Le «séisme politique» vu par la presse nationale: ce qui s'est réellement passé après

Fadel Senna (AFP)

Revue de presseKiosque360. Les quotidiens nationaux, privés et partisans, se sont largement penchés sur le «séisme» qui a secoué la classe politique. Tour d’horizon. Et ça vaut le détour.

Le 26/10/2017 à 00h05

Le souverain était on ne peut plus clair quand il parlait d'une possibilité de «séisme politique», lors du dernier discours royal prononcé à l’occasion de l’ouverture de la saison d’automne du Parlement, le 13 octobre 2017. Et c'est bien un «séisme», terme largement repris aujourd'hui, qui a secoué la scène politique.

«Séisme de Manarat Al Moutawassit», titre ainsi, en Une de son édition de ce jeudi 26 octobre, le quotidien Al Massae qui consacre un dossier spécial à la décision prise par le roi, suite au rapport de la Cour des comptes sur les projets de développement de la ville d'Al Hoceima.

Le souverain, rappelle la publication, a limogé quatre ministres, et non des moindres, à savoir Mohamed Hassad, membre du Bureau politique du Mouvement populaire (MP) et ministre de l’Éducation nationale, au demeurant grand serviteur de l'Etat, El Houssaine Louardi, membre du Bureau politique du parti du Progrès et du socialisme (PPS) et ministre de la Santé, Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du PPS et ministre de l’Habitat et Larbi Bencheikh, secrétaire d’État chargé de la Formation professionnelle.

Ces ministres n'auront plus la possibilité d’exercer, à l’avenir, une quelconque fonction officielle au sein de l’appareil de l’État. Cette sanction touche également Rachid Belmokhtar, ancien ministre de l’Éducation nationale, Lahcen Haddad, ex-ministre du Tourisme au nom du MP, Lahcen Sekkouri, membre du MP et ancien ministre de la Jeunesse et des sports, Mohamed Amine Sbihi, membre du Bureau politique du PPS et ancien ministre de la Culture et Hakima El Haïté, membre du MP et ancienne secrétaire d’État chargée de l’Environnement. 

Pour ces neuf ministres, Al Massae parle de «liquidation politique», cette décision signant, en effet, la fin de leur carrière politique.

À propos du remaniement qui sera opéré suite au limogeage de ces quatre ministres, le quotidien avance que le parti de l’Istiqlal (PI) semble prêt à faire son entrée dans le gouvernement, alors que le PPS devrait, logiquement, quitter le navire.

Ce scénario est également évoqué par le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, dans son édition du même jour. Le journal, qui rappelle le parcours des ministres révoqués et pioche dans le vocabulaire sportif pour évoquer le «carton rouge» ayant conduit à leur expulsion, estime que, d’un «point de vue éthique et politique, le PPS devrait rejoindre l’opposition» et céder sa place au Parti de l’Istiqlal (PI).

Dans son édition du jour, le quotidien Assabah va dans le même sens et donne la parole à des politologues, juristes et universitaires qui ont salué cette «mise en œuvre effective du principe de corrélation entre responsabilité et reddition des comptes».

Cette question, ont-ils déclaré, a été soulevée par le souverain à plusieurs reprises après le constat dressé au sujet de la situation politique générale du pays. La décision était attendue, car il s'agit de redresser la barre et d'assainir le paysage politico-administratif du pays.

En apprenant la nouvelle, «Hassad a trébuché au Parlement et Haddad a piqué une crise. Quant à Benabdallah, il a été informé alors qu’il se trouvait en mission, tandis que Louardi était hors zone», ajoute le journal.

Pour sa part, le quotidien Al Akhbar, qui consacre également un dossier spécial à cet événement, s’attarde longuement sur les dysfonctionnements relevés par le rapport de la Cour des comptes et sur l’origine du «séisme politique qui a frappé le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani».

Le journal arabophone estime que désormais deux scénarios s'offrent au chef du gouvernement. Le premier: remplacer les ministres limogés du PPS et du MP par d’autres personnalités relevant des mêmes formations politiques. Le second: faire appel au parti de l’Istiqlal pour renforcer la coalition gouvernementale.

Le quotidien Akhbar Al Yaoum, dans sa livraison du 26 octobre, soulève les mêmes questions. «Le PPS fera-t-il toujours partie de la majorité gouvernementale ou sera-t-il remplacé par le parti de l’Istiqlal», s’interroge ainsi le quotidien qui parle également de «séisme» et de «liquidation politique».

Par contre, les quotidiens du PPS, Bayane Al Yaoum et Al Bayane, se sont contentés de publier le communiqué du Cabinet royal, sans commentaire. Le choc est grand.

Par Mohamed Younsi
Le 26/10/2017 à 00h05