes dont les inconditionnels Karim Tazi, Fouad Abdelmoumni, Khadija Ryadi, Omar Brouksy, Ahmed Elhayej et Tayeb Madmad.

Mais il y avait aussi un avocat du barreau parisien, Pierre Philippe Boutron-Marmion, mandaté par la FIDH (Fédération internationale des droits de l’Homme) et venu en tant qu’observateur. Il a répété ce que Mounjib & Co lui ont dit. A savoir que Mounjib est une personnalité très importante, une espèce de héros, un martyr, que les services marocains traquent de près avec son entourage dans l’espoir de le décrédibiliser et de le présenter comme un non patriote auprès de l’opinion publique.

Avec tout le travail qu’ils ont à abattre chaque jour et la veille constante pour lutter contre le terrorisme, les services marocains se tourneraient donc tellement les pouces que pour occuper leur temps, ils n’ont pas trouvé mieux que d’élaborer des plans diaboliques contre ce péril pour le régime qui s’appelle Maâti Mounjib. Décidément, plus c’est gros, mieux ça passe.

Me Boutron-Marmion a déclaré, entre autres joyeusetés, que Maâti Monjib est «harcelé par les services marocains car ayant accès à des influenceurs et des décideurs occidentaux». Une déclaration surréaliste qui donne une ampleur inouïe à Maâti Mounjib, pourtant éminent inconnu en dehors des cercles d’une poignée de droitdelhommistes qui sont, par principe, prompts à toujours prendre la défense des individus qui prétendent être victimes de violations des droits de l’Homme.

Mais revenons à l’essentiel, au fond du procès intenté à Maâti Monbjib, historien qui a fait de l’éthique et des valeurs universelles son cheval de bataille. Cet essentiel que Me Boutron-Marmion a volontairement choisi de passer sous silence, en arborant la carte de la victimisation tous crins de Mounjib comme un bouclier dans l’espoir de détourner les regards vers ailleurs.

Ce que Me Boutron-Marmion sait ou devrait savoir, c’est que la justice et l’opinion attendent toujours que Maâti Mounjib s’explique sur les transactions frauduleuses qui lui ont permis de mettre la main, avec la complicité de membres de sa famille, sur au moins 2.4 millions DH. Près de 240 000 euros pour que Me Boutron-Marmion mesure mieux l’ampleur de l’accusation.

Pour ceux qui font semblant d’oublier le fond de toute l’affaire, Maâti Monjib, qui présidait le Centre Ibn Rochd (SARL présentée comme ONG à l’étranger) et qu’il a sabordé fin 2015, a procédé à des opérations de transferts d’argent sur ses propres comptes bancaires, ceux de sa femme et de sa sœur, pour mettre de côté au moins 2.4 millions DH (240 millions de centimes pour le commun des Marocains) qui avaient été virés sur le compte du Centre Ibn Roch par des ONG établies à l’étranger.

De l'argent supposé aider le Centre Ibn Rochd dans ses activités liées à la culture de la démocratie au Maroc et qui se retrouve dans les comptes de Mounjib et de sa famille pour être dépensé dans des acquisitions qui contribuent à augmenter le patrimoine foncier de l’intéressé.

Rappelons que, lors de l’instruction, Mounjib avait refusé de répondre aux questions des enquêteurs à ce sujet et avait même refusé de lire ou signer son PV d’interrogatoire. Comme stratégie de défense, il a déclaré une grève de la faim et s’est muré dans le silence. Il refuse toujours de dire où sont passés les 2.4 Mdhs.

Sa stratégie de la diversion ne résisterait pas toutefois à l’épreuve de la justice. Et il serait fondé de confesser à un bon avocat (pourquoi pas Me Boutron-Marmion?) comment il a cédé à la tentation de l’argent au lieu de continuer à rassembler un fan club, férocement hostile à l’Etat.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 30/06/2016 à 16h43