Mohamed Biadillah face à la "cupidité" de ses conseillers

Mohamed Cheïkh Biadillah, ancien président de la Chambre des conseillers. 

Mohamed Cheïkh Biadillah, ancien président de la Chambre des conseillers.  . DR

Revue de presseKiosque360. La Chambre des conseillers n'en finit pas de nous surprendre. Alors qu'elle est critiquée de toutes parts, certains conseillers demandent à partager les fonds générés par les ponctions opérées sur les salaires de leurs collègues absentéistes.

Le 17/02/2015 à 02h28

Sous le titre "des conseillers demandent à partager les prélèvements issus de l'absentéisme", Al Akhbar nous apprend dans son édition de ce mardi 17 février que le président de la Chambre des conseillers Mohamed Biadillah a récemment adressé une lettre au chef du gouvernement lui demandant une rallonge budgétaire de 9 millions de dirhams afin d'encourager l'assiduité de ses parlementaires. Cet argent du contribuable, a proposé Biadillah, servirait à fournir gratuitement des cartes de transport, des téléphones mobiles ainsi que le séjour gratuit dans les hôtels.

Selon le journal, le président et les membres du bureau toutes tendances politiques confondues ont récemment exprimé leur déception face à l'attitude "discriminatoire" du gouvernement qui privilégierait la Chambre des représentants. "Benkirane a consacré un budget additif pour inciter les députés à une présence massive aux commissions permanentes et aux séances plénières". D’après Al Akhbar, ce budget supplémentaire a atteint 900 millions de centimes, regrettant que la Chambre des conseillers n'ait pas pu bénéficier de la même dotation alors qu'elle a pris les mêmes mesures disciplinaires contre l'absentéisme.

Poussant le cynisme plus loin, des conseillers ont même proposé que les fonds prélevés sur les salaires des collègues absentéistes soient redistribués aux "conseillers connus pour leur assiduité" afin de les aider à subvenir au logement et au transport à chaque fois qu'ils se déplacent à Rabat. Al Akhbar évoque en outre une vielle histoire remontant à l'époque de la présidence de Karim Ghellab à la tête de la Chambre des députés en 2013. Le président Mohamed Biadillah n'avait pas apprécié à l'époque que la Chambre des conseillers n'ait pu obtenir sa part d'un don de 3 millions d'euros octroyés par l'Union européenne. A en croire le journal, la présidence de la chambre des conseillers ne jurerait que par l’argent. "La présidence se prépare à demander à l'Union européenne de lui octroyer le même don", écrit Al Akhbar.

Le quotidien énumère ce qu'il a appelé les privilèges accordés par Rachid Talbi Alami à ses députés qui "bénéficient gratuitement du logement (en cas de mission), du transport aérien, du carburant, des cartes de péage de l'autoroute et de téléphones". Ces privilèges incluent également l'octroi d'une indemnité mensuelle de 4.000 dirhams pour chaque député. Ces généreuses facilités ont été accordées pour lutter contre l'absentéisme, rappelle le journal. Il est pourtant connu qu'un parlementaire perçoit mensuellement des indemnités honorables. Lui accorder d'autres privilèges dans le cadre de l'exercice d'un devoir national reste une option peu crédible.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 17/02/2015 à 02h28