Procès Gdeim Izik: quand le collectif d’avocats français répond au 360 via l’APS

Procès Gdeim Izik.

Procès Gdeim Izik. . DR

Le collectif d’avocats français des accusés dans le procès de Gdeim Izik a publié un communiqué où il répond à un article de le360.ma. Ce communiqué, qui a d’abord été publié par l’agence officielle algérienne APS, confirme mot pour mot ce que nous avons dit tout en s’en défendant.

Le 13/03/2017 à 18h34

Il est stupéfiant, le collectif d’avocats français qui assure la défense des 23 accusés dans le procès de Gdeim Izik. En réaction à un article qui dévoile un plan ourdi à Alger, paru dans le360, le collectif d’avocats a publié un communiqué intitulé «Procès de Gdeim Izik: réponse au 360.ma». Nous les concernés par ce supposé droit de réponse, en avons pris connaissance via une longue dépêche diffusée par l’agence de presse algérienne APS et intitulée «Affaire Gdeim Izik: le nouveau procès se déroule dans des conditions «tout à fait inéquitables» (avocats)».

Avant de revenir à la diffusion du communiqué du collectif d’avocats par l'APS, intéressons-nous aux propos de ses auteurs: Me Joseph Breham, Me Ingrid Metton et Me Olfa Ouled. Ce trio d’avocats précise que «le nouveau procès de nos clients, débuté le 26 décembre 2016, se déroule dans des conditions tout à fait inéquitables, mais nous restons à leurs côtés». Nous avons dit dans l’article qui a provoqué la réaction des avocats des accusés que ces derniers comptaient se retirer du procès. Or, quelle différence substantielle existe-t-il entre le retrait des avocats d’un procès et le fait qu’ils le qualifient de «tout à fait inéquitable» avant même que le verdict ne soit prononcé ? Le fait que non seulement les avocats disqualifient d’une façon aussi péremptoire un procès et proclament cette disqualification dans une agence officielle est en soi un retrait symbolique. Donc, aucune différence essentielle entre ce qui a été écrit par le360 et ce que disent les trois avocats des accusés.

Me Joseph Breham, Me Ingrid Metton et Me Olfa Ouled en appellent ensuite à «la présomption d’innocence» de leurs clients qui «est chaque jour bafouée». Il ne viendrait à l’idée de personne de récuser le principe de présomption d’innocence et même si les faits reprochés aux 23 accusés sont très graves, il faut effectivement attendre leur condamnation par le tribunal pour conclure à leur culpabilité. Mais de même que la présomption d’innocence est requise, la possibilité de la culpabilité l’est autant. Or, non seulement ce collectif d’avocats droit-de-l'hommiste n’envisage pas cette possibilité, mais il jette l’anathème sur un système judiciaire entier parce que ce système ne l’écarte pas. Les trois avocats plaident avec un parti pris qui fait corps avec les thèses véhiculées par Alger et le Polisario qui tendent à transformer un dossier pénal en affaire politique.

Un avocat a le devoir de défendre son client, fût-il un monstre. Mais est-ce une raison pour n’avoir aucun mot, aucune empathie pour les onze éléments des forces de l’ordre, froidement assassinés, mutilés et dont les dépouilles ont été profanées de façon innommable? Faut-il rappeler que ces éléments des forces de l’ordre ne portaient pas d’armes? Essayons de transposer un seul instant la position du trio d’avocats à celle des deux avocats qui s’étaient dévoués pour défendre Salah Abdeslam, impliqué dans les actes terroristes du 13 novembre 2015 à Paris. On ose à peine imaginer le tollé général qu’auraient provoqué les deux avocats de Salah Abdeslam s’ils n’avaient pas fait preuve de compassion envers les victimes.

Le trio d’avocats parle aussi des parents des accusés «interdits d’entrée dans la salle d’audience, ils se font malmener, voire tabasser devant le tribunal». Or, tous les journalistes (de plusieurs nationalités) voient des séparatistes devant l’entrée du tribunal lancer des slogans hostiles au Maroc et louer «la bravoure» des accusés qu’ils qualifient de «héros». Ces séparatistes filment tout et diffusent des live du procès. Peut-on imaginer un seul instant une personne soit tabassée sans que la vidéo de son passage à tabac envahisse les sites algéropolisariens ? Un peu de sérieux, messieurs les avocats, et apportez la preuve de vos accusations.

Et enfin, le trio d’avocats en arrive au point nodal du communiqué: «Aujourd’hui le360.ma, la voix des autorités marocaines, annonce que nous allons nous retirer de la défense. Si, pour défendre nos clients, nous avons accepté les injures et les insultes, quel affront insupportable les autorités ont-elles prévu de nous infliger pour qu’elles anticipent ainsi notre départ?»

Nous savons tous que c’est une grande facilité de dire d’un journal bien informé qu’il est proche des autorités. Quoi de plus aisé que de nous qualifier de «voix des autorités marocaines» pour établir un cheminement supposé logique et accabler les autorités marocaines dans une fuite en avant qui mêle de façon invraisemblable complot, mise en garde et victimisation. Le trio d’avocats laisse penser que les autorités marocaines seraient en train de lui préparer un mauvais parti ! Une autre insulte de leur part à la voie de démocratisation dans laquelle s’est inscrit le Maroc et à ses institutions.

En dépit de leur défense, le trio d’avocats confirme tous les ingrédients du plan dévoilé par le360. Hier dans la nuit, le patron du Polisario, Brahim Ghali, a envoyé une correspondance au SG de l’ONU, Antonio Guterres, «pour lui demander d’intervenir en urgence pour la libération immédiate et inconditionnelle des détenus sahraouis de Gdeim Izik», selon les termes de l’agence officielle algérienne, APS, qui a consacré une dépêche d’au moins trois feuillets au message du chef du Polisario au SG de l’ONU. Ce lundi, à 11h59 (heure d’Alger, soit 10h59 heure de Rabat), la même APS consacre trois feuillets au communiqué du trio d’avocats des accusés de Gdeim Izik. Ce communiqué, rédigé à Rabat, est d’abord porté à la connaissance du public via Alger. Même les associations promptes à relayer les informations qui défendent les accusés de Gdeim Izik, comme l’ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), n’ont pas fait preuve de la même célérité qu’Alger. ACAT en a rendu compte à 13h24.

Il faut un zèle extrême pour que l’APS rende compte de ce communiqué avec cette rapidité. Sans vouloir manquer de respect à Me Joseph Breham, Me Ingrid Metton et Me Olfa Ouled, la tentation est bien forte de penser qu’ils sont la voix des autorités algériennes et que dans leur précipitation, ils étayent les informations rapportées par le360. Qualifier un procès en cours d’inéquitable, c’est déjà chercher à décrédibiliser la justice marocaine et à écarter toute possibilité de plaidoirie. En clair, c'est se disqualifier et se retirer symboliquement du procès avec le soutien logistique et médiatique d’Alger et du Polisario. En somme, c'est exactement ce qu’a écrit mot pour mot le360.

Par Ziad Alami
Le 13/03/2017 à 18h34