PAM. Élection du secrétaire général: quand deux générations s'affrontent

De gauche à droite, Mehdi Bensaid, Ilyas El Omari et Hassan Benaddi.

De gauche à droite, Mehdi Bensaid, Ilyas El Omari et Hassan Benaddi. . DR

A l'approche du Conseil national extraordinaire du PAM, prévu le 26 mai prochain, des voix restées jusqu'ici silencieuses expriment leurs inquiétudes quant à l’avenir du parti. Mais elles ne défendent pas les mêmes valeurs.

Le 21/05/2018 à 15h59

L’un fait partie des pères fondateurs du PAM. L’autre représente sa jeunesse et ses espoirs. Mais à la veille de la tenue, le 26 mai prochain, du Conseil national du parti, devant aboutir à l’élection d’un nouveau secrétaire général, ils sont tous les deux d’accord. Il y a péril en la demeure. D’aucuns estiment que la période comprise entre le 8 mai -date à laquelle le SG sortant, Ilyas El Omari, a confirmé son départ- et le 26 de ce mois laisse trop peu de temps pour se préparer à l'élection. D'autant que les candidats à même de représenter une alternative, à savoir Fatima Zahra Mansouri et Hakim Benchemass, ont annoncé qu’ils ne se présentaient pas. Pour cela et pour bien d'autres éléments susceptibles de peser sur l’avenir de cette formation politique, Hassan Benaddi et Mehdi Bensaïd tirent la sonnette d’alarme. Mais chacun y va de ses arguments.

Dans un appel écrit, Benaddi explique: "l'objet de mon alerte est d'inviter à dépasser le niveau des considérations futiles qui semblent accaparer, pour le moment, l'attention des acteurs (au sein du parti, NDLR). Ces considérations se focalisent sur les compétitions à la succession". Or, a-t-il souligné, "nous pensons que l'essentiel est ailleurs". Après avoir longuement rappelé les objectifs ayant été à la base de la création du PAM, à savoir "la démocratie, le multipartisme, la modernité", l'auteur de l'appel estime que les membres fondateurs de ce parti "sont sommés de choisir entre la voie sans perspective de la manœuvre qui consiste à changer quelque chose pour que tout reste comme avant (...) et la voie difficile, mais sûre, qu'un leadership consensuel collégial s'attèle à mettre en place pour créer en deux moments bien distincts les conditions d'une remise du projet sur les rails".

Considéré comme un farouche adversaire d'Ilyas El Omari, Hassan Benaddi propose la création, au côté de la présidence du CN, d'un comité consultatif des fondateurs pour "gérer une période limitée de transition où les 12 régions seront revisitées". Suite à cela, a-t-il préconisé, "un congrès extraordinaire devra choisir démocratiquement de nouvelles instances. Il faut mettre fin à cette orientation qui prétend que "les sortants sont irremplaçables". Pour ce politologue, "c’est là un processus possible, sérieux et crédible, digne d’un parti qui prétend légitimement contribuer à la consolidation des acquis de modernisation et de démocratisation du Maroc".

L'autre son de cloche est celui du jeune et ambitieux militant PAMiste Mehdi Bensaid, ex-député, réputé proche de l’actuel secrétaire général et prétendant à son remplacement à ce poste. Bensaid réfute d’ailleurs que "les jeunes qui aspirent à présider le parti soient considérés comme incompétents". Et de rejeter les propos selon lesquels "un jeune pourrait être manipulé comme une marionnette" (par Ilyas El Omari, NDLR), comme l'a fait valoir un autre ténor du parti, à savoir Ali Belhaj.

Bensaid, enfant du parti, s'insurge aussi contre l'idée que la jeunesse "manque d'autonomie et reste fragile". Pour l'ancien président de la Commission parlementaire des Affaires étrangères (2011/2016) "le rajeunissement est l'aboutissement d'un combat mené depuis le Mouvement de tous les démocrates. Mais il ne doit pas nous faire oublier que nous sommes tous là pour un projet et que nous voulons tous progressiste", affirme Bensaid. Le jeune militant se dit encore incertain à propos de sa candidature à la tête du parti. "Je retiens que le PAM a été créé pour le renouvèlement des élites de notre et c'est un honneur d'y participer. Il ne faut pas que ceux qui ont défendu ce principe changent d'avis", avertit le jeune militant.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 21/05/2018 à 15h59