Pourparlers de Genève: comment la participation des élus du Sahara brouille les cartes du tandem Alger-Polisario

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L’annonce de la participation des présidents des Régions, d’un côté, Laâyoune-Sakia El Hamra, et de l’autre, Dakhla-Oued Eddahab, fait déjà grincer des dents le front Polisario, désormais obligé de s’asseoir à la même table avec les élus du Sahara marocain. Décryptage.

Le 27/11/2018 à 11h20

Le Polisario a reçu l’annonce de la participation des élus de la population du Sahara marocain aux pourparlers de Genève avec des grincements de dents. Le front séparatiste s’était toujours opposé farouchement à la participation des représentants des provinces sahariennes aux pourparlers sur le Sahara, pour la simple raison que l’association des élus du Sahara à toute discussion sur l’issue du conflit battrait en brèche la légendaire allégation selon laquelle le FP serait «le représentant exclusif» de la population saharienne.

«Le front Polisario avait exprimé son refus de s’asseoir à la même table avec quiconque a annoncé son soutien à l’occupation», observe, la mort dans l’âme, un support médiatique à la solde du front séparatiste, en réaction à l’annonce de la participation à la table ronde de Genève, les 5 et 6 décembre prochain, de Hamdi Ould Errachid, président de la Région de Laâyoune-Oued Eddahab, et Ynja El Khattat, président de la Région Dakhla-Oued Eddahab.

La participation des élus du Sahara marocain, confirmée par le parrain des pourparlers de Genève, l’ancien président allemand Horst Köhler, vient ainsi brouiller les cartes du Polisario, et de son mentor algérien, contrariés à l’idée qu’ils vont désormais devoir s’asseoir à la même table avec des représentants de la population du Sahara marocain, arrivés au pouvoir au nom de partis nationaux marocains, à l’issue d’élections transparentes et démocratiques.

Le taux de participation aux législatives d'octobre 2016 avait atteint 76% dans les provinces du Sud. La communauté internationale avait d'ailleurs salué "des élections libres et transparentes", lesquelles reflètent l’attachement des Sahraouis à leur marocanité.

C’est cet attachement indéfectible des Sahraouis à leur marocanité qui fait mal au front Polisario, dont les dirigeants, à leur tête le chef du front séparatiste, Brahim Ghali, sont désignés par Alger et n’ont jamais été réellement "élus" par la population séquestrée à Tindouf.

Il en ressort que les dirigeants du Polisario ne représentent qu’eux-mêmes et, du coup, ne possèdent aucune légitimité pour parler encore moins agir au nom des Sahraouis. Le verdict rendu par la Cour de justice de l'Union européenne, saisi par la partie adverse pour contester les accords de pêche et d'agriculture Maroc-UE, a d'ailleurs dénié au front Polisario toute "qualité d'agir" au nom des Sahraouis.

L'association des élus du Sahara marocain par l'ONU, parrain exclusif du processus politique pou trouver une solution politique réaliste et pragmatique au différend saharien, vient ainsi confirmer cet état de légitimité des Sahraouis unionistes ôtant ainsi au Polisario, soutenu par Alger, toute possibilité de manoeuvre au nom de la population saharienne.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 27/11/2018 à 11h20