Quand l’Algérie tente de faire du business en Afrique avec son «Tchernobyl agroalimentaire»

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Revue de presseLes douanes libyennes ont procédé la semaine dernière à la destruction, au niveau de la frontière avec la Tunisie, d’une importante cargaison de boissons importées d’Algérie. Cet énième revers plombant l’exportation de leurs produits agro-alimentaires, les Algériens le mettent sur le dos du Maroc.

Le 21/02/2019 à 11h17

Avec la baisse drastique des revenus du pétrole et en prévision du tarissement inéluctable de ce produit phare de ses exportations (95%), l’Algérie mise entre autres sur l’agriculture pour se diversifier. Mais cette décision, tendant à exorciser la «malédiction du pétrole», a été précipitamment prise dans la foulée de la panique engendrée par la dégringolade vertigineuse du prix du baril de pétrole, qui est passé de 110 dollars en juillet 2014 à 35 en février 2016. Elle intervient aussi au moment où le Fonds de régulation des recettes (FRR), un bas de laine où l’Algérie avait engrangé en 2014 quelque 193 milliards de dollars, a commencé à fondre comme neige au soleil.

En recourant au productivisme quantitatif effréné, hérité de l’ère soviétique, l’Algérie a volontairement dopé son agriculture et son industrie agro-alimentaire avec des produits phytosanitaires dont elle ne maîtrise pas l’utilisation. Résultat des courses: la majorité des produits agricoles exportés, en l’état ou industrialisés, a été soit refoulée, soit détruite, voire incinérée par les autorités des pays de destination à cause de leur haute teneur en pesticides, surtout pour la pomme de terre, mais aussi les dattes, les légumes, les boissons (jus et nectar), les pâtes…

Depuis 2016 et jusqu’à ce mois de février 2019, de nombreux pays comme la France, le Canada, la Russie, le Qatar, la Tunisie, la Libye… ont régulièrement refusé l’entrée sur leur marché de produits agricoles algériens pour cause de non-conformité aux normes de sécurité sanitaire. 

Pas plus loin que la semaine dernière, Ras Jdir, le poste frontalier entre la Tunisie et la Libye, a été le théâtre de la destruction sur place d’une importante cargaison de produits agroalimentaires (jus et nectar surtout) en provenance de l’Algérie et destinée au marché libyen.

Rapportant cette information dans son édition du 16 février courant, la presse locale a d’abord reconnu que les Libyens ont détruit la cargaison de boissons car «le jus» en question «était impropre à la consommation et ne pouvait, de ce fait, être admis sur le territoire libyen.»

Selon les explications fournies par la société exportatrice des produits incriminés, l’entreprise NCA-Roubia reconnaît, via un communiqué, que la «non-conformité concerne un lot de cinq mille (5.000) caisses sur un lot de produits de cent quarante mille (140.000) caisses». Un aveu qui donne froid au dos quand on sait que NCA-Rouiba se définit elle-même comme le «fleuron de l’industrie agro-alimentaire en Algérie», et se vante d’avoir glané de nombreuses certifications ISO machin, et autres prix dits «d’excellence» délivrés par des officines locales. Et tout ça pour écouler hors d’Algérie des produits alimentaires impropres à la consommation, en contrepartie d’une poignée de devises !

Pourtant ces «mea culpa» n’ont pas empêché les médias propagandistes de revenir à la charge ce 20 février pour imputer au Maroc la responsabilité du fiasco que connaissent les produits algériens. Selon un site, qui excelle dans l’art de transformer une déconfiture en victoire, «L’offensive des industriels algériens à l’international fait peur à certains.» Plus direct, il ajoute : «La foire des produits algériens qui s’était tenue à Nouakchott avait fait grincer des dents au Maroc, qui se voit ainsi concurrencé dans ce qu’il considère comme sa chasse gardée, à savoir l’Afrique de l’Ouest où l’Algérie compte s’imposer en tant que première puissance économique du continent. Elle en a les moyens et les autorités marocaines le savent.»

Une logorrhée qui s’explique aisément, car se voyant claquer au nez les portes des marchés européen, nord-américain et asiatique, l’Algérie s’est rabattue sur le marché ouest-africain, où elle sait qu’il lui sera difficile d’y concurrencer la forte implantation du Maroc. Au lieu de pointer du doigt le Maroc, les autorités algériennes devraient inciter les agriculteurs et producteurs locaux à respecter les normes et ne pas se transformer en problème de santé publique. Car, face à la coopération Sud-Sud et gagnant-gagnant mise en œuvre par le royaume, l’Algérie ne propose rien d’autre que d’exporter son «agro-Tchernobyl» en Afrique en l’inondant de psychotropes et autres produits alimentaires impropres à la consommation.

Nouakchott et Dakar, qui accueilleront successivement les 25 et 27 février courant deux cargaisons de quelque 300 tonnes de ces produits nocifs, sont avertis.

Par Mohammed Ould Boah
Le 21/02/2019 à 11h17