Procès de Gdeïm Izik: quand les médias algériens se découvrent une vocation de "justiciers"

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Le lancement ce lundi 26 décembre à Salé du procès civil contre les vingt-quatre détenus de Gdeïm Izik n'a pas laissé indifférents les médias algériens qui, sans même attendre l'issue de ce procès à peine entamé, se sont empressés de "délibérer" pour rendre leur "verdict"!

Le 26/12/2016 à 16h10

Les journaux algériens, en tout cas la majorité d'entre eux, n'ont pas raté l'occasion du procès qui s'est ouvert ce lundi 26 décembre devant l'annexe à Salé de la Cour d'appel de Rabat, pour distiller ce qu'il savent mieux faire: de l'intox antimarocaine. Seule différence, c'est qu'ils se sont trouvé cette fois une vocation de "justiciers", contraire à la noble mission d'informer que chaque journaliste qui se respecte doit nécessairement faire sienne.

Premier "verdict" rendu par ces valeureux "justiciers", avec à leur têtre la très officielle agence de presse algérienne (APS), c'est qu'ils ont trouvé aux vingt-quatre accusés sahraouis le curieux statut de "prisonniers politiques", alors que les intéressés sont poursuivis pour leur implication dans le meurtre (excusez du peu) de 11 éléments des forces de l'ordre intervenus, en novembre 2010, les mains dépourvues de toute arme, pour démanteler, à Gdeïm Izik, à une dizaine de kilomètres de Laâyoune, un campement que les nervis séparatistes, téléguidés à partir de Tindouf, voulaient transformer en "Tindouf bis"!

Parler de "détenus politiques" là où il est question de crimes perpétrés de sang froid et sauvagement à l'encontre d'agents dont l'objectif était simplement de ramener l'ordre, cela revient à falsifier les faits, encore que ces faits aient été filmés et montrés à la face du monde, ce qui constitue en soi une preuve irréfutable de l'implication des détenus dans ce carnage monstrueux.

Comble du cynisme, aucun mot de réconfort ni aucune pensée émue pour les familles inconsolables des victimes tragiques de cette boucherie. Ni pour la veuve, ni pour l'orphelin laissés par les martyrs du devoir tués dans des circonstances atroces, dont certains ont été égorgés au nom d'"Allah Akbar"!, de la même façon que le font les bouchers de Daech, sans compter cette cynique profanation des corps des victimes!

Cela n'est pas vu de cet oeil par les médias algériens, à l'instar d'"El Moujahid", porte-voix de gouvernement algérien, qui a consacré au procès un éditorial sous ce titre très significatif: "Bourreau et inquisiteur"!

Pas étonnant venant d'une presse habituée à cultiver l'amalgame, à brouiller les cartes, là où le devoir exige de dire la vérité. Pas étonnant non plus que cette presse, ou ce qui en tient lieu dans un pays où la liberté de parole et de pensée est pénalisée, voire, peut valoir à son auteur la prison et la mort, comme en témoigne cette mise à mort méthodique du journaliste Mohamed Tamalt, qui nous a quitté récemment suite à une grève de la faim de soixante jours observée en protestation contre son incarcération pour "offense au président" ! Sur cette question, nos confrères ont curieusement avalé leur langue se contentant de relayer la seule et unique version officielle, au mépris de la mémoire d'une victime qui fut pourtant leur confrère et qui a donné sa vie pour défendre sa liberté et la leur. Pathétique!

Par Ziad Alami
Le 26/12/2016 à 16h10