Pourquoi la photo d’Amina Maelainine à Paris fait-elle peur au PJD?

Amina Maelainine.

Amina Maelainine. . DR

Revue de presseKiosque360. Les photos, toute voile dehors, prises par la députée Maelainine à Paris, continuent de faire couler beaucoup d’encre. Certains évoquent la liberté individuelle, d’autres le statut de personnalité publique et nombreux dénoncent le hijab à géométrie variable.

Le 06/01/2019 à 21h29

La photo de la députée Amina Maelainine (PJD) vêtue d’une tenue moderne et posant décontractée devant le Moulin Rouge à Paris, continue d’alimenter les débats.Au-delà de la polémique sur le port «facultatif» du hijab par une militante islamiste, le curseur de la controverse s’est déplacé d’un cran. Certains évoquent les libertés individuelles et tracent les limites entre la vie privée et la vie publique. D’autres mettent l’accent sur le statut de Maelainine en tant que personnalité publique qui perçoit différentes indemnités issues de l’argent des contribuables.

Dans ce contexte, le militant des droits de l’homme, Salah El Ouadie, a posté un message sur Facebook dans lequel il explique que le sujet de la photo en question ne rentre pas dans le domaine des libertés: «Le débat que suscite la photo de cette dame ne relève pas du domaine privé. Car la députée a fait du port du hijab un mode de vie qu’elle défend publiquement et avec une certaine véhémence, aussi bien sur le plan social que politique. Elle le défend non pas en tant que mode vestimentaire mais parce qu’elle estime que le hijab représente une valeur spirituelle, religieuse et politique».

A partir de ce raisonnement, la députée considère que toute femme qui ne porte pas le voile s’éloigne du cercle de la chasteté et du droit chemin pour se confronter avec la religion musulmane, précise le militant. C’est là le hic, ajoute El Ouadie, qui dégaine avec un argumentaire fluide: «Il est immoral (dans le sens idéologique et philosophique du terme) qu’un groupe politico-religieux présente au public l’image de la vertu sous forme de hijab ou de barbe. Du coup, ceux qui ne répondent pas à ces «critères» sont considérés par ce groupe comme marginaux, moralement et religieusement». Le pire, ajoute la même source, c’est que ce même groupe ou ceux qui le représentent sont les premiers à se débarrasser des restrictions qu'ils imposent aux autres quand ils se retrouvent dans un espace fermé ou étranger.

El Ouadie ajoute: «Cela ne m’intéresse pas que la dame Amina enlève ou mette le hijab parce qu’elle est la seule concernée. Ce qui m’intrigue, par contre, c’est la fonction qu’on a donné, depuis des décennies, au voile et son influence négative sur la société. Un bout de tissu qui a consacré la subordination des femmes alors que plusieurs générations ont souffert le martyr pour conquérir les libertés».

En ce qui concerne la question de l’empiètement de la vie publique sur la vie privée, El Ouadie affirme que quand des acteurs politiques jouent sous le couvert d’une idéologie, le public et le privé s’entremêlent et deviennent difficiles à séparer. Car, ajoute-t-il, les politiques commercialisent beaucoup plus les préceptes de la religion et les valeurs morales que des projets socioéconomiques.

Le groupe parlementaire du PJD s’est empressé de se solidariser avec la députée en dénonçant «une campagne suspecte et immorale que mènent certaines parties, dénuées de toute crédibilité, contre notre collègue». Les parlementaires du PJD affirment qu’ils soutiennent Maeilainine dans tout ce qu’elle entreprend comme actions judiciaires contre ses détracteurs qui diffusent des allégations fallacieuses concernant sa vie privée. Le groupe parlementaire indique que toutes ces campagnes de dénigrement n’affecteront nullement leur volonté de continuer à travailler pour le pays et qu’ils veilleront à ne pas perdre leur temps dans des luttes fictives.

Par Hassan Benadad
Le 06/01/2019 à 21h29