Pension exceptionnelle: Benkirane, entre splendeur et décadence

Abdelilah Benkirane.

Abdelilah Benkirane. . DR

Revue de presseKiosque360. Pour faire face à la déferlante de critiques qui s'abat actuellement sur lui, l’ancien chef du gouvernement joue, une fois encore, la victime.

Le 23/01/2019 à 19h46

En tenant à se justifier d'avoir bénéficié d’une pension exceptionnelle, Benkirane ne pouvait tomber plus bas. Ne serait-ce que pour cela, il mériterait notre pitié, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 24 janvier. L’ancien chef du gouvernement est allé jusqu'à prétendre qu'il était dans le besoin. Il n’en fallait pas plus pour faire de lui la risée générale, particulièrement sur les réseaux sociaux, ironise l’éditorialiste du journal. 

C’est justement sur les réseaux sociaux qu’on lui fait aujourd’hui un procès en bonne et due forme. On lui reproche, notamment, d’avoir accepté sans broncher ce qu’il considérait jadis comme une rente politique indue. Mais ce qu’on lui reproche plus que tout, c’est son double discours, son penchant populiste et sa manie de camper le rôle de la victime à chaque fois qu’il se retrouve dos au mur. Bref, les adeptes des réseaux sociaux n’ont pas manqué d’imagination, ni de sens de l’humour d’ailleurs, pour stigmatiser un comportement indigne d’un homme politique qui se respecte, et encore moins d’un ancien chef de l’Exécutif.

Le journal estime plus malhonnêtes encore, pour ne pas dire honteuses, les comparaisons faites entre le cas de Benkirane et celui de l’ancien premier ministre socialiste, Abderrahmane Youssoufi, qui avait bénéficié d’une pension exceptionnelle à la fin de son mandat. Les deux cas sont incomparables, déclare Al Ahdath Al Maghribia. L’Histoire retiendra, en effet, qu’alors que l’un a passé une grande partie de sa vie à militer pour un Etat de droits, connu la prison et vécu dans l’exil, l’autre a passé la sienne à prêcher la bonne parole dans les mosquées. Celui qui est arrivé à la politique par accident et sur le tard ne peut prétendre au rang de celui qui a payé de sa personne pour que son pays soit là où il en est aujourd’hui. Et cela, les Marocains ne sont pas près de l’oublier.

Pour sa part, le quotidien Al Akhbar, dans l'édito de son édition du même jour, déplore cette manie qu'a l’ancien chef du gouvernement de se cacher derrière le roi. En effet, dans ses discours et sorties médiatiques, et ce depuis l'époque où il était encore chef du gouvernement, Benkirane use et abuse du nom du roi, qu’il utilise et instrumentalise le plus souvent à des fins politiques. Il use tantôt du nom du roi pour donner de la légitimité à ses actes, tantôt pour décrédibiliser ses adversaires et, souvent, pour se dédouaner de la responsabilité de ses actes ou sortir d’une impasse.

Aujourd’hui encore, pour esquiver le «tsunami des critiques et des reproches» que lui attire sa pension exceptionnelle, il invoque le nom du roi et de l’un de ses conseillers, affirmant qu’il a été «contraint d’accepter une sollicitude royale qu’il n’avait pas quémandée». En animal politique qu’il est, écrit l’éditorialiste d’Al Akhbar, Benkirane fait ainsi d’une pierre plusieurs coups en se cachant, encore une fois, derrière le roi. 

Ainsi, l’ancien patron du parti islamiste se met à l’abri des critiques pour avoir accepté une rente qu’il avait décriée auparavant, sachant que c’est le roi qui appose son visa sur une telle décision. Benkirane engrange ce faisant des bénéfices politiques.Ensuite, en affirmant qu’il a été contraint d’accepter cette pension, il suggère que ce serait plutôt l’origine de la décision qu’il fallait critiquer et non celui à qui elle a bénéficié.En troisième lieu, il laisse entendre à ceux qui veulent bien le croire qu’il bénéficie d’une bénédiction royale. Plus encore, la pension exceptionnelle le mettrait sur le même pied d’égalité que l’ancien premier ministre Abderrahmane Youssoufi.En dernier lieu, Benkirane use du nom du roi pour revenir en force sur la scène politique, alors qu’il vient juste d’en être éjecté manu militari.

Par Amyne Asmlal
Le 23/01/2019 à 19h46