Plainte Asfari: La nouvelle magistrate estime le dossier «juridiquement fragile»

Jean-Etienne de Linares, délégué général de l’ACAT.

Jean-Etienne de Linares, délégué général de l’ACAT. . DR

Les poursuites pour torture engagées, en France, par l’égorgeur de Gdeim Izik contre des sécuritaires marocains, ont atterri dans le bureau d’un nouveau juge. La position de ce dernier permet de mieux comprendre les récentes gesticulations de l’ACAT et de son conseiller juridique, Patrick Baudouin.

Le 07/03/2015 à 20h09

De nouvelles révélations dans la plainte calomnieuse déposée en France pour de prétendus actes de torture par Ennaâma Asfari qui purge une peine de 30 ans de réclusion criminelle pour le rôle joué dans le sinistre événement de Gdeim Izik. Les velléités de poursuites de ce séparatiste sahraoui à l’encontre d’une vingtaine de personnalités marocaines, dont la plupart sont des responsables sécuritaires, ont atterri sur le bureau de la magistrate Nathalie Turquey, apprend Le360 de sources judiciaires françaises. Mieux encore, le nouveau juge a estimé que "le dossier était non seulement juridiquement fragile, mais que les assertions qu’il contient n’ont pas été étayées sur des bases juridiques cohérentes et convaincantes", ajoutent nos sources.

Ce nouveau rebondissement judiciaire constitue un véritable camouflet pour l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) qui a fait sienne cette «affaire», et qui depuis plus d’un an mobilise tous ses relais pour lui donner de la résonnance avec le sponsoring de parties hostiles aux intérêts du royaume. ACAT aurait d’ailleurs aimé voir la juge Sabine Kheris continuer d’instruire ce dossier qui ne repose sur aucun fondement. Mais cette magistrate connue pour son tropisme pour le régime algérien a été contrainte de se dessaisir du dossier en raison de son non-respect des procédures légales. C’est que le juge s’est tout de même autorisé à envoyer un escadron de Squat à la résidence de l’ambassadeur marocain à Paris pour remettre une convocation au patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, dans un mépris total des procédures diplomatiques d’usage. Néanmoins, avant de passer le relais, la magistrate avait veillé à ce que cette plainte, basée sur de simples affabulations, atterrisse au nouveau pôle "crimes contre l'humanité", où siège le juge David De Pas. Ce dernier, à son tour, avait entrepris plusieurs démarches pour donner à ce dossier vide de tout contenu juridique un caractère "universel". Sauf que, lui aussi, s’est vu retirer ce dossier au profit d’un autre magistrat, Marie-Pierre Coquel.

Selon nos sources, ce juge qui a rejoint le cabinet de la mairesse de Paris, Anne Hidalgo, est derrière le transfert de ce dossier à Nathalie Turquey. «Il a joint à sa lettre de désistement une note confidentielle dont l’ACAT et son conseiller juridique Patrick Baudouin ont obtenu copie et dont, évidemment, ils se sont bien gardés de faire état», indique notre source. Ce serait d’ailleurs cette note qui serait derrière la conclusion de la nouvelle magistrate, Nathalie Turquey, qui considère la plainte sans fondement réel et qui semble se diriger vers un classement pur et simple du dossier.

A la lumière de ces nouvelles révélations, on comprend mieux alors la rage de l’ACAT et de son avocat, maître Patrick Baudouin. A coup de communiqués ou de tribunes signées dans des journaux, l’ONG et son conseiller juridique ne cessent de s’insurger contre la récente décision d’amender le protocole de coopération judiciaire entre le Maroc et la France, le considérant comme une «prime à l’impunité» accordée au royaume. En réalité, il ne s’agit que d’une vaine tentative de berner l’opinion publique en donnant à une défaite juridique une interprétation politique…

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 07/03/2015 à 20h09