Le rapport de Jettou épingle le plan d’urgence d'Akhchichen

Driss Jettou, président de la Cour des comptes.

Driss Jettou, président de la Cour des comptes.

Revue de presseKiosque360. Le rapport de la Cour des comptes, présenté mercredi par son président, Driss Jettou, devant l’institution législative, a dressé un portrait peu reluisant de plusieurs établissements publics et départements ministériels. Les détails.

Le 24/10/2018 à 19h04

La politique sectorielle mise en place dans certains établissements publics et départements ministériels a été épinglée par le rapport de la Cour des comptes, présenté mercredi par son président, Driss Jettou, devant les deux Chambres du Parlement. Selon le quotidien Akhbar Al Yaoum, qui se penche sur les conclusions de ce rapport dans son édition de ce jeudi 25 octobre, le plan d’urgence mis en place par l’ancien ministre de l’Education nationale, Ahmed Akhchichen, entre 2009 et 2012, pour sauver le navire de l’enseignement, n’a pas été concluant. Bien plus, ce plan a été, dès son lancement, ponctué de moult dysfonctionnements liés aux mauvaises estimations budgétaires, au manque de transparence et à la mauvaise gouvernance. C’est ainsi que plusieurs objectifs de ce plan n’ont pas été concrétisés, malgré des dépenses s’élevant à pas moins de 25 milliards de dirhams.

Certes, relève le rapport, le nombre d’établissements scolaires est passé de 9.400 en 2009 à 10.700 en 2017, tandis que l’effectif des élèves a grimpé de 5.666.000 en 2009 à 6.400.000 en 2017. Mais la situation de l’enseignement reste préoccupante. D'ailleurs, révèle la juridiction, le plan d’urgence avait pour objectif de mettre en place l’enseignement préscolaire dans 80% des établissements scolaires, dans la perspective d’assurer sa généralisation à l’horizon 2015. Cependant, l’état des lieux, lors de la rentrée scolaire 2016-2017, montre qu'à peine 24% des écoles disposent d’un enseignement préscolaire. Dans le monde rural, le plan en question n’a pu assurer la couverture de toutes les communes en ce qui concerne le segment de l’enseignement secondaire. Le taux de couverture n’est que de 66.7% en 2017. Les données du même rapport ont également mis à nu le problème du surpeuplement des classes, qui s'est aggravé entre 2008 et 2017, atteignant 21.2% au niveau du primaire et 42% à l’échelle du secondaire. Enfin, le décrochage scolaire complète la noirceur du tableau, puisque pas moins de 279.000 élèves ont quitté les bancs de l’école en 2017, sans achever leur cursus scolaire.

Le rapport de Driss Jettou tire également la sonnette d’alarme sur l’ampleur des dysfonctionnements dans le secteur de la santé. Ainsi, au niveau de certains centres hospitaliers universitaires (CHU), le manque d’équipements et de compétences, conjugué à la mauvaise gestion hospitalière et à l’absence de certaines spécialités, forme la matrice qui fait dérailler le train de la santé et prive, par ailleurs, plusieurs citoyennes et citoyens des soins et des services sanitaires de base. La question des prises de rendez-vous complète ce triste constat. Par exemple, il faut compter plus de 7 mois pour un rendez-vous dans certains services de cardiologie.

Le même rapport, présenté devant les députés et les conseillers, relève également les dysfonctionnements entachant la gestion de la CDG et l’OCP. Dans le premier cas, le rapport pointe du doigt la politique d’investissement suivie par la CDG, notamment dans le secteur de l’hôtellerie, conseillant à l’institution de céder ce secteur à ses partenaires.Dans le second cas, la Cour des comptes met en garde le géant des phosphates contre les répercussions négatives de ses activités sur l’environnement.

Enfin, le rapport de la haute juridiction financière du royaume pointe du doigt la politique budgétaire du pays, relevant que la dette du Trésor a atteint, à fin 2017, environ 692,3 milliards de dirhams, soit 65,1% du PIB, occasionnant une dette supplémentaire de 35 milliards de dirhams. En ce qui concerne les dettes des établissements publics, le rapport révèle qu’elles ont connu des hausses pour atteindre, à fin 2017, environ 277,7 milliards de dirhams, soit 26,1% du PIB.

La valeur globale des dettes du secteur public est ainsi passée de 918,2 milliards de dirhams en 2016 à 970 milliards de dirhams en 2017, soit une augmentation de pas moins de 51,8 milliards de dirhams en une seule année. Une plongée dans le rouge qui ne favorise guère la réalisation des objectifs de la croissance, notamment la réduction de la dette à environ 60% du PIB, souligne le rapport de la Cour des comptes.

Par Mohamed Younsi
Le 24/10/2018 à 19h04